Méduse / Acaleph / Ortie de mer / Qualle / Jellyfish / מדוזה / "قنديل البحر / Medusa / Медуза / Poumon de mer / Água-viva / クラゲ /  水母



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Avertissement: Quelques images peuvent choquer un public jeune ou moins jeune.




Nos origines méduses.
Ces animaux à corps mou, que Rondelet qualifiait d’  « ortie de mer » questionnent à plusieurs titres.
Scientifique, tout d’abord, car cette branche des cnidaires comptant plusieurs milliers d’espèces est primordiale dans l’évolution des espèces. Elle permet de mieux comprendre l’homme, notamment l’histoire biologique de son cerveau et de ses organes sensoriels.
En effet, c’est sur une très ancienne méduse que sont apparus les premiers organes des sens : les ocelles. Ces ocelles (apparues il y a 600 millions d’années) s’avèrent être l’ancêtre de notre œil actuel et de celui de toute  autre espèce terrestre comme marine. « Certaines cellules tégumentaires devinrent photosensibles » : cet organe est lié au médium photographique. 
Associé aux ocelles, un organe de l’équilibre, le statocyste, permet un repère spatial. Il a d’ailleurs été étudié par la NASA.  Il est l’ancêtre de notre oreille interne. Le tout est accompagné d’une fossette olfactive qui correspond à l’odorat primitif.
C’est sans doutes la première espèce vivante à « sentir » le monde, à être sensible. Parler de conscience n’est pas si incroyable…Car, si cette forme primaire de vie a développé des rhopalies (ocelles associées aux statocystes et aux fossettes olfactives) au fil de l’évolution biologique, ces organes lui transmettent des informations sur le monde extérieur. Qu’il faut analyser…C’est ainsi que sont apparues les premières connexions nerveuses capables de comprendre une information extérieure : les premiers neurones.
Ce sont aussi ces animaux pluricellulaires qui ont développé la reproduction sexuée. Avant eux, la reproduction s’effectuait par clonage, une reproduction d’individus à l’identique, une évolution extrêmement lente. Grâce à cette avancée biologique essentielle, un brassage génétique s’effectue et permet une évolution rapide. La biodiversité actuelle doit tout aux méduses.
Enfin la relation qu’entretiennent, comme les qualifie Péron, ces « eaux  coagulées » (corps à 98% d’eau) avec la lumière constitue un vivier de questionnements théoriques et d’expériences plastiques.
L’eau absorbe les rayons de lumière en fonction de leur longueur d’onde. Chaque pallier sous-marin possède sa teinte. Ainsi, le rouge est absorbé dès les premiers mètres. Le bleu atteint jusqu’à 150 mètres dans les eaux transparentes. Au-delà, l’obscurité règne. Les méduses ont élaboré leurs couleurs en fonction de ces propriétés afin de rester discrètes. C’est ainsi que les méduses de surface sont plutôt bleues quand leurs voisines des profondeurs sont rouges ou brunes. Mais le plus intéressant vient de la faculté de certaines méduses à émettre leur propre lumière : la bioluminescence. Comme certains coraux, anémones, mollusques, vers et quelques poissons, des méduses, grâce à la réaction chimique de protéines  avec l’oxygène ou d’ions calcium, produisent de la lumière. 
Symbole de l’inconscient humain, la méduse des Grecs a été récupérée par la psychanalyse pour décrire le mal de vivre, essentiellement la mélancolie.
Le majestueux ballet de leurs mouvements, la beauté hypnotique de leur transparence, de leur composition, de leur symétrie radiaire et de leur bioluminescence en fait un sujet d’études plastiques inépuisable.
La figure mythologique est très présente dans l’histoire de la peinture. Symbole de la sexualité autant que de l’effroi de la vision, de l’insaisissable, de la fascination du mystère, elle est aussi lieu de polarisation, de jonction des contraires.
Beautés mortelles, effroyables beautés, venimeuses, elles sont le lieu de contradictions, de surprenantes fusions de notions incompatibles. 

"Tout tableau est une tête de Méduse. On peut vaincre la terreur par l’image de la terreur. Tout peintre est Persée ." Caravage







900 espèces réparties sur 300 genres (hydrozoaires et Scyphozoaire compris) 


HYPOTHESES
Ces hypothèses ne se veulent pas scientifiques mais permettent d’établir des images analogiques entre les choses, Méduse étant emblématique des changements d’états de la matière. Hasards ou non, ces analogies visuelles ou conceptuelles, nombreuses, détiennent une  part de vérité et en deviennent troublantes.
L’objectif est de partir de la mythologie de la méduse et de l’analyser, non pas comme une histoire orale ou une littérature mais comme une science globale des grecs anciens, liant étude de l’inconscient, biologie, physique, chimie, médecine, art….
Elle est venimeuse, ressemble à un œil, symbolise le mystère des origines et de l’informe, a des tentacules, mange des hippocampes et la beauté de sa bioluminescence peut être un redoutable paralysant. L’animal est-il à l’origine du mythe et non l’inverse ? Et les mythes anciens n’étaient-ils simplement qu’une transmission orale d’un important savoir, d’une connaissance du monde vivant et de ses empreintes sur notre psychisme et nos fonctionnements sociaux?
Les grecs anciens étaient, nous le savons, de grands observateurs de la nature, de ses propriétés et de ses fonctionnements.
Pégase, par exemple, fils de méduse naît de son sang et s’envole de son coup tranché. Est-ce une des premières expérience de césarienne ? Est-ce la méthode pour sauver les jumeaux Pégase et Chrysaor d’une mère morte en couche ?
Plus troublant, certaines méduses méditerranéennes sont friandes d’hippocampes, chevaux ailés des mers et leur bouche se situe au niveau du cou.

Croiser son regard pétrifie. Or, une méduse, notamment pelagia (très fréquente en méditerranée) ou aurelia, échouées sur une plage ressemblent à l’iris de l’œil. Le contact d’un grec ancien avec cet « œil » aurait-il provoqué un choc anaphylactique entraînant paralysie ? 

De cette rencontre avec la chevelure piquante, le venin mortel de ces serpents n’est-il pas né le mythe ? Mais Méduse n’est choisi qu’au XVIII ème siècle pour nommer ces animaux à corps mou. Serait-ce alors que la classe scientifique des lumières n’aurait pas attribué le nom mythologique à l’espèce zoologique mais qu’elle aurait simplement redécouvert ce lien savant.
D’autant que Méduse est la fille des abysses et des monstres aquatiques. Elle est également amante de la mer, « eau coagulée ».






Le mythe réunit les contraires. Les concepts opposés fusionnent. Les dieux et héros qui gravitent autour de Méduse contiennent en eux la jonction de pôles. Les trois gorgones, tout d’abord, sont le mortel et l’immortel. 
Athéna recueille deux fioles du sang de Méduse qu’elle offre au dieu de la médecine : une goutte de l’une tue, une goutte de l’autre ramène la vie. La recherche médicale moderne utilise des méduses. Le groupe des méduse possède de nombreuses toxines. Ces toxines, parfois mortelles sont ainsi exploitées pour soigner. 
Les trois grées sont de jeunes filles aux visages de vieilles.
Méduse naît de Kéto. Le sublime naît du monstrueux. Effroyable beauté.
La mésoglée des méduses a le même taux salin que l’eau des océans, tout comme le sang des mammifères qui y puisent leurs origines. Les mammifères et les oiseaux ont la méduse comme ancêtre commun. Méduse, grâce à l’apparition d’une reproduction asexuée, est à l’origine de l’évolution rapide des espèces. Dans le mythe, ce qui renforce cette notion de métamorphose de la matière, Persée s’envole avec la tête de la gorgone. Son sang, sur le sable du désert, devient serpents venimeux, sur le tapis d’algues, aux pieds d’Andromède, se transforme en corail rouge.
Le bouclier d’Athéna est un miroir. Le métal poli renvoie une image. Il est une projection. Grâce à cet outil, Persée peut voir ce qui est impossible à voir. Le bouclier révèle l’invisible, l’immatériel, l’inconnu. Il permet de réfléchir le mystère. Il est le support de la peinture et de la photographie.


Méduse est la matière, l’insaisissable qui prend forme, pour exister physiquement, pour la matérialiser, son masque. Derrière l’inquiétant masque, l’inconnu, l’invisible.
Il est différent du masque d’Hadès qui couvre la tête et le visage. Le masque d’Hadès emprisonne, il ferme les sens. Hadès est le dieu des morts. Son masque est un repli intérieur, un regard clos. Une dépression. Cerbère, son chien, veille à ce qu’aucun mort ne revienne chez les vivants.
Le masque de méduse est la matérialisation de l’impalpable. C’est un masque qui empêche de voir derrière le masque. Elle veille à ce qu’aucun mortel ne pénètre le néant, l’immatériel.
Elle est la gardienne du mystère. Elle présente le visage de l’horreur et de l’effroi qui dissuade de pénétrer le mystère de la matière. L’œil du mystère pétrifie et ne laisse aucune chance de réponse.
Gorgô est la métaphysique.

La représentation de méduse dans la Grèce ancienne est le visage de l’horreur. Il marque l’effroi des grecs anciens pour l’inconnu et l’incertain.



Méduse, dans les époques plus tardives a un visage sublime. Si sublime qu’il pétrifie. Il est la mélancolie face à la beauté, la tentation du néant. Cette représentation de la beauté mortelle se rapproche de la vision romantique de l’état mélancolique face à la bouleversante beauté des éléments, de la nature. C’est le mal de vivre du poète romantique face à la mer, happé par le silence.

Méduse est la matière, l’insaisissable qui prend forme, « eau coagulée ». Elle est proton.
Pégase est l’énergie, énergie électrique, énergie lumineuse. Il est photonique. Porteur de la foudre et du tonnerre, il est onde.

Du cou tranché de méduse s’envole pégase. Au seuil thermodynamique de la matière, protons, antiprotons, électrons,…redeviennent photons. Méduse est séparation des contraires, Pégase réunion. Des photons sont nés la matière et l’antimatière, un photon, étant lui même sont antiphoton. Méduse est la recombinaison atomique, la relativité.


La bioluminescence de la méduse est une libération d’énergie lumineuse due à la rencontre de protéines (green fluorescent protein) et d’ions calcium. Transformation de la matière en radiation.
Rapprochons la de la bombe atomique, ombrellaire. Métamorphose de la matière, libération d’énergie.


Méduse est le mystère de la matière, des origines. Regarder son œil, est-ce voir au delà du mur de Planck ? Au delà de l’horizon physique visible?

Méduse comme séparation. Les méduses font partie des premiers organismes pluricellulaires. Séparation d’une cellule en deux cellules. Apparition de la reproduction sexuée. Séparation et réunion de deux bagages génétiques.
Méduse et Pégase sont des allégories du masculin et du féminin. 

Pégase est la présence inquiétante d’une puissance des enfers, il est le tonnerre et beauté hypnotique de la foudre, il est la beauté mortelle masculine.
Symbole de la puissance du désir masculin, les chevaux se cabrent et bandent leurs muscles. Terrorisés, les chevaux deviennent frénétiques, incontrôlables et sauvages, frissonnent, bavent, transpirent, écument. Au vacarme de leurs sabots, le tonnerre, à leur hennissement.
Pégase est la libération d’une tension nerveuse, d’une tension électrique. Il est la sexualité masculine. Il est la matérialisation des songes, des fantasmes. L‘éclair venant du ciel absorbé par le ventre de la terre.


Méduse, elle, est une sexualité allant de la terre au ciel. Elle est évaporation, évanouissement. Du plaisir physique naît le songe, l’abandon, l’inconscient, la mort. Sensualité extatique, abandon de soi et du corps. Sa nage est due aux contractions et aux dilatations.

Elle est également son contraire. La piqûre de méduse est une douleur éclair, foudroyante. La mésoglée est d’une consistance spermatique. Elle est un prédateur carnivore. 
Et l’eau et l’électricité vont de pair. Elément conducteur, l’eau canalise des décharges.
Malgré ses pulsions imprévisibles, le cheval est rassurant. Il est dévoué, amical et tendre.
Forces incontrôlable domptées, apprivoisées.
Ce cheval ailé est l’idéal masculin, fantasme érotique féminin. Fougueux prince charmant.
Et sexe imposant.

Il est la puissance de l’innocence, la grâce de la nature sauvage.
Autre équidé mythologique, la licorne. Image subliminale et orgasmique.
Les filles amoureuses des chevaux.  Découverte initiatique ?
Mouvement onaniste des hanches à la cadence du galop. Expression inconsciente d’un tabou.
Construction de la sexualité et du désir.

Un coup de foudre.



Pégase est également lumière et mouvement. Il est le cinéma, le mouvement cinétique. Le flux et le reflux des vagues.





Le cheval blanc, White horse, est le mouvement hypnotique des 24 images par seconde.



White horse c’est également les opiacés, l’hallucination des acides et la nervosité fougueuse de la cocaïne. C’est la visualisation des fantasmes. L’illusion au grand galop, l’abandon.
Le tout associé au rock, aux sons électrifiés, psychédéliques des années 70.
Le terme « rock », associé aux méduses, me paraît intéressant. C’est une musique de médusation, qui produit des distorsions et des rythmes répétitifs où l’effet d’hypnose, de transe est recherché. Toutefois, c’est une expérience d’hypnose individuelle, tout en étant au sein d’un groupe. Le rock et hard-rock des 70’s ne se danse pas en couple. Marqué par les figures sombres et solitaires qui flirtent avec la mort, cette époque culturelle entretient un lien étroit avec le cinéma et l’oubli de soi.

Et puis le cheval mécanique, le cheval de fer, au rythme binaire et continu des voyageurs.
Le cheval carrosserie aussi, les cadillacs et autres ford mustang dont le pare-brise n’est pas sans rappeler l’écran de cinéma. La traversée du no man’s land des déserts américains, la route 66, dont la monotonie berce, ou l’attention se dissipe, la tension retombe, les nerfs se relâchent. Voyage dans l’irréel de l’érosion. Canyons et lignes droites.
Sortir de l’évidence et des sentiers battus. Etre maître de son plaisir et de sa liberté.




De la symétrie radiaire à la symétrie axiale.









Naissance de la polarisation.
Athéna est la déesse du courage et des ambitions. Elle surmonte ses peurs métaphysiques et les superstitions. Elle affronte ses angoisses face à l’effroyable étrangeté du monde.
Elle porte sur ses épaules la peau-masque de Gorgô. Elle a vaincu l’ignorance. Athéna a les sciences et les connaissances comme attributs. Elle a assimilé les puissances supérieures.




DOUBLE NATURE
Kéto enfanta les gorgones qui habitent au-delà de l’illustre océan, à la frontière de la nuit, au pieds des Hespérides sonores, Sthenno, Euryale, Méduse, à l’atroce destin. Méduse était mortelle, alors que les deux sœurs ne devaient connaître ni la mort ni la vieillesse.
Elle seule, en revanche, vit s’étendre près d’elle le dieu aux crins d’azur, dans la tendre prairie, au milieu des fleurs printanières.
Et quand Persé lui eut tranché la tête, le grand Chrysaor surgit, avec le cheval Pégase. Tous deux reçurent ces noms, l’un parce qu’il était né au bord des flots d’Océan, l’autre parce que en ses mains, il tenait une épée d’or…
Les gorgones habitent au-delà de l’illustre océan, elle dépassent le cadre du réel, de la matière, de l’espace aussi vaste soit-il. Elles sont au delà de la physique. Elle sont l’inconnu.
Elles habitent également hors du temps, à la frontière de la nuit et aux pieds des Hespérides, nymphes gardiennes du jardin des dieux, dont les arbres produisent des pommes d’or qui donnent l’immortalité.
Cependant, Méduse a un pied dans chaque monde. Son ambivalence et sa mortalité lui font connaître la beauté de l’éphémère et de cette union avec le dieu aux crins d’azur naîtra le cheval aîlé et l’immensité.
La Méduse, à l’origine, incarne l’horreur. Selon ses premières évocations, qu’on trouvera dans les textes dès le début du VIIIe, et dans la plastique dans la seconde moitié du VIIe siècle, sa vision est insupportable à l’œil humain. Son faciès, presque toujours en vue frontale, révèle des traits qui sont à l’origine masculins : la barbe, les sourcils, les verrues. Pourtant, elle se transforme, elle s’adoucit, elle se féminise et, au milieu du Ve siècle, elle devient une adorable et séduisante personne. Ces deux aspects, comme une illusion d’optique à double lecture, va perdurer à travers les siècles qui vont suivre, trahissant sa double nature. Ainsi en est-il des pouvoirs que la légende des dieux lui attribue : mortifère, elle est tout aussi bien bénéfique. Elle participe, comme les anges, de deux ordres, de deux sexes et de deux mondes : thanaturge et thaumaturge, d’outre-monde et de celui-ci. Elle unit en elle ce que le conte de fée dissocie : elle est la belle comme elle est la bête.
Emblème des puissances de la vue, elle pourrait être, dans une autre religion que la nôtre, la sainte patronne des artistes. Car l’artiste, le peintre, le sculpteur, est celui qui, comme Méduse, a le pouvoir singulier de jeter son regard sur le monde, d’en immobiliser les aspects et d’en détacher un fragment.
La visibilité du monde est une énigme.
« Celui qui a de la beauté est prestigieux : même le dieu des morts en a peur » dit un proverbe berbère. La manifestation du beau, l’irradiation de la visibilité du monde serait la parade à la puissance de la mort et à la terreur de la nuit.
Le poil est devenu l’indice des deux destins auxquels l’espèce est soumise : le dimorphisme sexuel et la mort.
Manubrium. Invagination=Pénis. Organes génitaux internes et externes.


Cette parfaite réversibilité des organes sexuels renvoie à la circularité de l’œil et du regard et à la réciprocité du voir et de l’être-vu, thème central de la dramaturgie méduséenne.
Il existe une correspondante étroite entre les dents et l’œil. 
Se faire « dévitaliser » une dent, c’est perdre l’énergie vitale qui coule en vous et demeurer pétrifié, réduit à un morceau de pierre inerte.
La mastication comme sommet de connaissance et comme mysticisme. Concasser, fragmenter le monde pour l’ingérer, le faire passer dans sa propre biologie pour l’assimiler. Dans la liturgie, manger le corps de dieu.
Adam et Eve, dans le jardin d’Eden, n’ont pas conscience d’être nus et ne savent pas ce qui les distingue. Lorsque, soumis à un démon en forme de serpent, ils souhaitent posséder cette connaissance, le fait est, dit la bible, et l’affirmation est inattendue, que « leurs yeux s’ouvrirent ». Faut-il en conclure que nos premiers parents, qui jouissaient des délices du jardin d’Eden, étaient privés de sens ?
La sensualité comme outil de connaissance, de conscience.
L’œil, le plus intellectuel des cinq sens, symbole quasi universel de la connaissance, emblème du processus mental de l’élucidation, est alors cet indice anatomique qui, dans le corps humain, scelle le destin biologique de l’individu ; il rappelle à la vérité du corps comme sexe, corps séparé d’une unité première.
Les savants estiment que 90% de toutes les informations « stockées » dans le cerveau humain parviennent jusqu’à lui par les organes visuels.
L’œil, ce qui nous permet de tenir le monde à distance, de nous distinguer de lui, est aussi ce qui, dans le corps, nous rappelle à notre destinée d’être détaché d’un tout originel.
Regarder, c’est donc vouloir combler ce manque, porter son regard vers cela que nous ne sommes plus. Cette visufération, à désigner par ce néologisme ce que les psychanalystes appellent parfois la « pulsion scopique », pareille à la vocifération du forcené, pareille à l’horripilation du poil dans un état d’effroi, est, comme tout acte extrême, passible de la mort : celui qui porte son regard sur cela qu’il lui est interdit de voir, car c’est cela qui n’est pas lui, court, en découvrant la vision de ce tout autre que lui, le risque de l’aveuglement.

Lumière et forme parviennent à certaines méduses. Simples taches pigmentaires sensibles à la lumière, leurs yeux rudimentaires sont disposés à la base des tentacules ou sur le pourtour de l’ombrelle des méduses. Cet œil primitif est l’un des organes sensoriels de la méduse. Mais il en existe d’autres. 

Tout d’abord l’organe d’équilibre. Lors des mouvements de la méduse, un grain de calcaire microscopique se déplace en pesant sur des cils reliés à des neurones, qui signalent ainsi les changements d’orientation de l’animal.
Puis l’odorat. Chez certaines méduses évoluées, il existe des fossettes olfactives qui correspondent à un sens de l’odorat primitif.
Ces organes de vue, d’équilibre et d’odorat sont situés sur le pourtour de l’ombrelle, ébauche de la face sensorielle des animaux. Ils transmettent leurs informations vers un centre nerveux sensoriel : première tentative dans l’évolution des espèces de centraliser l’information.




L’un des moyens de donner corps à la peur, de l’objectiver et par conséquent de la rendre supportable, c’est de lui donner une figure. Détacher son regard de soi en le modelant sous forme de simulacres, conjurer la peur de l’eidôlon, du spectre revenu du monde des morts, en fabriquant l’eikôn qui en figure l’effroi, c’est la possibilité d’en supporter la vue.
Regard tourné vers l’invisible. 
Méduse, effigie monstrueuse et inenvisageable, campe aux portes de l’Hadès : elle est la gardienne entre les deux mondes, celui des vivants et celui des morts, celui des choses qui se voient et celui de ce qui ne peut se voir, celui de l’ordre et de la raison et celui de la folie et du chaos. Parce qu’elle participe des deux royaumes, sa nature, tout au long de son règne, sera double elle aussi, invinciblement ambiguë.
Méduse apparaît plus volontiers en ces époques où, dans l’histoire des sociétés, dans le cours des mentalités, se déroulent ces moments durant lesquelles s’éprouvent un trouble, un désarroi, une incertitude face aux connaissances acquises.
En tant que divinité incarnant les puissances du désordre et du radicalement autre que l’homme, elle renvoie à ces périodes de flottement entre culture et sauvagerie, entre vie et mort, entre l’état in-fans de l’inarticulé et du cri et l’état adulte du logos, qui sont aussi des périodes de passage.
Hypnos
On pense au mystère des origines de chaque être.
Il ne s’agit plus alors d’anthropomorphiser la nature, il s’agit d’affronter la naturalisation de l’homme qui regarde la nature et qui l’ordonne, c’est la nature, en tant que radicalement autre que l’homme, qui le regarde et qui le pétrifie, qui le transforme en feuillage, en rinceaux, en fleurs, en galets, en rochers, qui en fait la proie d’une minéralisation et d’une végétalisation.
La joie des sens, le plaisir des sens, le monde des sens, c’est dans le vocabulaire kantien la référence à la félicité sensorielle, à la sphère des données immédiates de la conscience. Mais, de ce monde des cinq sens, on glisse insensiblement au monde de la connaissance.
Cinéma photographie optique focalisation
Le mot même de Sinnbild, est en soi « symbole » qui réunit le Sinn du « sens » ou de la sensation, tourné vers l’intellection, et le Bild de l’image, qui renvoie à la visibilité. L’éducation est cette Bild-ung, cette formation ou cet apprentissage d’un « sens », qui passe par l’impression, Bildung, au sens quasiment mécanique du terme, des images dans la tête, à travers les yeux.
Réfléchir, tout comme son équivalent dans le champ du visuel, re-garder, c’est opérer une torsion, un fléchissement de la pensée, manifester une hésitation, un arrêt, revenir en arrière, se retourner sur soi-même pour penser quelque chose qui n’avait pas encore été pensé. 
Ce mouvement, qui enveloppe « l’arrière-pensée », est bien celui qui pointe vers l’inconscient.
« Se raviser », revenir sur ce que l’on pensait être la pensée droite ou directe, introduit la notion de « viser », qui contient l’idée du voir et du visage : le regard, comme un acte éventuellement offensif et donc mortifère. Se raviser, c’est donc retourner son regard en arrière pour modifier son jugement. Mais c’est aussi fixer son regard sur, pointer quelque chose qui, en vous croisant, a arrêté, a fixé votre pensée. Se raviser, c’est, par le retour de la pensée sur elle-même, affronter un vis-à-vis qui vous vise et qui, vous visant, a arrêté le cours normal des pensées et l’a, en quelque sorte, pétrifié.
Les mythes, les légendes, les fables, les religions nous rappellent que le fait de se retourner en arrière entraîne toujours une sanction, ou du moins, par le fait même que l’on est inattentif à ce qui pourrait se présenter devant soi, fait courir un péril. Cham qui se retourne pour regarder, en arrière, la nudité de son père, Noé, est cloué au pilori de l’histoire. La femme de Lot qui se retourne pour voir brûler Sodome est changée en statue de sel. Orphée qui descend dans le royaume des ombres pour sauver Eurydice la voit disparaître au moment où il se retourne pour vérifier qu’elle le suivait. Celui qui regarde en arrière n’y découvre pas ce qu’il désire ou ce qu’il cherche : il s’y laisse surprendre par ce qui l’attendait depuis toujours, et cette surprise est de l’ordre de l’épouvante. C’est la tête de Gorgô.
ATHENA
Les poèmes homériques la qualifie de déesse glaukopis, ce que la tradition a traduit par « déesse aux yeux pers ». Il serait plus juste de traduire par « déesse aux yeux de chouette ». Non seulement parce que la chouette est l’emblème de la déesse, qui figurera par le suite l’intelligence de la ville d’Athènes, mais aussi parce que la déesse a le pouvoir de voir et d’être vue dans la nuit. Si le regard d’Athéna est « glauque », c’est d’un glaucome affecté d’une positivité, qui lui ouvre un sens second, supérieur à la vision humaine. Le bleu clair était absent du vocabulaire des grecs anciens : il distingue soit le bleu céruléen, qui tire vers le vert sombre, soit le bleu vineux de la mer orageuse. Le bleu est dans ce registre toujours un bleu « profond », qui ouvre aux effrois de la mort. Athéna, déesse de la raison, ne saurait donc avoir un regard qui serait teinté d’un bleu « pers », c’est-à-dire « persique », oriental et confus.  Athéna incarne deux choses, et elle se présente sous deux aspects. Elle est l’intelligence, la raison, la philosophie. Elle est aussi la déesse guerrière. Elle va au combat.


De la vulve, saillit le gland gonflé d’un sexe masculin, comme s’il était la vulve développée « à l’envers », un doigt de gant retourné.
La vision de Méduse est, pourrait-on dire, urticante, comme du contact de l’animal homonyme : elle brûle instantanément le regard de celui qui s’y applique et la douleur qui en résulte mène à l’issue fatale. De l’animal, elle a aussi la périlleuse ambiguïté : sa brûlure est d’autant plus mortelle que son apparence est plus soyeuse. Séduisante, attirante dans son ondulation diaphane et irisée, elle fait d’autant moins grâce à celui qui se laisse prendre au piège. 
Ce n’est pas par hasard si Pégase, né de la copulation de Méduse avec la mer, a le don de faire jaillir des sources.
La fontaine, c’est aussi le filet d’eau qui s’écoule de son sexe. (la pisseuse de Rembrandt)
Gorgô est un sexe visualisé ou mieux encore une vulve facialisée, un visage en forme de sexe.
Une fois que Persée a triomphé de Méduse, du sang de la tête tranchée, uni aux flots de Poséidon, jailli, le cheval ailé Pégase. Déméter, après qu’elle a surmonté son deuil, s’unit, elle aussi, à Thelpousa, en Arcadie, au dieu de la mer et, de leur union naîtra l’éternel étalon, Aréion. Dans les poèmes homériques, les deux chevaux fabuleux sont semblablement qualifiés : « aux crins d’azur », cyanochaïté. Tous deux, nés de l’union des puissances chthoniennes et de la mer, sont des symboles de fécondité, de lumière, de puissance et d’ordre.
Du point de vue du naturaliste, la vipère est un animal assez étrange. On a peine, aujourd’hui qu’elle a à peu près disparu de notre environnement, à imaginer la terreur qu’elle dut exercer sur les habitants des pays méditerranéens, comme aujourd’hui encore on en trouve le reflet dans ces pays, la Toscane en général et la région de Lucques en particulier, où sa présence, comme le rappelle Montaigne dans son journal en Italie, a toujours été forte. Vivipare, tout comme l’homme, elle donne naissance à des vipéreaux en se perforant elle-même (disent du moins les paysans) le ventre. Ses rejetons témoignent d’une agressivité toute particulière qui les font mordre tout ce qui bouge, et tout d’abord leurs congénères. C’est à leur naissance que le venin est le plus virulent. Enfin, rappelons que la vipère accouche de sa portée en se cachant dans les arbres. Animal chthonien, cet ophidien particulier habite les hauteurs. On peut imaginer l’effroi que devait susciter, chez les anciens, ce nœud de vipères qui pouvait leur tomber sur la tête, et qui, tout en sifflant, s’entre-tuait en quelques instants.
Antérieures aux premières représentations de Gorgô à l’époque archaïque, sont, sur les jarres mycéniennes, les représentations de poulpes aux tentacules déployées sur leurs flancs. Or la physiologie de la vision nous apprend que, du point de vue de la phylogenèse, l’apparition d’un œil complet, c’est-à-dire capable de discriminer des images, et ceci grâce au perfectionnement croissant des ocelles, s’est manifesté chez les céphalopodes.
Après 1914, sont venues des représentations plus concrètes de l’épouvante, à commencer par celle de l’apocalypse nucléaire.
Se rendre invisible à l’autre pour en supporter la présence en nous, ce serait là la finalité de toute éducation. Ceux qui s’y rendent les plus habiles, ni dieux ni monstres, sont appelés des héros. On les appelle plus communément aujourd’hui du nom d’artistes, d’écrivains, de musiciens. Ils ont su conjurer l’effroi de Méduse et, en ayant tranché la tête, ils ont dans leur besace le talisman qui leur permettra désormais de maîtriser la part d’invisible au sein de la visibilité. Ils sont devenus semblable à Persée, le maître de la terreur, mêstôr Phoboio.
On trouve l’inquiétude qui s’attache à l’idée de rencontrer son double (un miroir), dans le visage de qui on discerne instantanément « la mort dans les yeux ».
Quelle image de nous nous ferions nous dans un monde sans miroir ? (…)c’est-à-dire l’image que de notre corps propre, sans passer par la recomposition de son reflet : nous voyons nos membres, nos bras, nos jambes, notre ventre, et, en forçant quelque peu la vision, l’arête de notre nez. Mais il y a deux choses que nous ne voyons jamais directement à nu : c’est notre dos – d’où peut-être la peur instinctive qui nous habite de ce qu’il peut y avoir  «derrière soi » et qui nous fait retourner la tête, et c’est notre visage. Nous inférons l’idée que nous avons des traits par ceux que les autres nous proposent. Mais le vis-à-vis, la rencontre avec nous-même est toujours le produit d’un artifice. Nous profilons notre corps, nous le tenons distinct, avec son dehors et son dedans, mais au regard de notre propre vision, ce corps est acéphale. Du moins est-il privé de tête, tout comme il est privé d’arrière. Le dos et la face ont ainsi, dans l’image que nous nous faisons de notre être propre, un statut singulier : nous tenons notre corps à distance, comme l’écorché, sur les planches de Vésale, tient sa dépouille à bout de bras. Un monde sans miroir serait un monde sans démons ; ce serait aussi un monde sans dieux. Notre moi n’aurait rien en quoi projeter idéalement son image, la statut merveilleuse en laquelle récoler ses morceaux, pas plus qu’il n’aurait une image de ces diableries ou de ces anatomies fantasmatiques qu’il identifie comme êtres malfaisants ou périlleux, quand ils ne sont que les projections de sa propre peur d’être désintégré, morcelé ou démembré.
Le saisissement devant la reconnaissance du Même à travers l’identification de ce qui nous apparaît à première vue comme « Autre » rejoint ainsi le saisissement devant la découverte de l’autre quand nous sommes amené à le faire notre. Découvrir, au seuil du monde visible, quand s’éclaire un peu la chambre d’ombre d’où l’on vient, l’homéomorphie des traits dans l’étrangeté du différent est similaire, en tout cas symétrique, de l’épreuve qui nous fait sentir la radicale altérité, l’hétéromorphie de l’être dans ce qui nous semblait le plus proche…La fascination du leurre est, pourrait-on dire, comme on dit en photographie, la contre-épreuve du saisissement de ce qui est perçu comme absolument différent.
De là que Persée tue Méduse. Le geste violent de décapitation est le processus même d’identification, celui de la maturation de l’être en tant qu’il passe nécessairement par l’acte paranoïaque de devoir tuer Gorgô. La structuration de la connaissance, telle qu’elle nous est imposée par la Faute, passe par le geste premier de devoir faire perdre la tête de l’Autre pour y gagner sa propre Raison.
De là aussi que le mythe de Méduse soit indissolublement lié à l’histoire du développement des formes plastiques, à ce qu’on appelle ordinairement et un peu vite « l’histoire de l’Art » puisque, posant le regard comme enjeu décisif de cette passe mortelle, il pose aussi le problème du processus d’identification homéomorphique en tant qu’il est la source de ce que nous nommons « la beauté ».
Peut-être même tout acte de projection, et jusqu’à l’écriture, fait-il naître, en sourdine, l’image abominable ou séduisante du monstre antique, cette forme singulière du fascinum mortale que nous nommons médusation. Au moment d’entreprendre un livre, comment ne pas éprouver les affres de Persée ? Non pas, comme on le dit trop légèrement, que le blanc du papier aurait pouvoir de paralyser et comme de pétrifier celui qui se hasarde à le regarder, mais que l’esprit plutôt renâcle étrangement à devoir attaquer un sujet, insiste pour devoir en repousser indéfiniment le moment de grâce, s’enchevêtre dans ses idées et ne résout pas à couper. Si la blancheur du papier interdit qu’on le touche, c’est bien que le papier nous regarde dans le blanc des yeux : il nous aveugle en ce point où notre regard se révulse à l’idée de découvrir notre garde, notre regard d’auteur avide de lucidité.
La culture est l’histoire des différents biais, des différents artifices, ou des miroirs par lesquels l’esprit a réussi à envisager l’inenvisageable et à donner l’illusion qu’il le rendait sien.
Née sans doute en Asie mineure – certains mythographes voient en elle une variante hellénisée du démon mésopotamien Humbaba, ou bien encore du monstre Pazuzu -, elle est dite habiter l’horizon du Ponant, là où le soleil disparaît et où finit le monde des vivants. Son parcours, elle l’inscrit ainsi sur celui de l’astre solaire. Née avec lui aux confins de l’aube, elle se cache à l’orée du royaume des ombres, aux portes de l’Hadès, dans l’extrême occident. Cette ambiguïté, qui mêle la lumière et la nuit, l’éblouissement et l’invisibilité, c’est ce que sa puissance terrible incarne : elle est un soleil noir, qui transforme la lumière du jour en ténèbres pour qui ose la regarder en face. 





Quand à sa propre vie de monstre, Méduse semble calquer ses diverses métamorphoses sur celles que la vie elle-même a connues sur terre. A ses origines, telle qu’elle apparaît dans les premières représentations sculptées, elle est, on l’a vu, gigantesque et difforme, d’une ampleur et d’une horreur proprement indicibles. A vrai dire, si son aspect ne se peut dire, c’est qu’elle précède précisément l’âge où l’homme acquiert le pouvoir de verbaliser, c’est-à-dire d’ordonner ce qui se présente à ses yeux.
Elle est la descendante directe des géants, Gaia, Ouranos, Chronos, qui ont peuplé la terre longtemps avant que n’apparaissent les dieux anthropomorphes. Elle-même, dans sa lignée, compte nombre de créatures qui évoquent plus les puissances obscures de le terre et les effrois des formes primitives de la vie que l’éclat du soleil et la splendeur des créatures supérieurement organisées : Echidna, mi-femme, mi-serpent, le monstrueux Typhon, la Chimère, le Sphinx sont au nombre de ses descendants immédiats, et tous créatures infernales. Sa fécondité est grande : elle n’en finit pas d’engendrer les formes du chaos. Un maillon cependant, dans sa lignée, a failli conjurer toutes ces épouvantes : c’est Pégase, le cheval ailé et solaire, fruit de son union avec Poséidon, qui a pouvoir, partout où il jette son sabot, de faire jaillir des sources. L’évolution des dieux n’est pas linéaire, pas plus que celle de l’âme humaine : les forces du désordre et les moments de grâce alternent au hasard. Freud, en décrivant l’histoire de la génitalité humaine, note aussi, non sans étonnement, qu’elle n’est pas linéaire : il y a des réveils, suivis de latences, comme si l’homme gardait en lui la trace d’existences primitives, au développement sexuel différent du sien.
Antérieure en tout cas à l’époque où l’homme apportera sa mesure et sa règle, Méduse est le triomphe de la démesure et du dérèglement.
Aussi les progrès de la raison, c’est-à-dire l’histoire même de la culture occidentale se confondent-ils avec la progressive humanisation dont l’effigie de Méduse aura été l’objet ; c’est l’histoire de la façon dont ses pouvoirs auront été conjurés, détournés, et finalement usés par l’homme à ses propres fins. Erasme, dans son traité sur l’éducation des enfants, De pueris instituendis, en 1529, définit justement cette dernière en disant que l’humanité, par l’exercice libéral de sa raison, se dégage peu à peu de l’état de nature, qui est celui de l’enfant, ou, dit-il, de « l’homme sauvage ».
Sa propre nature semble la rejeter du côté de l’inerte et de l’inanimé.
Elle renvoie, dans les mythes de haute époque, à des prodiges et à des cataclysmes qui font écho au choc primordial des olympiens, avant que l’homme, en tant qu’être sexé, n’apparaisse sur la terre. Ainsi, nous dit encore l’archéologie, autant que des pouvoirs d’invisibilité, de magie et de mort, l’égide possède-t-elle, à l’origine, des pouvoirs de météorognosie : comme la foudre de Zeus, elle suscite des phénomènes naturels d’une ampleur génétique incommensurable à nos mesures. Regard de l’Autre, bouclier divin, on peut la comparer à « l’œil du cyclone ».
Méduse incarne exemplairement les deux faces, non seulement de l’antiquité, mais généralement de la psyché humaine : sa face lumineuse et sa face obscure, sa civilité qui fait de l’homme un animal social et le pousse à adorer ses propres idéaux, la beauté, la grâce, l’intelligence, et son fonds d’animalité primitive, prêt à se réveiller et à le rattraper. Tantôt horrible et repoussante, tantôt séduisante et harmonieuse, elle confond en elle les deux aspects du panthéon des anciens, tantôt peuplé d’une humanité héroïque et noble, aux proportions admirables, tantôt d’une foule d’êtres fantastiques et difformes, surgis d’on ne sait quel abysse.
Divinité chthonienne, liée à la terre comme tous les serpents, le basilic, comme la Gorgone, est un démon thérapeute aussi bien qu’un procédé prophylactique : utilisé en médecine, il peut guérir, dit-on, différents maux.
Euripide, déjà, nous rappelait l’ambivalence de Méduse telle qu’elle se manifeste dans les propriétés contradictoires de son sang. Athéna avait donné à Erichtonios deux gouttes du sang de Méduse. L’une, répandue par la veine cave, « écarte les maux…entretient la vie ». L’autre goutte « tue : c’est le venin des serpents de Gorgone ». Asclépios, selon Apollodore, aurait reçu un cadeau semblable de la déesse. Il utilisait le sang qui coulait du côté gauche, sinistre, pour tuer, et le sang coulant des veines du côté droit pour sauver, voire pour ressusciter les morts.
On retrouve là l’ambivalence fondamentale du mythe : divinité mortifère, Méduse est aussi bien puissance prophylactique. Si elle est nécessairement le « mauvais œil » pour le novice qui ne prend pas garde à la terrible ambiguïté de sa « nature », elle peut être un instrument de salut pour le sage qui a su détourner à son profit sa puissance. La puissance génitale qu’elle incarne de manière si terrible n’est pas mortelle en soi : seule la façon d’ y regarder amène la folie et la mort, ou bien, au contraire, la guérison et la salvation.
Phallus envaginé, on peut retrouver en elle le mystère de l’ambiguïté de cette étape archaïque du développement humain quand la psyché ne s’est pas encore individualisée et sexuellement différenciée.





Méduse a une consistance à la fois spermatique et placentaire. Sa face est la face d’un sexe féminin mais elle possède un manubrium, un manche. Elle est une figure maternelle mais son venin foudroie.





Le Jeu de paume propose la première exposition monographique parisienne de l'artiste américain Tony Oursler. Très connu pour ses projections sur des têtes parlantes (Talking Heads) et autres créatures polymorphes, Tony Oursler développe de manière très personnelle un territoire critique qui met en relation des fragments de corps, des objets, des pans de mobilier, des murs, des morceaux d'architecture intérieur ou extérieur où sont projetées des images parlantes. L'exposition propose une topographie de ces configurations, offrant au spectateur des espaces où il peut évoluer à son gré recomposant lui-même le récit.
 Le Jeu de paume propose la première exposition monographique parisienne de l'artiste américain Tony Oursler. Très connu pour ses projections sur des têtes parlantes (Talking Heads) et autres créatures polymorphes, Tony Oursler développe de manière très personnelle un territoire critique qui met en relation des fragments de corps, des objets, des pans de mobilier, des murs, des morceaux d'architecture intérieur ou extérieur où sont projetées des images parlantes. L'exposition propose une topographie de ces configurations, offrant au spectateur des espaces où il peut évoluer à son gré recomposant lui-même le récit.
Le Jeu de paume présente une exposition personnelle inédite de Jean-Luc Moulène déployée sur l'ensemble du premier étage du bâtiment. Les Filles d'Amsterdam en constitue le cœur ; ces treize portraits de prostituées, avec leurs noms de "scène" pour titre fonctionnent à rebours de tout principe d'identité.
Autour et à partir de ce noyau se développent d'autres images (publiques) qui agissent comme des fonds, des surfaces, des coupes pour promouvoir, dramatiser les corps réels.



Monstres

Au début des années 1820, les monstres deviennent objets de science à part entière, en ce sens qu’ils vont être nommés et classés à partir de données anatomiques, répondant aux lois générales de l’organisation des êtres vivants, et à des lois particulières qui leurs sont propres. A partir de l’instant où un objet obéit à des lois, qu’il est nommé et classé, il appartient bien à la science.
C’est aussi pendant cette période que l’on va, pour la première fois, produire expérimentalement des monstres. Sortis des mains de l’homme de laboratoire, ils prendront une fonction décisive pour l’embryologiste : ils vont aider à comprendre le normal.
Pour Bonnet, est monstre l’individu qui présente, en comparaison des individus de son espèce, des variations dans sa constitution anatomique, soit par excès, comme des doigts surnuméraires, soit par défaut, comme des doigts en moins. Mais, chez cet auteur, le mulet doit être lui aussi inscrit dans cette catégorie, car il est composé de deux natures, celle de l’âne et celle du cheval : il y a du monstrueux dans l’hybridation.
L’embryon devient monstrueux aux débuts de son développement : c’est la période qui se caractérise par la différenciation des organes, pendant laquelle des amas de cellules embryonnaires sans structures reconnaissables vont s’organiser pour former, par exemple, une colonne vertébrale, un cœur, un bras ou des yeux. Chaque organe présente une propension à devenir monstrueux pendant une période relativement courte, à la suite d’une agression physique ou chimique : radiations, médicaments. Chez l’homme, c’est pendant les trois premiers mois de la gestation que l’embryon est particulièrement sensible aux actions tératogènes. Au-delà, les différenciations sont achevées (à l’exception des neurones), les organes sont en place, l’embryon entre dans une phase de croissance, il devient fœtus.
Dans l’Egypte ancienne, la déesse-hippopotame Thouëris, protectrice des femmes enceintes, est un mélange d’hippopotame, de femme, avec des pattes de lion et une queue de crocodile ; cette production monstrueuse avait une fonction d’apaisement auprès des futures mères, mais aussi pour les dormeurs : d’ailleurs les lits du nouvel empire (1550-1070 avant JC) étaient parfois décorés des figures grotesques du dieu Bès et de la déesse-hippopotame, dont la présence suffisait, dans l’esprit des égyptiens, à éloigner les mauvais génies, pendant l’abandon au sommeil.
Une femme donnant naissance à un « éléphant » reste du domaine du possible pour le naturaliste romain : un tel événement a une finalité puisqu’il faut le prendre comme l’annonce d’  « un mauvais présage ».
Du reste la guerre marsique, qui se déroula pendant les années 90-88 avant JC, ne fut-elle pas annoncée par ce serpent dont accoucha une servante ?
Il en a été des monstres fabuleux, qui ont cessé d’exister dans la littérature médicale et scientifique au début du XVIIIème siècle, comme il en est aujourd’hui de nombreux faits irrationnels, qui font toujours recette auprès d’un public prédisposé à prendre pour des vérités des mensonges dès que la télévision ou la grande presse en font état sans soulever, et pour cause, le voile du doute. A quoi sert de dire que le suaire de Turin est une supercherie tant qu’on éduque des gens pour y croire ? Comment faire admettre que l’astrologie est une mystification, alors que tous les jours les médias font de la publicité en proclamant que l’astrologie est scientifique ? Comment ne pas croire à la science puisque ces même médias informent aussi sur les prouesses chirurgicales ou sur les derniers progrès de la recherche cancérologique qui permettent de sauver de plus en plus de personnes de ce mal ? Mélange du faux et du vrai, de l’irrationnel, du fabuleux et du réel. La culture est ambivalente, un peu comme ces monstres « chimères », particulièrement présents à la fin du moyen-âge, dont une partie peut être identifiée à un animal connu ou à l’homme, et dont l’autre partie est une pure création de l’imagination.
Depuis les « premiers bégaiements du mensonge », selon l’expression de Strabon, le fabuleux et l’irrationnel ont fait recette parce qu’ils ont une fonction psychologique dans la conduite de l’homme et dans sa relation entre le bien et le mal, entre le bon et le mauvais, entre le défendu et le possible.
Le monstre pose à l’homme des interrogations sur sa nature en particulier et sur la nature en général : existe-il vraiment des formes monstrueuses ? Si elles existent, quelles sont les causes qui sont à leur origine ? Les monstres ont-ils une signification ?



Mais le monstre est aussi le symbole de la faute, il incarne le péché et plus spécialement tout ce qui évoque la sexualité et la femme. Celle-ci est non seulement responsable du péché originel, mais elle possède « un sexe dangereux, une bouche qui peut happer et tuer » (C.kappler, 1980). La femme va devenir l’objet de tous les maux en raison de sa « puissance sexuelle ». Les représentations de diables hermaphrodites répondent à ces préoccupations théologiques : « Cependant ces diables à seins de femme apparaissent à la fin du moyen-âge, c’est-à-dire à une époque où, de plus en plus, le symbolisme féminin se charge de culpabilité, de malédiction…La femme et, progressivement, la sorcière vont devenir des monstres. »



Originaire de Nantes, Pierre Boaistuau publie en 1560 ses Histoires prodigieuses. De 1560 à 1594, cet ouvrage, véritable succès éditorial, fera l’objet de neuf éditions. Il y avait donc un public pour les « monstres », « prodiges » et « abominations », c’est-à-dire pour toutes ces « choses », qui provoquent chez les hommes l’admiration et la terreur. Ces histoires évoquent des monstres fabuleux, création de la pure imagination, des monstres véritables que nous pouvons parfaitement reconnaître et nommer, mais aussi des phénomènes naturels comme l’éruption du Vésuve, les tremblements de terre, la foudre et le tonnerre.





Quoique l’on en dise, les « astrologues », souvent mis sur la sellette, trouveront toujours assez de crédules pour survivre : s’ils sont rejetés dans un système théologique, ils semblent, en revanche, être recherchés dans des cultures où la théologie tend à faire défaut : l’homme a besoin d’irrationnel, cette « monstruosité » de la pensée. On ne croit pas aux horoscopes, mais on ne peut s’empêcher de les consulter : ils jouent dans notre civilisation d’aujourd’hui, comme les monstres dans celle d’hier, un double rôle : le désir de regarder et la crainte de connaître : dans un cas comme dans l’autre il y a une symbolique du signe.
E. Geoffroy Saint-Hilaire, naturaliste, anatomiste et homme de terrain, s’intéressait au monstre, car il représentait un chaînon permettant d’expliquer et de comprendre le vivant. Le monstre va devenir un modèle, qui doit pouvoir aussi bien expliquer l’être normal en particulier que les modifications de structure de l’ensemble des animaux et de l’homme.
A la suite des grandes catastrophes industrielles ou d’accidents nucléaires, type Tchernobyl, les recherches effectuées ont montré que des substances reconnues très toxiques, comme la dioxine, n’avaient pas entraîné une augmentation des naissances monstrueuses. Tout comme l’absence de manifestations génétiques héréditaires chez les irradiés d’Hiroshima et de Nagasaki. Cela s’explique par la sensibilité moins grande des embryons humains à des substances qui se sont révélées particulièrement tératogènes chez les embryons d’autres mammifères. La dioxine en est un exemple. Savoir que, sur plus de 400 substances chimiques produisant des malformation chez l’animal, moins de 20 ont des effets tératogènes chez l’homme ne doit pas pour autant nous faire oublier que l’homme reste une victime potentielle de toutes pollutions médicamenteuses, chimiques ou nucléaires.
Reste qu’il est révélateur que des monstres aient été mis en avant dans l’affaire Boerhinger de Hambourg, pour avertir des dangers de la pollution chimique. Ainsi, les monstres de notre civilisation contemporaine comme ceux des civilisations passées conservent leur fonction fondamentale de mise en garde.
Si hier la société devait assumer les naissances d’enfants malformés, handicapés à vie, elle refuse aujourd’hui la vie aux monstres. Les techniques médicales permettent de déceler très tôt les embryons monstrueux ou possédant des défauts graves. Pour des raisons « éthiques » et sociales, la médecine possède ce pouvoir d’empêcher la naissance d’un être hors normes.
Dans quelle mesure la médecine devrait-elle permettre la naissance d’un être dont on sait qu’il ne sera pas viable ? Il est plus délicat de prévenir la naissance d’un être malformé, dont on sait qu’il sera parfaitement viable, mais dont la malformation représentera une charge pour les parents et pour la société. Ici, plusieurs questions se posent. Par exemple, où finit la normalité ? On imagine mal la suppression d’un polydactyle, dans la mesure où l’anomalie aurait été mise en évidence. La société va-t-elle définir les normes à ne pas dépasser ? La médecine possède aujourd’hui les « instruments » qui manquaient aux eugénistes américains et germaniques, à l’époque où l’on rêvait d’obtenir une race d’hommes parfaits. Il y a, au delà de la simple suppression des monstruosités, des dérapages possibles : l’homme « maître de la vie » peut le devenir de son destin, et la « logique du vivant » ne correspondra peut-être pas à ses « logiques » idéologiques.
Une rationalité biologique nous autorise à accepter l’élimination d’embryons à partir du moment où nous sommes avertis qu’ils produiront des individus dont la vie sera pour eux une souffrance. 
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) devient la pratique qui devrait interdire toutes naissances monstrueuses ou celles d’enfants malformés qui ne pourront mener une vie normale. L’établissement de cartes chromosomiques (caryotypes) dès la onzième semaine, le suivi des femmes enceintes par des examens échographiques sont des techniques qui informent de la normalité de l’embryon ou de sa déviance chromosomique ou morphogénétique. Ces techniques donnent le feu vert pour une interruption de la grossesse. L’IVG, dans ce dernier cas remplace en quelque sorte une sélection naturelle, qui interdit dans le monde animal la survie de tout individu présentant un défaut désavantageux pour l’individu ou pour l’espèce.
Les hommes et les femmes, en fonction de leurs idéologies, acceptent ou refusent cette « sélection artificielle ». Le mensuel Viva de mars 1991 rapporte le cas d’un couple qui poursuit en justice l’hôpital qu’il considère responsable de la naissance de leur fille malformée. La mère avait été soumise à des examens échographiques dont le dernier rapport indiquait « deux mains, absence d’anomalies morphologiques, bonne vitalité, bonne croissance. » A la naissance (28 novembre 1989) l’enfant présentait une « absence d’avant-bras droit, absence de métacarpe conduisant à l’auriculaire de la main gauche, absence de péroné, membre inférieur droit plus court, pied bot. » La « médecine » est mise en cause car elle a privé cette femme du « choix de l’interruption volontaire de grossesse pour motif thérapeutique ». Le 10 août 1990, « le juge des référés du tribunal de Nanterre a octroyé une provision de 50 000 francs au couple, décision novatrice s’il en est… »
Nous entrons bien, si ce n’est déjà fait, dans une ère nouvelle où, à quelques exceptions près, la société refusera toutes naissances de monstres et de malformés.
Jean louis Fischer « Monstres, Histoire du corps et de ses défauts"



Liceti ne manque pas de signaler comme Paré l’histoire de cet œuf de poule contenant une tête d’homme dont les cheveux et la barbe étaient faits de serpents. Mais Liceti sera, sur l’origine de cette créature, plus bavard que Paré, qui ne voyait dans sa formation qu’une trop grande quantité de semence.
Pour donner une explication à un tel phénomène, Liceti, qui connaît la difficulté de l’entreprise, va faire le tour de toutes les possibilités avec autant d’aisance que de sûreté. 
Première explication : ce peut être un homme « assez fol pour s’accoupler avec une poule », et l’on sait que la semence en se corrompant devient un poison, ce qui explique la mort du chat qui a mangé le blanc de cet œuf. Puis on peut déduire de cette corruption la génération des serpents tenant lieu de cheveux et de barbe. Une partie seulement de la semence humaine a conservé assez de force pour former la tête.
Deuxième explication : la poule, nous dit Luceti, étant une espèce d’animal qui dévore toutes les « vilaines choses », aura pu « dévorer de la semence d’homme, qui par hasard avait été répandue par terre ». Puis elle « dévora » du sang menstruel et des œufs de serpents. Enfin, un coq ayant fécondé cette poule, il se forma un œuf de toutes ces vilaines choses.
La tête de « méduse » a pour origine la semence de l’homme. Le blanc de l’œuf est fait du sang menstruel : c’est le poison. Les œufs de serpents sont à l’origine des cheveux et de la barbe. La semence du coq a aidé la génération d’un tel œuf.
Troisième explication : la poule a pu seulement dévorer de la semence et du sang, et s’être ensuite accouplée avec un serpent. Il est, en effet, reconnu par Liceti que les poules peuvent concevoir avec un reptile, d’autant plus qu’une de ses servantes, qui s’appelait Julie, lui a raconté avoir vu elle-même de tels accouplements. Julie est un témoin que l’on peut croire sur parole : c’est elle qui travaille à la ferme, ce n’est pas le professeur médecin, elle se trouve journellement en présence des volailles : il n’y a donc aucune raison de douter d’un tel témoignage.
Dans une histoire des monstres, le discours de Luceti reste un exemple du discours scolastique, qui s’achève avec le XVIIe siècle.



LA FACE SEXUELLE

Le monstre cyclope décrit par Johann-Niklaus Pechlin (1646-1706) en 1691, qui possède à la place de « la trompe » du bourgeon frontal un pénis, est un exemple de prodige présentés par les partisans de la thèse imaginationiste : « Il faut supposer, écrit Pechlin, que la femme grosse se soit imaginé vivement et avec surprise une semblable verge pendue à son front, en s’efforçant de rapprocher au-dessous ses deux yeux l’un de l’autre, soit durant un rêve, soit en badinant avec son mari, ou bien en regardant attentivement quelque représentation d’une fête Priape.






Piqûres de méduse
Les cnidaires, autrefois appelés cœlentérés, sont des animaux pluricellulaires primitifs, exclusivement aquatiques et presque tous marins regroupant des animaux aussi différents que les méduses, les coraux, les anémones de mer, les gorgones, l’hydre d’eau douce (Hydra). Les méduses n’ont pas bonne réputation et il est vrai que certaines, ne vivant pas sur nos côtes, peuvent tuer un être humain en quelques minutes. 












Les méduses de nos côtes (Aurelia aurita, Pelagia noctilucas, Carybdea marsupialis, Chrysaora hysoscella...) sont urticariantes. Ces piqûres ne sont pas rares : 500000 /an dans la baie de Chesapeake dans le Maryland (USA) et 60000 à 200000/an le long des côtes de Floride. Une étude de 1997 réalisée dans le golfe de Trieste fait état de 90 piqûres de méduses pour 20000 visiteurs des bains de Grado (comparativement à 202 piqûres d’abeilles ou de guêpes pour les mêmes 20000 visiteurs) (1). Ces piqûres se traduisent dans la majorité des cas par une vive douleur passagère mais peuvent parfois provoquer un tableau clinique plus alarmant nécessitant une prise en charge rapide et bien conduite. Il faudra se méfier des espèces dites inoffensives : la difficulté à identifier l’espèce responsable de la piqûre et/ou la confusion avec les espèces les plus communes peut faire ignorer les propriétés toxiques des espèces rares (2).



Les MÉDUSES



Les cnidaires (2,3,4,5,6,7 8) existent depuis le Précambrien (qui se situe il y a quelque 1000 millions d’années) d’où l’existence de formes très variées. Fort curieusement la branche des cnidaires comporte des formes fixées (les polypes) et des créatures nageuses extrêmement différentes (les méduses). Chez nombre d’espèces, les deux types apparaissent au cours du cycle évolutif (alternance des générations). Toutefois certains ne réalisent que la phase polype ou la phase méduse, ces dernières exploitant plus efficacement le plancton et bénéficiant d’une plus vaste dispersion. Polypes et méduses possèdent certains traits communs, caractéristiques de l’embranchement : leur corps en forme de sac est constitué de 2 couches cellulaires ou feuillets (ectoderme et endoderme) séparés par une mince couche gélatineuse (mésoglée). Il délimite la cavité gastrique avec un seul orifice (bouche primitive) entouré le plus souvent de tentacules, orienté vers le bas pour les espèces pélagiques et vers le haut pour les espèces fixées ; les déchets sont évacués par l’orifice buccal. Les nématoblastes (cellules urticariantes) présents sur toute la surface de la méduse sont utilisés pour saisir la nourriture et se défendre.
Chez les cnidaires présentant une alternance de générations, c’est celle de type méduse qui connaît la reproduction sexuée, la génération de type polype étant purement végétative : une méduse sexuée, produisant œufs et sperme, engendre des polypes asexués qui, à leur tour, produisent des méduses. Le développement d’un œuf fécondé conduit presque invariablement à une petite larve planula, qui se fixe par son pôle antérieur et poursuit son développement pour donner un polype sédentaire. Chez la plupart des scyphozoaires, la larve planula se métamorphose en une larve fixée, ressemblant à un polype (le scyphistome) à l’extrémité libre duquel se forment par multiplication végétative de minuscules méduses qui se détachent lorsqu’elles atteignent leur maturité.
La plupart des cnidaires sont des carnivores prédateurs, et parmi les espèces sédentaires et nageuses, il en est qui s’attaquent à de très grosses proies. Les autres, se contentent du plancton microscopique qu’ils capturent au moyen de minuscules organites (les nématoblastes produits par des cellules spécialisées : les cnidoblastes) incrustés à la surface des tentacules. Les nématocystes des Chiropsalmus quadrumanus ou des Chironex fleckeri sont cylindriques de 40 x 6 µm avec une extrémité effilée. Ceux de la Physalia physalis sont rond de 36 µm de diamètre.
Le mouvement chez les cnidaires se réduit à de simples contractions musculaires. La locomotion chez les méduses s’effectue au moyen des tentacules, mais également de l’anneau musculeux situé dans la sous-ombrelle dont les contractions sont contrebalancées par la seule élasticité de l’animal. Toutes ces impulsions motrices sont contrôlées par les 8 rhopalies (système nerveux primitif).
Parmi les cnidaires, existent 3 classes : les anthozoaires (n’existent que sous forme polype), les hydrozoaires (avec alternance de générations) et les scyphozoaires.
La classe des hydrozoaires (Geryonia proboscidalis, Solmaris coronata, Carmarina hostata, Cunoctantha octonaria, Solmissus albescens...) comprend les hydraires et hydrocoralliaires (formes polypes et méduses) et les siphonores et automéduses (forme méduse uniquement). La majorité des membres vivent en eau peu profonde. La méduse y est la forme prédominante même si chez quelques espèces, la forme polype (hydroïde) présente une égale importance. Chez d’autres, la phase méduse ou la phase polype est inexistante. Les hydraires montrent alternance polype-méduse typique : une forme polype asexuée produit par bourgeonnement une seule méduse (hydroméduse).
Les méduses asexuées libres et nageuses engendrent des larves qui, par la suite, se fixent en des endroits éloignés de leur parent pour donner naissance à des colonies ou à des individus nouveaux. Toutes les colonies d’hydraires produisent au moins 2 types de polypes : les plus nombreux (gastrozoïdes) ingèrent les proies pour nourrir la colonie entière, les autres (gamazoïdes) sont reproducteurs. En outre, certains hydrozoaires coloniaux sont pourvus de polypes défendeurs (nématophores ou dactylozoïdes) munis de nématoblastes. Chez les siphonophores, les méduses quittent rarement la colonie mère mais restent fixées et se modifient pour accomplir des fonctions reproductrices ou autre. C’est le cas par exemple de la Physalie (Physalia ou « vaisseau de guerre portugais ») : une méduse d’environ 30 cm de long constitue le flotteur qui maintient la colonie à la surface. Sous le flotteur, sont attachés de minces filaments pêcheurs (pouvant atteindre une longueur de 15 m dans le Pacifique ou de 30 m en Atlantique) armés de millions de nématoblastes. Physalia vit dans toutes les mers chaudes et, dans les conditions les plus favorables, constitue d’immenses bancs qui s’étendent parfois sur plusieurs kilomètres. Les hydrocoralliaires, dont les Millepora (coraux de feu) des eaux chaudes et peu profondes, ressemblent aux coraux mais s’en distinguent par leur squelette calcaire massif et par les méduses qu’ils engendrent.
Les méduses acalèphes (Charybdea marsupialis, Nausithoë punctata, Aurélia aurita, Rhizostoma pulmo, Lucernaria pyramidalis, Pelagia noctiluca...) et les lucernaires apparentés appartiennent à la classe des scyphozoaires, la moins nombreuse. La plupart des acalèphes présentent l’alternance polype-méduse typique : à l’extrémité supérieure du polype bourgeonne une méduse. Ces méduses sont souvent grandes (l’ombrelle peut mesurer plus d’1 m) et sont porteuses de gamètes. Certaines formes de haute mer réalisent une phase polype modifiée, qui reste fixée à la méduse-mère, système permettant à l’espèce de vivre en eau plus profonde. Par contre les lucernaires (ordre des stauroméduses) se présentent uniquement sous la forme polype, vivent près des côtes où elles se fixent par une ventouse aux rochers et aux algues des eaux froides et abritées. Retrouvées dans toutes les mers, elles mesurent jusqu’à 8 cm. Chez les cuboméduses (classe des cubozoaires souvent mise dans la même classe que les acalèphes), chaque polype se métamorphose en une unique méduse de forme carrée, transparente, avec un tentacule à chacun de ses 4 coins : à la différence des autres hydrozoaires, les méduses ne sont pas produite par bourgeonnement. La plupart d’entre elles sont inoffensives mais les piqûres de 2 espèces (Chironex et Chiropsalmus) sont graves.
Sur les côtes des Etats-Unis d’Amérique et dans l’eau des Caraïbes, les causes les plus communes de petites piqûres sont les Coraux de feu, les hydres et les petites méduses comme la méduse tête-de-choux (Stomolophus meleagris). Les piqûres les plus sévères résultent de contact avec la galère portugaise de l’Atlantique (Physalia physalis) principalement au sud-est de la Floride pendant les périodes de Noël, avec la méduse du Pacifique (Physalia utriculus), la géante méduse crinière-de-lion (Cyanea capilata), l’ortie-des-eaux (Chrysaora quinquecirrha) de Chesapeake Bay et des côtes américaines (de la Nouvelle Angleterre jusqu’au golfe du Mexique en plein été) ou le piqueur-mauve (Pelalia noctiluca). Dans les océans Indien et Pacifique, les méduses les plus toxiques sont la méduse-boite (Chironex fleckeri), la guêpe-de-mer (Chiropsalmus quadigatus) et l’irukandji (Carukia barnesi) qui envahissent de façon saisonnière les eaux fréquentées par les nageurs et plongeurs et qui peuvent entraîner la mort en quelques minutes. Les Chiropsalmus quadramanus, guêpe-de-mer de l’hémisphère nord dont les piqûres peuvent être mortelles, sont de petites méduses de 2 à 6 cm de diamètre avec 4 groupes de tentacules, transparentes donc très difficiles à voir dans l’eau.


CLINIQUE

Les piqûres de méduses se localisent principalement au niveau des membres supérieurs et inférieurs, plus rarement au niveau du tronc ou du visage (9,10). Les cellules urticariantes (nématocystes) déchargent le venin dans la victime à l’aide d’un aiguillon et cela après un stimulus physique (contact) ou chimique (différence de pression osmotique) même si l’animal est échoué ou mort (des tentacules coupés traînant sur une plage restent venimeux pendant plusieurs semaines) (6,10). Le venin renferme des polypeptides et enzymes parmi lesquelles la tétramine, l’histamine, la 5-hydroxytryptamine (11). La symptomatologie des piqûres de méduse est presque exclusivement locale et cutanée.
Une piqûre légère est immédiatement suivie d’une douleur vive, décrite comme une sensation de décharge électrique ou de brûlure. Cette douleur augmente pendant 30 à 40 minutes avec apparition de paresthésies. Dix minutes après la piqûre apparaît un érythème léger qui s’aggrave pendant les 4 heures suivantes avec développement d’une éruption rouge-marron ou violacée typiquement en forme de coup de fouet (2,6,7,11). Cet érythème permet d’évaluer la surface cutanée concernée (3). Les réactions générales de type vagales sont peu fréquentes (9).
La sévérité des réactions dépend de l’âge, des antécédents personnels, des antécédents de piqûre, de l’étendue de la surface cutanée atteinte (corrélée avec la charge de venin), de la toxicité du venin, d’un traitement initial négligé ou mal conduit, du terrain allergique. Dans ces cas, s’ajoutent à la douleur et l’érythème, la formation de bulles (véritables brûlures du second degré), un oedème local et une douleur plus intense qui peut irradier de façon centripète à partir des extrémités (6,7,9). Ces lésions dermatologiques peuvent devenir hémorragiques, nécrotiques ou ulcéreuses et évoluer vers une mauvaise cicatrisation ou l’apparition de zones pigmentées définitives (4,12). Ces lésions peuvent apparaître 4 à 12 heures après le contact (7).
Les envenimations sévères s’accompagnent d’une réaction cutanée typique ainsi que d’une cohorte de symptômes généraux qui apparaissent en 2 à 4 heures : céphalées, léthargie, vertige, ataxie, syncope, convulsions, coma, vomissements, dysphagie, spasmes musculaires, paralysies, choc anaphylactique, hémolyse, hématurie, insuffisance rénale, troubles du rythme, conjonctivite, ulcère de cornée, bronchospasme, insuffisance respiratoire et décès. Les arythmies semblent être la cause des décès (comme cela a été objectivé chez le chien après injection intraveineuse de toxine de Physalia physalis). Ces troubles du rythme feraient suite soit à la libération massive de cathécholamines en réponse à la douleur soit à la cardiotoxicité du venin. Ces envenimations sévères se rencontrent surtout avec les Physalia ou en milieu tropical, dans les mers chaudes, avec les cuboméduses de l’Indo-pacifique genres Chironex (considéré comme l’animal marin le plus venimeux) et Chiropsalmus ; elles sont rares dans l’hémisphère nord (3,6,7,8,13,14). Les piqûres par l’irukandji (Carukia barnesi) se caractérisent par un érythème avec papules suivi 30 minutes plus tard par l’apparition d’un syndrome catécholaminergique. Céphalées, douleurs abdominales et dorsales violentes sont habituelles et peuvent précéder une hypertension, une tachyarythmie et un choc cardiogénique (13).
Dans les meilleurs des cas, il y a disparition des lésions en 3 à 10 jours avec guérison (2) mais peuvent aussi apparaître des cicatrices hyperchromiques ou chéloïdes persistant plusieurs mois à années et entraînant une gêne esthétique, principalement quand le contact avec la méduse a été long ou l’envenimation sévère (9,11). D’autres séquelles ont été décrites : urticaire au froid développé après une piqûre de méduses chez un baigneur sans antécédent personnel ni familial d’atopie ou d’urticaire au froid (15), dermatite de contact persistante (lésions dermatologiques récurrentes se produisant 1 semaine après la piqûre et se présentant comme un érythème vésiculaire) faisant penser qu’en plus de l’hypersensibilité de type I, l’allergie de type IV est probablement en cause dans certaines éruptions causées par les cnidaires (12).

THÉRAPEUTIQUE

Bien que l’évolution clinique soit le plus souvent rapidement favorable sous traitement bien conduit, de mauvaises pratiques sont parfois mises en route du fait de la méconnaissance de l’animal (9).

TRAITEMENT LOCAL :
Le traitement initial sera simple, mené sans délai pour favoriser une bonne évolution en minimisant les quantités de venin libérés : très peu de nématocystes délivrent d’emblée leur contenu et les tentacules transparents restent accrochés à la peau des victimes (3,4,9).
Dans un premier temps, calmer la victime et l’empêcher de se frotter les lésions (3,4).
Historiquement, les antihistaminiques et antiprurigineux étaient utilisés mais se sont révélés parfois inefficaces quand l’envenimation est sévère (16).
Il ne faudra jamais inciser la plaie ni chercher à la faire saigner ni la sucer pour aspirer le venin.
Les plaies seront nettoyées sans frotter ce qui aggraverait la symptomatologie en permettant l’éclatement de la totalité des cellules urticantes (3,4,9). Les tentacules visibles seront retirés par une pince ou à la main doublement gantée. Ceux invisibles le seront après application de mousse à raser ou du sable pour « piéger » les débris de méduses qui seront alors ôtés à l’aide d’un carton rigide (3,4,7).
La plaie sera abondamment rincée à l’eau de mer ou au sérum physiologique (la faible osmolarité de l’eau douce ferait éclater les quelques cnidocystes restant). La toxine étant thermolabile, l’eau peut être chaude. Le rinçage durera jusqu’à disparition des symptômes (environ 30 minutes) (11). Il faudra bien sûr éviter d’aggraver les lésions par une véritable brûlure thermique (9).
Dans certains cas de piqûres (Chironex fleckeri et autres espèces Indo-pacifiques), il faudra rincer la blessure par de l’acide acétique à 5% (vinaigre) qui est la solution de choix. Ce dernier a cependant été rendu responsable d’envenimation sévère par décharge d’au moins 30% des nématocystes de Physalia utriculus (« boite bleue ») (17). L’alcool isopropyl (40 ou 70%) est une alternative bien que in vitro, certains auteurs pensent que cette méthode risque d’entraîner également une décharge de venin (7,16). Le produit détoxiquant sera appliqué en continu pendant au moins 30 minutes ou jusqu’à disparition de la douleur. D’autres produits ont été décrits comme efficaces : hydroxyde d’ammonium dilué, sulfate d’aluminium, bicarbonate de sodium, huile d’olive, sucre, urine et papaïne. Aucun de ces produits n’est aussi ni plus efficace que le vinaigre ou l’alcool et certains, comme ces 2 produits, peuvent induire une décharge de nématocystes par certains cnidaires (16). Les solvants tels que l’éther, le formol ou l’essence sont toxiques pour les tissus et sont contre-indiqués (7,11). Ensuite, il convient de rincer la plaie exclusivement à l’eau de mer ou du sérum physiologique puis de nouveau avec du vinaigre ou de l’alcool pour coaguler les derniers résidus de méduse (3,4,9).
Si la piqûre est limitée à une extrémité, une application immédiate d’un garrot pourrait arrêter le retour veineux et lymphatique. La mise en place d’un bandage compressif a été recommandée par les Australiens mais reste encore sujet de controverses (8).
Après décontamination, la plaie sera séchée puis enduite d’anesthésiques locaux, de cicatrisants ou de corticoïdes (ou à défaut d’Onctose®) dont les effets bénéfiques ont été démontrés principalement devant la persistance des lésions après 24 heures (9,11,15,18).
Il ne semble pas nécessaire d’avoir recours à une antibiothérapie même si la lésion peut s’infecter pendant les 3 à 7 jours suivant la piqûre. Il ne faudra cependant pas oublier de vérifier et éventuellement remettre à jour la vaccination antitétanique (7).
Les lésions ulcérées seront nettoyées quotidiennement et recouvertes d’une fine couche de lotion antiseptique non allergisante (7). Les lésions aggravées pourront bénéficier d’un traitement par sulfamine argentique pendant quelques jours puis de l’application de corticoïdes (9). Si aucune amélioration n’est obtenue, les stéroïdes pourront être administrés en IV (16).


TRAITEMENT GÉNÉRAL :
Le traitement de la douleur n’a rien de spécifique. De la glace (placée dans un sac) peut être appliquée sur la peau.
Le médecin doit toujours anticiper sur une réaction anaphylactique et doit donc être préparé à y répondre par de l’Adrénaline, les antihistaminiques et les corticoïdes. Les autres manifestations systémiques seront traitées de façon symptomatique (7).
Le venin de Chironex fleckeri est hémolytique, dermatonécrotique et cardiotoxique (13). Contre ces piqûres, un antivenin (dérivé du mouton) est très efficace (1 à 3 ampoules), administré en intraveineux. Il limite la dermonécrose, neutralise les effets cardiovasculaires et diminue l’hémolyse et l’hyperkaliémie. Cet antivenin (Box Jellyfish Antivenom) est disponible dans les trousses des secouristes sur les plages du Queens-land (3,4,7,8,19).
A partir d’études animales, il a été suggéré que le vérapamil pourrait être administré chez les personnes présentant une hypotension ou une arythmie après piqûre (7,8). Actuellement, on considère plus que cette thérapeutique ne prévient pas les effets du venin, exacerbe même le collapsus cardiovasculaire et augmente la mortalité ce qui la contre-indique (19).
CONCLUSION

Même si les méduses de nos côtes sont peu dangereuses, n’entraînant qu’une symptomatologie locale et cutanée (douleur, érythème), elles peuvent dans certaines conditions (envenimation sévère, terrain allergique, antécédents de piqûres de méduse...) provoquer des signes généraux (œdème, choc anaphylactique...). Certaines méduses des océans Indien et Pacifique peuvent tuer en quelques minutes. Les piqûres de méduse nécessitent donc un traitement rapide et bien conduit : rincer sans frotter la plaie par de l’eau chaude salée, éventuellement du vinaigre ou de l’alcool isopropyl, retirer les nématocystes en les « piégeant » par de la mousse à raser puis appliquer un topique corticoïde. Devant des signes généraux, il faudra se méfier d’un potentiel choc anaphylactique. Pour les piqûres de Chironex fleckeri (cuboméduse d’Australie), un antivenin est disponible.
Docteur Philippe BERGER
Praticien hospitalier
Docteur David PETITPAS
Assistant
Docteur Laurent POIRON
Interne
Docteur Patrick CHILLET
Praticien hospitalier
Docteur Jean-Michel KORACH
Praticien hospitalier
Service de Réanimation Polyvalente
Centre Hospitalier de Châlons-en-Champagne
51, rue du Commandant Derrien - BP 501
51005 Châlons-en-Champagne Cedex


1. Les Cnidaires

Les Cnidaires (appelés autrefois Cœlentérés) sont présents sur terre depuis mille millions d'années et regroupent plus de 10 000 espèces dont une centaine sont dangereuses pour l'homme. Ils sont représentés par les méduses (forme libre), les anémones (polype fixé) et les coraux (squelette calcaire). Ils sont carnivores et caractérisés par une cavité digestive (cœlentéron) ouverte par une bouche et entourée de tentacules. On distingue 4 classes: les Hydrozoa, les Scyphozoa, les Cubozoa et les Anthozoa.
Appareil venimeux : Il est constitué par le cnidocyte, cellule sécrétrice et sensorielle qui renferme une capsule, le cnida (nématocyste ou spirocyste ou ptychocyste) d'une taille généralement inférieure à la centaine de microns. Il contient du venin et un tube enroulé en hélice. Sous l'effet d'un stimulus mécanique ou chimique, le tube jaillit comme un ressort en injectant le venin (Fig. 2). Il peut exister plus de 100 000 nématocyste/cm sur un tentacule de méduse.

Fig. 2 : Schéma du nématocyste. A gauche, avant la décharge, à droite, après la décharge. Cc : contenu capsulaire, Ep : épines, H : hampe. Op : opercule pn : paroi, Ter : tube terminal (d'après Weill, 1934)

Nous décrirons brièvement ci-dessous quelques cnidaires dont l'envenimation est rapportée fréquemment chez l'homme.
Il existe de nombreuses espèces de méduse qui ne sont heureusement pas toutes dangereuses. Les Physalies (Hydrozoa) sont redoutées pour les lésions cutanées qu'elles infligent, l'issue fatale étant rarissime. La Galère Portugaise de l'Atlantique (Physalia physalis) surnommée ainsi en raison de son pneumatophore (crête pneumatisée) dressé hors de l'eau et fonctionnant comme une voile, possède des tentacules pouvant atteindre 30 m (Fig. 3 a). Elle se rencontre dans l'Atlantique semi tropical (Floride, golfe du Mexique) de juillet à septembre. La méduse du Pacifique (Physalia utriculus) ou Bluebottle Jellyfish possède un tentacule de 15 m. Véritables filins de pêche, les tentacules des Physalies sont pourvus de millions de nématocystes.
Les cuboméduses (Cubozoa) sont les plus dangereuses pour l'homme. De forme plus ou moins cubique, mesurant de quelques mm à quelques cm, elles possèdent à chaque angle de la cloche un tentacule ou groupe de tentacules. Surnommées " guêpes de mer ", Chironex fleckeri (Fig.3 b) et Chiroplasmus quadrigatus sont responsables de décès fréquents en Australie et aux Philippines.
La classe des Scyphozoa comprend les orties des mer comme la fameuse Chrysaora quinquecirrha ou Sea Nettle, responsable de 500'000 envenimations par an à Chesapeake Bay en Floride et plus près de nous en Méditerranée les Pélagies, comme Pelagia noctiluca qui se concentre en véritables essaims (Fig. 3 c)


Les anémones de mer (Actinaria de la classe des Anthozoa) sont surtout venimeuses dans les régions tropicales et des accidents mortels ont été rapportés.
Le corail de feu (Millepora de la classe des Hydrozoa) n'est pas un vrai corail mais est composé d'un exosquelette carbonaté tranchant, recouvert de nématocystes. Venins : Ceux des méduses sont des cocktails composés d'enzymes divers responsables d'hémolyse (destruction des globules rouges) et de cytolyse (destruction cellulaire). Les venins d'anémones sont composés de polypeptides de 30-50 acides animés, doués de nombreuses propriétés toxiques sur le système nerveux.
Clinique : Elle a été décrite sous le nom de " syndrome cœlentéré " qui est uniforme mais de gravité variable. Il est caractérisé par une douleur violente et irradiante au point de contact avec inflammation, démangeaisons et urticaire. Les signes généraux comprennent : nausées, vomissements, crampes abdominales, diarrhées, fièvre, insuffisances cardio-circulatoire et respiratoire, possible réaction allergique généralisée et décès. L'empreinte tentaculaire des méduses (tentacular print) est typique (Fig. 4).
Traitement: Il faut rincer immédiatement les blessures à l'eau de mer pour éliminer les nématocystes non déchargés. Ne pas utiliser d'eau douce qui en raison du changement osmotique (eau douce/eau de mer) les activera. L'acide acétique à 5 % (vinaigre) est un excellent inhibiteur des nématocystes sauf pour Physalia physalis (alternatives: alcool 40-70%, bicarbonate, papaïne, huile d'olive, urine, sucre). Après 30 minutes d'application on éliminera précautionneusement les débris résiduels sans s'exposer, à l'aide de mousse à raser, de scotch, d'un peeling, d'un emplâtre de sable(4). Il est primordial de ne pas frotter pour éviter de décharger les nématocystes. Ensuite une immersion chaude à 40 °C durant 30-90 min pourra inactiver le venin et développer un effet anesthésique. On n'hésitera pas à effectuer une véritable anesthésie locale au besoin. Il existe un anti-venin efficace pour Chironex fleckeri (1 amp iv ou 3 amp im). Si l'atteinte dépasse 50 % d'un membre, on limitera la diffusion du venin par la technique de pression-immobilisation décrite ci-dessus. Le support circulatoire par perfusion sera assuré si nécessaire par du personnel qualifié. 
Adresse de l'auteur:
Dr Jean-Yves BERNEY, Instructeur CMAS *
Médecine interne et Pneumologie FMH
AFC Médecine de plongée
Médecin Hyperbare SSMSH
DIU de Médecine Subaquatique et Hyperbare
5, rue Henri-Christiné 1205 Genève
jyberney@bluewin.ch
Médecin consultant au Service de Médecine Interne Générale
et au Centre d'Accueil des Urgences
Hôpital Cantonal Universitaire
1211 Genève 14






La cuboméduse d'Australie Chironex fleckeri
aussi appelée « piqueur marin », « guêpe de mer » ou encore « main de la mort »1 est une cuboméduse (méduses de la classe des cubozoa) de la famille des Chirodropidae, qui vit dans les moyennes profondeurs, dans les eaux du littoral australien et du sud-est asiatique. Elle est la méduse la plus venimeuse connue à ce jour, même si on a découvert qu'une plus petite méduse que l'on trouve dans la mer Baltique a un venin aussi puissant en aussi grande quantité. Son venin est mortel.
Comme toutes les méduses, Chironex fleckeri débutent leur vie en tant que planula, puis passent par le stade du polype. La forme pélagique (méduse) est la forme reproductive.
L'espèce est présente tout le long de la moitié nord de la cote australienne2. Les adultes se reproduisent dans la grande barrière de corail, avec la fin de l’été. Les planulas se transforment en polypes l’automne et au printemps en suivant les jeunes méduses, gagnent le large. Le corps adulte (cubique) de la cuboméduse peut être aussi gros qu’une pastèque, et elle possède 60 tentacules longs d’environ 4 mètres, pour 6 mm d’épaisseur.
Elle se nourrit de petits poissons et de crevettes roses, dont la zone d’habitat principal se trouve justement être les plages touristiques (plus fréquemment dans le Queenslandet le Territoire du nord). On ne la croise habituellement pas sur la Grande barrière de corail.
Son principal prédateur est la tortue. Contre elle, la seule arme de la cuboméduse est sa vision. Elle possède en effet 4 « grappes » de 6 yeux qui lui permettent de former des images. On ne sait toutefois pas encore comment elles sont capables de traiter ces informations3.



Les cuboméduses ont tué environ 70 personnes pendant les 100 dernières années4. Ses piqûres sont extrêmement douloureuses et son venin est capable de tuer un humain en quelques minutes.
Naturellement, les cuboméduses ne tuent pas intentionnellement les humains. Au contraire, la cuboméduse n'ayant aucune envie de s'attaquer à plus gros qu'elle, il a été constaté à maintes reprises qu'elle tente d'éviter un obstacle de taille dès qu'elle le détecte. Dans les cas de piqûres constatés, ce sont des baigneurs qui sont entrés involontairement en contact avec elle car elle est transparente, mais ses tentacules mesurent plusieurs mètres de long. La protection la plus efficace en 2007 consiste en filets spéciaux le long des plages, mais qui n'arrêtent pas d'autres méduses plus petites et très irritantes2.
Leurs nématocystes comportent un cil sensible chimiquement au contact avec une substance qui se trouve sur les poissons, les crustacés et les humains. Ils comportent à l'intérieur une fine et longue pointe. Dès qu'ils se déclenchent, cette pointe est retournée, son intérieur devenant son extérieur, elle est projetée en 600 nanosecondes, et injecte son venin directement dans la circulation sanguine2. La petite taille des filaments urticants a pour conséquence qu’une simple tenue de protection suffit pour se prémunir des piqûres.
Le venin s’attaque en même temps au système nerveux, au cœur et à la peau5, et en cas de mort, le cœur reste en état contracté2.
Un tentacule contient des millions de nématocystes, le venin pénètre donc sur une très large surface (on estime qu’il faut un contact minimum sur 3 mètres de tentacules pour délivrer une dose létale). Notons qu’un sérum antivenimeux très efficace existe, mais il n'agit qu'en 15 minutes alors que le venin peut tuer en 5 minutes2.
Une piqûre de cette sorte de méduse peut tuer un adulte en quelques minutes, malgré tout une fillette australienne de 10 ans, Rachael Shardlow, a survécu à la piqûre dans la rivière Calliope, près de Gladstone, dans le Queensland en décembre 2009.
Certains Cubozoaires ont acquis des yeux, au nombre de 24, avec des pupilles, des cristallins et des rétines, de façon totalement indépendante d'un point de vue évolutif, ce qui les rend extrêmement dangereuses, même si elles ne cherchent pas forcément à entrer en contact avec un animal plus gros qu'elle.
La cuboméduse apparaît dans le film Sept vies avec Will Smith, sorti en 2008, où elle joue un rôle majeur dans le dénouement du film. La version en DVD propose un bonus entièrement consacré à Chironex fleckeri.

























































Persée et la Méduse
Le regard triomphe de l’œil

Guy MASSAT, Psychanalyste
Texte de l’intervention au Cercle psychanalytique de Paris (26 octobre 2006)

Dans la mélancolie, nous dit Freud, « ce qui règne dans le surmoi est une pure pulsion de mort… Un surmoi surfort fait rage contre le moi avec une violence sans ménagement comme s’il s’était emparé de tout le sadisme disponible… Ce qui règne dès lors dans le surmoi est une culture pure de la pulsion de mort... si le moi ne se défend pas contre son tyran c’est la mort » (Freud, « Le moi et le ça »). Ce surmoi est figuré dans l’histoire de Persée par la Méduse, culture pure de la pulsion de mort. L’œil de la Méduse a le pouvoir de pétrifier quiconque le croise. Il est la négation du devenir, la négation du ça, la négation de l’inconscient. C’est un œil catégorique. « Catégorie » en grec signifie procéder à une accusation : — Tu es A et pas non-A ! Tu es statique et non pas dynamique, tu n’as pas plus le droit de parler qu’un cadavre, tranche la catégorie foudroyante. Nous voilà transformés en objet. Combien de fois n’avons-nous pas été métamorphosés en statue mélancolique et muette par les yeux de quelque Méduse, les yeux de quelque grand Autre ? Heureusement, comme nous le verrons dans cette histoire, le regard, qui relève du ça, triomphe de l’œil, sphère matérielle statique et mortifère.
En ce temps là, Acrisios était le roi d’Argos, la plus ancienne ville de Grèce. Acrisios avait une fille d’une grande beauté qu’on avait nommée Danaé. Mais Acrisios se désolait de ne pas avoir de fils, alors que son grand-père Egyptus, le héros éponyme de l’Egypte, en avait eu cinquante. C’est pourquoi un jour il se décida à consulter l’Oracle de Delphes.
L’oracle est une clé faite de paroles pour ouvrir les mystères du système inconscient, lequel se trouve au-delà de notre cervelle. Mais encore faut-il que nous nous sachions interpréter les oracles avec notre « calotte acoustique » comme dit Freud.
L’oracle annonça à Acrisios qu’il n’aurait jamais de fils et que s’il avait un petit fils, celui-ci le tuerait.
C’est donc avec une profonde mélancolie qu’Acrisios rentra à Argos. Le roi se mit à songer au destin de ses ancêtres. La fatalité de la violence poursuivait sa famille. Certes, son grand-père Egyptos avait eu cinquante fils, d’épouses différentes bien sûr, mais il entretenait vis à vis de son frère Danaos qui avait lui-même cinquante filles une haine mortelle. Danaos, en effet, s’était emparé de territoires africains qui appartenaient à Egyptos. Et un jour, pour soi-disant faire la paix, Danaos proposa que ses cinquante filles épousassent les cinquante fils d’Egyptus. Ce fut un grand mariage. Sauf que durant la nuit de noces les cinquante filles de Danaos égorgèrent leurs cinquante maris.
Comme son malheureux grand-père Egyptus, Acrisios avait un frère, un jumeau, nommé Proitos. On raconte que les deux enfants se battaient déjà dans le ventre de leur mère, revivant la haine mutuelle de leurs aïeuls. Cependant, à la différence de leur grand-père et de leur grand oncle, les jumeaux étaient parvenus à s’entendre.
Ils avaient convenu que l’un régnerait sur Argos, et l’autre sur Tirynthe, cité elle-même très antique puisqu’on raconte que ce sont les cyclopes qui, en des temps préhistoriques, y ont bâti des forteresses imprenables.
Donc, contrairement à leurs ancêtres, les deux frères vivaient dans le calme, sinon en paix.
On peut se demander cependant si l’oracle de Delphes, en annonçant qu’Acrisios serait tué par son petit-fils, n’avait pas converti la haine des frères en haine du grand-père par une de ces torsions pulsionnelles dont les pulsions inconscientes ont le secret.
Comme hypnotisé par la lettre de l’oracle et n’entendant rien au langage plastique de l’inconscient, Acrisios fit construire dans les jardins de son palais une prison souterraine toute en bronze où il enferma sa fille Danaé afin que nul ne soit en mesure de lui faire le fils qui pourrait le tuer.
Prisonnière à la fleur de l’âge, la belle Danaé n’avait-elle déjà plus d’avenir, sinon de sombrer, tout comme son père, dans le trou noir de la mélancolie ?
Mais Zeus, dont le regard est capable de traverser toutes les murailles, fussent-elles en bronze et dissimulées sous la terre, promenait un matin ses yeux sur le monde quand il fut éblouit par la fraîche beauté de Danaé.
Comment séduire une jeune fille mélancolique enfermée loin du jour sinon par quelque évocation des miroitements du soleil ?
Par une nuit particulièrement étoilée Zeus se métamorphosa en une pluie d’or capable de traverser les moindres interstices des plafonds de la prison souterraine. Comme une douche bienfaisante cette pluie d’or tomba sur Danaé. À l’émerveillement des servantes de l’or apparaissait partout. Il leur tombait dans les poches sans qu’elles ne fassent rien. Dehors même, certaines feuilles d’automne se transformaient en métal précieux. On vit des poules pondre des œufs d’or et même des ânes produire de l’or quand ils soulevaient rythmiquement leur queue.
Puis, Zeus prit figure humaine et sur un lit d’or épousa Danaé.
Bientôt la princesse attendit un enfant. Ce fut un garçon à la chevelure aussi blonde que l’or et qu’elle appela Persée. Zeus n’avait-il pas percé les murs de sa prison ? Cet enfant la remplissait de joie. Désormais Danaé pouvait dire : « ma mélancolie est devenue ma joie ».
Cependant un soir où le roi Acrisios se promenait dans ses jardins il entendit venant de la prison souterraine les rires d’un enfant. Stupéfait, il fit remonter la princesse, toutes les servantes et… l’enfant. C’était la première fois que Persée voyait le jour. — Le roi interrogea chacun : De qui est cet enfant ? demandait-il en proie à un mélange de terreur et de fureur, je vous ferai tous torturer jusqu’à ce que je le sache ! Cet enfant est de moi avoua Danaé. Mais qui est donc le père ? C’est Zeus en personne, répondit Danaé. Comment est-il venu ? s’écria Acrisios. Sous la forme d’une pluie d’or, regardez, sire, il y en a partout, se justifia la jeune princesse espérant que la vue de l’or adoucirait la colère du père.
Mais l’or n’apaisa pas Acrisios. Car la richesse n’est rien quand on craint pour sa vie.
Le roi organisa une grande cérémonie purificatoire au cours de laquelle il fit sacrifier toutes les servantes et leur famille. Mais, craignant tout de même la colère de Zeus s’il supprimait l’enfant, il ordonna qu’on construise un coffre de bois où il fit enfermer Danaé et son fils. Puis, comme s’il s’agissait d’un cercueil, il demanda qu’on le jette à la mer.
Si la terre n’avait pu protéger Acrisios d’un petit-fils parricide, avec l’océan peut-être aurait-il plus de chance. Et le roi retourna à sa mélancolie.
Le coffre maudit vogua sur les flots jusqu’aux abords de l’île de Sériphos, célèbre pour ses mines d’or, où il se prit dans des filets de pêcheurs.
Le roi de cette île se nommait Polydectes, c’était un vieil homme fourbe et cruel. Il avait un frère beaucoup plus jeune que lui, Dictys, dont le nom signifie « filet » et dont le caractère, et la conduite étaient aux antipodes de ceux de son frère. C’est à Dictys que les pêcheurs amenèrent leur étrange trouvaille. Dictys ouvrit le coffre et découvrit l’enfant et la beauté radieuse de sa mère. — Persée voyait le jour pour la deuxième fois. — Dictys accueillit Danaé en sa maison. Il écouta l’histoire de cette princesse et la traita avec le respect dû à son rang. Il prit soin de Persée comme s’il s’agissait de son propre fils.
Si Danaé et Persée eurent tant de chance c’est que Zeus avait chargé Athéna et Hermès de veiller sur eux.
Le temps passa. Un jour — quelques années plus tard — le Tyran Polydectes rendit visite à son frère Dictys. Traversant les jardins, il aperçut Danaé. Devant tant de grâce et de beauté il fut submergé de désir — « Cette femme sera mienne » se dit-il. Mais, il ne put exprimer ses intentions car Dictys et Persée entouraient jalousement la princesse. Tout en la dévorant des yeux Polydictes ne cessait de complimenter Danaé. Rapidement il se rendit compte que ce n’était pas tant son frère qui présentait l’obstacle le plus difficile à ses désirs, c’était prioritairement Persée. C’était lui qu’il fallait écarter. Persée, en effet, était devenu un jeune homme plein de force et ne dissimulait guère son agacement devant les regards enflammés que le roi Polydectes lançait à sa mère. Il se montrait constamment sur le point de se fâcher et Dictys avait peine à le contenir.
Le vieux tyran eut alors l’idée d’organiser un banquet où tous les jeunes gens de son royaume étaient invités. Au cours du banquet il prétendit qu’il s’était épris de la princesse Hippodamie (laquelle deviendra, plus tard, dans une autre histoire, la mère d’Atrée et de Thyeste, les funestes frères ennemis).
Polydectes expliqua qu’il avait besoin pour réussir son projet amoureux des plus beaux présents. Il comptait sur les jeunes gens pour lui donner des idées. Comme Hippodamie était une jeune femme connue pour sa passion des chevaux, chaque courtisan affirma pouvoir offrir le meilleur cheval. Seul Persée ne disait rien. Polydectes s’adressa alors au jeune homme : « Et toi que pourrais-tu offrir ? »
Persée répondit : « Puisque je vous vois disposé à laisser ma mère tranquille, et que vos sentiments ont changé en faveur d’Hippodamie, je suis prêt à vous offrir le cadeau le plus extraordinaire… fusse la tête de Méduse dont les yeux arrêtent tout changement ».
Polydectes sauta sur l’occasion : « Rien ne me ferait plus plaisir, dit-il, que tu m’apportes comme présent la tête de Méduse, nul doute que ma belle Hippodamie en sera favorablement impressionnée ! »
Méduse est une des trois Gorgones. La seule qui soit mortelle. Mais où se trouvent-les Gorgones ? Elles sont aux portes de la nuit, dans un au-delà glacé et cruel. Certes, chacun possède ses propres portes de la nuit, mais nul ne sait où elles se situent car elles se déplacent sans cesse. Quel chemin prendre ? La proposition de Persée prenait des allures de projet irréalisable. Où trouver les Gorgones ?
Persée eut alors l’idée d’aller interroger les Grées. Les Grées, sont aussi anciennes que les Gorgones, mais elles habitent notre monde. Les Grées sont « les vieilles femmes ». On peut les rencontrer facilement. Tout le monde pense en avoir vu. Mais les Grées sont des vieilles femmes très spéciales car elles n’ont jamais été jeunes : elles sont nées vieilles avec l’apparence qu’elles ont quand on les voit : toujours vieilles. — On a parfois cette impression quand on est enfant ; on n’imagine pas que les vieilles personnes aient pu être jeunes.
Comme les Gorgones, les Grées sont trois sœurs, Enyo, Péphrédo, et Dino. Leur peau fanée est toute ridée. Mais le plus frappant c’est qu’elles n’ont qu’un œil et qu’une dent pour elles trois. Elles sont cependant moins désavantagées qu’on ne pourrait le croire car elles peuvent se passer à tour de rôle cet œil et cette dent sans interruption, de sorte que leur œil, pareil à une lanterne tournante, est toujours aux aguets, et que leur dent unique, grâce à sa mobilité, est capable, telle une scie, de déchiqueter n’importe quoi.
Les Grées ne sont pas aimables. Elles n’aiment pas répondre aux questions. Alors, quand Persée s’approcha des Grées, elles se dirent simplement : « Ce jeune homme se présente comme un excellent repas ! »
Elles commencèrent, comme dans un jeu d’équipe, à se passer l’une à l’autre leur dent unique en cherchant le moment opportun pour la planter dans cette nouvelle proie.
Mais entre le moment où l’une des Grée passe sa dent à l’autre et où l’autre la reçoit, il se marque un court intervalle de temps. Cet espace de temps fut plus que suffisant pour que, d’un geste preste, Persée se saisisse de la dent. Les Grées effrayées se passèrent précipitamment leur œil pour photographier l’escamoteur de dent. Mais le regard de Persée était si prompt qu’il saisit l’instant du passage de l’œil de l’une à l’autre pour, de sa main agile, s’en emparer comme il l’avait fait de la dent.
Aveugles et sans dent les trois immortelles implorèrent Persée de leur restituer ce qu’il avait pris. En échange, promirent-elles, elles répondraient à toutes ses questions. Je cherche l’endroit où se trouvent les Gorgones, dit Persée. Bien que les Gorgones soient nos sœurs, nous ne savons pas où elles sont, gémirent les Grées. Nous sommes fâchées depuis longtemps. Mais nous pouvons t’indiquer où se trouvent les Nymphes qui, elles, pourront satisfaire ta demande.
Persée rendit la dent et l’œil et se rendit chez les Nymphes.
Contrairement aux Grées les Nymphes sont des jeunes filles gracieuses et accueillantes. Ce ne sont pas des obsédées sexuelles, des nymphomanes, comme le prétendent certains. En anatomie nymphe a d’abord désigné le clitoris puis les petites lèvres. Nympheum c’était « la fontaine consacrées aux muses ». Le mot nénuphar, symbole de beauté et de fertilité en provient. Certes, on peut devenir nympholepton, « possédé par les nymphes », c’est-à-dire rendu fou. Mais le plus souvent les Nymphes se montrent telles qu’elles sont des jeunes filles charmantes.
Sans hésitation les nymphes expliquèrent où se cachent les Gorgones et comment Persée pouvait s’y rendre. Mais elles lui conseillèrent vivement de faire appel à Athéna et à Hermès. Eux seuls, qui sont ses parrains, pourraient l’aider dans cette tâche consistant à s’aventurer là où l’homme, comme disent les gens du conscient, ne doit jamais aller voir.
Par ailleurs, Athéna savait que la Méduse était enceinte et ne voyait pas d’un bon œil que cette Gorgone ait une descendance. En effet, Méduse s’était éprise de Poséidon à la chevelure bleue. L’Océan Poséidon, parce qu’il se meut sans cesse, est le seul être capable d’avoir des relations sexuelles avec les Gorgones et d’éviter leurs yeux dont la rencontre risquerait de transformer toutes les eaux du monde en minéral.
Par l’intermédiaire des Nymphes, Athéna offrit donc à Persée une gibecière spéciale, la kybissis dans laquelle il pourrait enfermer la tête de Méduse. Puis elle promit au héros qu’il pourrait faire appel à son bouclier si besoin était. Hermès prêta à Persée la harpè, cette faucille aux dents d’acier qui coupe tout, quelle que soit la dureté qu’elle rencontre. On pourrait penser qu’une faucille est une arme un peu simple, un modeste instrument de paysan. Ce serait ignorer qu’une faucille est en réalité une branche de spirale qui, mise en mouvement, a le pouvoir tourbillonnant d’un cyclone.
Hermès lui prêta aussi ses sandales ailées qui permettent de voler à la vitesse des aigles de Zeus, et il lui confia encore le casque d’Hadès qui rend invisible dès qu’on le porte. Hadès est le souverain des morts et ce casque représente la situation des morts : l’invisibilité. Néanmoins, comme il est fait de peaux de chien, il dégage une sale odeur d’animal crevé. « Va, Persée, lui dirent les Nymphes, va, ou arrive là où tu ne peux pas », selon l’expression consacrée. »
Grâce aux sandales d’Hermès, Persée vola jusqu’à cet au-delà cruel et glacé des portes de la nuit. Il aperçut une grotte dont l’ouverture étrange évoquait l’origine du monde. C’était là.
Mais qui est véritablement Méduse ?
Il y a trois Gorgones, trois comme les boucles d’un nœud topologique, ou les trois hypostases du temps, car les choses du passé peuvent nous pétrifier, tout comme celles du présent ou celles de l’avenir. Elles s’appellent Sthéono (la force), Euryalé (l’opulente) et Méduse (la reine). On les dit les filles incestueuses de monstres marins appartenant à la première génération mythologique, Phorcys et Ceto qui étaient frère et sœur.
D’autres sources en font les filles du terrible Typhon qui faillit vaincre Zeus en lui arrachant ses nerfs et ses tendons.
En tout cas Sthéno (la force du passé) et Euryalé (l’opulence de l’avenir) sont immortelles, seule Méduse, la reine (le présent) est mortelle.
D’autres récits attribuent à Méduse une origine très différente. En des temps indéterminables, elle aurait été une jeune mortelle d’une grande beauté, mais d’une beauté terrifiante, comme celle des fleurs carnivores. On l’avait nommée Gorgo, nom qui signifie terrible en grec archaïque. C’est ce nom Gorgo qui a donné l’appellation de Gorgone : la terrifiante. Si convaincue de ses charmes, Gorgo prétendait qu’elle était plus belle qu’Athéna, notamment à cause de sa longue chevelure.
Que signifie « être plus belle qu’Athéna, et à cause d’une chevelure » ? Les dieux de la mythologie ne sont que des figures du devenir qui n’a ni commencement ni fin. En revanche, chez les mortels, la jeunesse n’est pas éternelle. Dire qu’on est plus belle qu’Athéna, c’est soutenir le contraire. C’est refouler le devenir et prétendre que la beauté statique de l’être serait supérieure à celle du devenir. Certes, une longue chevelure est promesse de filiation et les hommes aiment se reproduire comme ils sont fiers de leur généalogie. Mais alors que dans la perspective du devenir les êtres éphémères nous remplissent de joie, dans le statisme de l’être tout finit dans la mélancolie. Comme disait Schopenhauer, on ne fait pas autre chose que « balancer comme un pendule de la souffrance à l’ennui et de l’ennui à la souffrance ». Inverser les valeurs de l’être et du devenir est une erreur funeste, un cauchemar d’imbécile. Punir Gorgo qui incarne cette arrogance, c’est corriger l’humanité du fantasme de l’être. C’est une protection pour les humains.
Afin d’illustrer pour tous cette vérité, Athéna transforma les cheveux de Gorgo en autant d’horribles et longs serpents évoquant les tentacules des méduses de mer qui sont capables de durcir les muscles jusqu’à ce qu’ils soient pareils à des pierres. Athéna changea le corps de Gorgo en une sorte de globe d’airain visqueux, à la fois mou et dur, d’où sortaient des mains de bronze et sur son dos elle fit surgir des ailes de cuivre. Le bronze qui constitue les mains des Gorgones est mélangé à de l’arsenic comme on faisait à l’âge du bronze pour le rendre plus dur. Les mains de bronze expriment la pesante conscience de durer en son être.
Avec leurs ailes de cuivre rouge, les Gorgones peuvent voler à la manière des mouches. Elles peuvent se poser indifféremment au plafond ou à la verticale de n’importe quelle paroi. De leur bouche sortent d’horribles défenses de sanglier qui leur permettent de dévorer n’importe quoi comme le font les cochons sauvages. Mais le plus terrible restent leurs yeux, miroirs sidérants comme la conscience. Ils peuvent réfléchir mais ne peuvent pas voir. Ces yeux cacodyles, c’est-à-dire bouillant et fixant les atomes, peuvent pétrifier n’importe quoi, démontrant par là que la conscience d’être est une maladie narcissique.
Pourquoi les yeux des Gorgones nous pétrifient-ils ? Parce nous aussi portons au fond des yeux ce même désir pathologique d’une immortalité qui ne serait pas celle du devenir. Dans cette perspective nous pouvons interpréter « la sphère de Parménide » qui inaugure la philosophie de l’être comme un globe oculaire de Gorgone : « Ce qui est est, ce qui n’est pas n’est pas ». Telle est la négation du devenir contre quoi la sagesse de Zeus comme celle d’Athéna nous préviennent.
Aristote, en inventant le principe d’identité, qui pétrifie les choses est-il un autre descendant des Gorgones ? Kant avec ses impératifs catégoriques en est-il un arrière petit neveu, et les mauvais photographes qui transforment les êtres mouvants en images immobiles sont-ils les derniers descendants de la Méduse ?
Si vous vous essayez à faire un oeil pétrifiant, il vous semblera que vos yeux se mettent à la verticale, telles des fusées. Mais les yeux des Gorgones se mettent vraiment à la verticale comme des boules qui deviendraient des colonnes étroites, comme des zéros qui se transformeraient en un, cet un qui nécessairement pour être un nie l’autre, les autres, le devenir et la vie. L’Un, nul ne sait s’il s’agit d’un corps compact ou d’une fente. C’est l’œil tranché et tranchant de la mère phallique où se confondent toutes les dimensions de la conscience.
Pour entrer dans la grotte des Gorgones Persée se rendit invisible. Au détour d’une anfractuosité il aperçut bientôt les trois horribles sœurs qui dormaient en ronflant. Mais l’odeur de cadavre qu’exhale la coiffe du dieu des morts fit renifler la Méduse. Elle entrouvrit un oeil. Y a-t-il quelqu’un ? se demanda-t-elle. Elle ne voyait rien. Cependant l’œil à demi fermé du monstre suffit à Persée pour comprendre que même invisible il ne pourrait y faire face sans être pétrifié. Il risquait de finir en invisibilité solide. Son projet de meurtre lui parut soudainement impossible. Il pensa renoncer. Allait-il repartir comme il était venu ? C’est à ce moment qu’intervînt l’ingéniosité d’Athéna. Pour protéger Persée elle plaça l’envers de son bouclier face à la Gorgone.
Le bouclier d’Athéna est fait d’une peau magique, la peau de la chèvre Amalthée, celle avait nourri et élevé Zeus, en Crète, lorsqu’il était enfant. On appelle le bouclier d’Athéna « l’Égide » mot qui signifie « peau de chèvre » et qui a pour sens figuré « ce qui défend et protège ». Ce bouclier est doublée de bronze et porte des incrustations d’or, d’argent, d’ivoire, et d’un émail blanc appelé le titanos, de sorte qu’inversée l’égide se présente comme miroir concave. Persée s’approcha donc de la Méduse à reculons seulement en regardant dans ce rétroviseur improvisé par la déesse. L’image spéculairement retournée que donne tout miroir permet d’abolir le pouvoir des monstres qui nous dévisagent. La Méduse ne voyait plus que ce point lumineux qu’était le bouclier d’Athéna dans lequel ses yeux se réduisaient à des taches. Méduse regardait s’avancer vers elle un miroir où elle ne trouvait que sa propre réflexion. La vision se scinde entre l’image et le regard qui triomphe de l’œil. Les miroirs réfléchissent mais ne peuvent pas voir. Persée avançait donc à reculons, ajustant ses pas et ses gestes aux formes inversées que lui renvoyait le bouclier d’Athéna. Et, à l’instant opportun, d’un seul coup, il trancha la tête de Méduse et l’enferma dans sa Kybissis.
Persée s’écria : « Méduse, je n’étais pas où tu me regardais ». — C’est mon propre regard qui a triomphé de ton œil car la mobilité du regard est plus forte que n’importe quel œil. Les yeux ne sont que des objets statiques. Le mouvement et la vitesse n’appartiennent qu’au regard.
Un poème zen dit : « je regarde la montagne et la montagne me regarde ». Qui est alors la Méduse de l’autre ? Qui vampire qui ? Les objets nous regardent, non seulement ils nous intéressent mais ils ont en quelque sorte des yeux qui nous fascinent et nous bloquent. Il n’y a que le regard pour transcender toute chose.
Les deux autres Gorgones, Euryalé et Sthéno, s’éveillèrent au moment même où Persée tranchait la tête de Méduse. Elles poussèrent des hurlements stridents et s’agitèrent en tous sens. Persée, toujours invisible mais repérable à sa puanteur, put prendre la fuite grâce à la puissance de ses sandales. Les deux Gorgones le poursuivirent mais bientôt elles perdirent la trace de son odeur dans l’espace.
Dans l’antre de Méduse et de son cou coupé surgirent comme d’un vagin, les deux êtres conçus de son accouplement avec Poséidon : Pégase, un cheval ailé, et Chrysaor un guerrier brandissant une épée d’or. Pégase deviendra le cheval de Bellérophon qui, grâce à lui, pourra tuer la Chimère ; ensuite, rempli d’orgueil, Bellérophon tentera de monter jusqu’à la demeure de Zeus. Mais le souverain suprême des dieux et des hommes le précipitera sur la terre où l’orgueilleux se brisera en fragments indistincts.
Quant à Chrysaor il s’unit à une fille d’Océan pour engendrer Géryon, un géant composé de trois corps qu’Hercule supprimera à coup de massue.
Où allait Persée sur ses sandales volantes ? On raconte qu’il croisa Atlas, ce géant fils d’Ouranos et frère de Chronos qui portait le ciel sur ses épaules. Le Titan fit un geste pour éloigner Persée comme on chasse un moustique. Persée sortit alors de sa kibisis la tête de Méduse et les yeux de Gorgone transformèrent Atlas en montages éponymes.
Mais où allait Persée ? Où le menait son chemin, sinon vers l’amour ? Car c’est seulement après avoir rompu avec les yeux maudits de quelque Gorgone que l’on est apte à rencontrer l’amour.
Persée allait maintenant rencontrer sa future épouse, la belle Andromède.
Le souverain d’Aithiopia, le pays des bienheureux (parce qu’ils vivent au plus près du soleil, selon les Grecs ) s’appelait Céphée. Il était le père de la splendide Andromède. Mais la reine Cassiopée, l’épouse de Céphée, prétendait être plus belle que les Néréides, les merveilleuses divinités de la mer. Un jour même elle fit annoncer dans tout le royaume qu’elle était plus belle qu’Héra, l’épouse de Zeus.
C’en était trop, Héra en colère, et pour les raisons que nous avons déjà expliquées (Gorgo se disant plus belle qu’Athéna) chargea Poséidon de confondre l’outrecuidance de cette mortelle. Le dieu de la mer, qui est, de plus, le père des Néréides, fit alors annoncer dans toutes les villes d’Aithiopia qu’un monstre marin détruirait le pays à moins que Céphée ne lui offre sa fille comme épouse, comme proie, ou les deux à la fois.
Le peuple terrifié demanda au roi Céphée de consentir à ce sacrifice pour protéger son peuple.
Andromède fut donc attachée par des rivets de fer, nue, jambes et bras écartés, à un rocher au bas d’une falaise pour que le monstre puisse venir la chercher quand bon lui semblerait.
C’est à ce moment que la vue perçante de Persée l’aperçut. Andromède était aussi splendide que Méduse était terrifiante. Persée comprit immédiatement que c’était la femme de sa vie. Il alla trouver Céphée pour se faire expliquer la situation. Persée annonça alors au roi qu’il pouvait tuer le monstre, sauver son royaume, et délivrer sa fille s’il acceptait de la lui donner en mariage. Le roi et la reine acceptèrent cette proposition inespérée.
Fort de son expérience du miroir Persée échafauda rapidement une stratégie pour délivrer la belle Andromède.
Porté par ses sandales magiques il attendit le monstre dans les airs, entre le soleil et la mer, de telle façon que seule son ombre et celle de sa harpè se projettent à travers les eaux. Le monstre arriva, et confondant la réalité avec ses ombres, il se précipita rageusement sur le leurre. C’est à ce moment que Persée du haut du ciel, tel un oiseau de proie, fonça sur lui et le tua.
Il délivra aussitôt Andromède de ses liens, l’installa sur la plage d’une petite crique, et là, à l’abri de tous les regards, Andromède se donna à lui.
Mais tout ne concourrait pas à l’union de leur passion. En effet, comme Persée avait déposé près de lui le sac contenant la tête de Méduse, durant ses ébats amoureux ses pieds renversèrent la kybissis. Du coup, les yeux de la Gorgone apparurent au jour. Heureusement ils n’étaient pas du côté des amants. Heureusement car même quand on est mort les yeux regardent encore. Preuve en est que sous les yeux de Méduse les algues si souples du bord de mer se trouvèrent soudainement solidifiées, pétrifiées, rendues aussi solides que des coraux sanglants. On raconte même que c’est là l’origine des coraux de la mer rouge et même de ceux d’Australie.
Persée réussit pourtant à corriger sa maladresse en renfonçant dans la kybissis la tête de Méduse sans la regarder. Puis, reprenant Andromène dans ses bras, et grâce aux sandales d’Hermès, il se rendit rapidement à Sériphos, l’île aux mines d’or.
Là, sa mère, la belle princesse Danaé, et Dictys l’attendaient réfugiés dans un temple de Zeus pour échapper aux harcèlements du vieux tyran Polydectès. Les retrouvailles furent pleines de joies. Non seulement Persée avait accompli sa mission mais il revenait avec une magnifique fiancée. Danaé et Andromède s’entendirent parfaitement.
Persée chargea Dictys de faire savoir au roi qu’il était de retour et qu’il avait un cadeau pour lui. Il le lui apporterait si le tyran voulait bien organiser un banquet, comme la première fois, où seraient réunis tous ses courtisans, jeunes et vieux.
Polydectes ne crut pas un instant que Persée ait réussi à couper la tête de Méduse. Au contraire il était persuadé que Persée venait lui annoncer son échec, lui offrir une compensation et demander son pardon. Cet échec permettrait au roi de contraindre Persée à ne plus s’opposer au mariage avec sa mère.
Polydectes organisa donc dans la plus belle salle de son palais une grande fête. Tous ses partisans s’y réunirent pour manger et boire en attendant de se moquer du cadeau de Persée. Bientôt notre héros arriva. Il se tint debout dans l’embrasure de la porte.
« Alors que m’apportes-tu ? ricana Polydectès, une tête de veau aux yeux exorbités ? Mais, cela ne fait rien je te pardonne car cette tâche était impossible. Je vous apporte ce que vous m’aviez demandé » rétorqua Persée.
Tous les convives se tournèrent vers lui. Persée ouvrit alors sa kybissis et brandit à bout de bras la tête de Méduse. En un instant le roi et tous ses partisans, et jusqu’au serviteurs, furent figés sur place dans la position qu’ils occupaient. Certains en train de boire, d’autres de manger, d’autres de se passer les plats. Le roi fut pétrifié, debout, glacé de terreur, dans un sourire grimaçant. Tous les protagonistes étaient devenus semblables aux personnages du musée Grévin ou de quelque salon de sculptures hyperréalistes.
Alors, après cet événement, le bon Dictys, à la demande générale, prit le pouvoir de Sériphos. Dans une prestigieuse cérémonie il épousa Danaé en même temps que Persée épousait Andromède.
Puis Persée alla retrouver les Nymphes pour leur rendre les instruments magiques qui lui avaient permis la victoire, afin qu’elles les remettent à leur propriétaires : la harpè, les sandales magiques, le casque d’Hadès, la kybissis.
Persée fit don de la tête de Méduse à Athéna qui la plaça sur son bouclier où désormais elle pétrifie les ennemis du devenir, la suprême sagesse.
Persée songea ensuite à son grand-père, le roi d’Argos. Par sa mère il connaissait son histoire. Acrisios avait mal agi à cause de l’oracle qui prédisait que son petit fils le tuerait. Mais Persée n’avait nullement l’intention de tuer son grand père. Il pensa qu’il était en mesure de le lui expliquer pour le rassurer et rétablir une bonne entente. C’était aussi ce que souhaitait Danaé. Le devenir permet le pardon que la conscience vengeresse refuse.
Persée prit donc le chemin d’Argos, mais cette fois en voyageant comme tout le monde, et avec toute sa famille.
En apprenant que son petit-fils Persée se rendait à Argos le grand-père Acrisios eut si peur qu’il prit un nom d’emprunt, se déguisa, et alla se cacher dans une autre ville. Quand Persée arriva nul ne put lui dire ce qu’était devenu son grand-père.
Or dans la ville où s’était réfugié Acrisios c’était la saison où l’on organisait un concours de lancement de disque. Persée voulut y participer. Il se rendit dans la ville et s’inscrivit au concours. Quand ce fut son tour il envoya son disque si loin qu’il dépassa le stade et atteignit les tribunes. Le disque ne tomba pas sur n’importe quoi, mais très précisément sur le pied d’Acrisios, qui assistait aux jeux. Le pied fut sectionné mieux que n’aurait pu le faire un coup de hache. Acrisios mourut sur le coup. Les amis qui l’accompagnaient firent savoir qu’il ne s’agissait pas d’une victime ordinaire mais bien du roi d’Argos.
Voilà que le trône d’Argos devenait libre et revenait de droit à Persée. Mais Persée désolé de cet accident refusa de monter sur le trône dans de si funestes conditions. Il eut alors l’idée d’aller voir Proitos, le frère jumeau d’Ascrisios. Il lui raconta ses exploits et son désir de mettre fin à la fatalité des violences familiales. Convaincu par son neveu, Proitos accepta la royauté d’Argos, mais à la condition légitime que Persée le remplace sur le trône de Tirynthe. Cette permutation de pouvoir marqua la réconciliation générale.
À Argos cependant, du temps d’Acrisios, le gouvernement avait refusé, refoulé le culte de Dionysos. Dionysos figure le ça. Le dieu deux fois né, c’est ce que signifié son nom, avait alors frappé les femmes de folie. La folie c’est le retour du refoulé. Les femmes erraient nues dans la campagne et certaines dévoraient leurs propres enfants. Persée sera le premier à rétablir la paix en défendant le culte de Dionysos, c’est-à-dire la dimension du ça.
Persée vécut de longues années avec Andromède. Ils eurent sept enfants : Alcée, Sthénelor, Héléos, Mestor, Electryon et Persès qui devint le fondateur légendaire de l’empire des Perses à qui il donna son nom. Pour septième enfant, Persée et Andromède eurent une fille qu’ils appelèrent Gorgophoné « la tueuse de Gorgone ».
Quand Persée mourut, Zeus l’immortalisa en une constellation. Quand Andromède mourut c’est Athéna qui l’immortalisa en constellation. Ces constellations ne sont pas des mondes virtuels. Les étoiles scintillantes qui les composent affirment pour ceux qui savent les entendre, que l’histoire de Persée et sa victoire sur la Gorgone est une dimension éternelle que l’on retrouve, d’une manière ou d’une autre, dans l’histoire de tout être vivant.
L’histoire de Persée montre que dans le système inconscient — pas dans le conscient bien sûr — il nous faut rechercher et décapiter nos propres Gorgone et tuer notre grand-père. Dans l’inconscient le père est grand, c’est un « Grand Père », un « grand Autre » qu’il nous faut rayer pour devenir sujet.
Le Maître Zen Lin-tsi ne disait-il pas dans ses entretiens (« Les entretiens de Lin-tsi », Demiéville) : « Si vous rencontrez le Bouddha, tuez-le ! Si vous rencontrez les patriarches, tuez-les ! Si vous rencontrez vos parents tuez-les ! »
La Méduse c’est, comme son nom l’indique, ce qui est capable de pétrifier les corps, mais aussi les esprits et même l’infini. Le matérialisme pétrifie les corps en substance ; Platon et ses descendants ont pétrifié les esprits ; les religions ont pétrifié l’infini. Il y a des Méduses pour les sensations, les sentiments, l’intellect, la mémoire, l’économie, les idées. Heureusement il y a toujours, venu de l’inconscient, quelque héros qui, comme Persée, tranche la tête, dans tel ou tel domaine, de ces maudites Gorgones.
Telle est le bon message de la Mythologie.
La physique quantique a désubstantialisé l’univers physique. Nietzsche a dépétrifié la philosophie. L’athéologie nous a fait trouver un infini plus vaste que celui de Dieu. Enfin, Freud et Lacan ont dépétrifié le langage.






Un rare prédateur de méduses:




Une soupe de méduses














Valérie Belin. Untitled




Ernest Pignon-Ernest




Ensemble de Mandelbrot et queue d'hippocampe













Caput medusae
La tête de méduse désigne la présence d'un important réseau veineux dont le siège est situé sous la peau autour du nombril. Cette dilatation des vaisseaux s'observe quelquefois au cours de la cirrhose de Laennec.
La tête de méduse désignait également une dermatose (maladie de peau) due à la dilatation des veines du cuir chevelu et du front.
Le terme lacis veineux désigne un entrelacement de veines, un réseau veineux.
 
Cette affection cutanée est le résultat d'une circulation intracrânienne (à l'intérieur du crâne) perturbée, suite à la présence de minuscules thrombus (caillots sanguins) et d'inflammation des parois veineuses des sinus (cavités creusées dans les os  du crâne.

La présence d'obstacles au niveau de la circulation hépatique (du foie) entraîne l'apparition d'une hypertension portale c'est-à-dire l'élévation de la tension artérielle à l'intérieur du système porte correspondant la circulation du foie d'où l'apparition de la tête de méduse.



Publicité pour Bismuloxane, Lab. de l'Hépatrol. Bouclierdu XVI° siècle

Laboratoire de l'Hépatrol
Série des Boucliers pour Bismuloxane "Protection gastrique et intestinale". Rondache italienne 2° moitié du XVI° siècle, Musée de l'Armée.








L'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, rue vieille du temple à Paris.








Le collagène de type V


rôle du collagène V (Florence Ruggiero)
Au cours de ces dernières années, notre intérêt s'est porté plus spécifiquement sur le collagène V. De fait, ce collagène, encore peu étudié d'un point de vue structural et fonctionnel, se distingue des autres membres de cette famille par de nombreuses caractéristiques. Celles-ci concernent à la fois la structure primaire des chaînes qui le composent, la présence de modules qui lui sont propres et la diversité des stœchiométries dont certaines partagées avec son homologue dans les tissus cartilagineux, le collagène XI. S'ajoutent à cette liste une maturation spécifique, un rôle dans le contrôle de la formation des fibres et une présence accrue dans certaines pathologies. Enfin, alors que ce collagène est particulièrement abondant dans la cornée, les mutations spontanées des gènes codant le collagène V chez l'homme provoque une pathologie appelée le syndrôme Elher-Danlos, pour lequel les défauts sur la peau et les tendons sont les plus marquants.Maîtriser les techniques de production de protéines recombinantes a été un choix prioritaire au sein de notre groupe, et c'est vers l'ingénierie des collagènes que s'est orienté notre travail. Les approches recombinantes développées pour produire les molécules de collagène V, ou des domaines restreints, ont constitué une aide précieuse pour contourner les difficultés inhérentes à la rareté du collagène V dans les tissus. De fait, nous avons pu, par expression dans des cellules eucaryotes, proposer la première caractérisation d'une stoechiométrie rare, l'homotrimère [a1(V)]3 (9) et étudier les clivages des extrémités N et C-terminales de cette molécule (en collaboration avec le Dr. E Kessler, Tel-Aviv), (36). Des travaux sur les mécanismes d'assemblage des chaînes a1(V) et a2(V) lors de transfections concomitantes des deux ADNc respectifs sont en cours.Enfin, un autre aspect de ce travail a consisté à aborder l'aspect structural et fonctionnel de la molécule. Nous avons exprimé dans un système procaryote des domaines restreints de la molécule, comme le site de liaison à l'héparine présent sur la chaîne a1(V) et définir les acides aminés impliqués dans l'interaction collagène V/héparine. Un nouveau motif d'interaction avec l'héparine et les héparanes sulfates présents dans la matrice extracellulaire a été proposé (12, 30).De plus, la production de l'homotrimère recombinant nous a permis d'en étudier le rôle dans la formation des fibres en association avec le collagène I. Cette étude a montré que cette isoforme, minoritaire dans les tissus et vraisemblablement exprimé uniquement dans l'embryon, aurait un rôle distinct de l'hétérotrimère, forme la plus abondante dans les tissus. Alors que l'hétérotrimère régule le diamètre des fibres, l'homotrimère n'est pas incorporé dans les fibres de collagène I, mais en s'associant à leur surface il pourrait favoriser les interactions entre les fibres et d'autres partenaires moléculaires et/ou cellulaires présents dans les tissus (35).

Si le rôle du collagène V dans la formation des fibres avait été pressenti dès les années 90, la possibilité pour ce collagène d'interagir avec les cellules demeurait un champ d'investigation largement ouvert. Depuis, nos travaux et ceux d'autres laboratoires ont montré la multiplicité des récepteurs membranaires capables de se lier de façon spécifique au collagène V. En effet, en collaboration avec différents laboratoires, nous avons montré que ce collagène V pouvait activer certains récepteurs cellulaires comme les intégrines a1b1 et a1b2, le protéoglycanne membranaire NG2 (8) et les récepteurs à domaine discoïdine DDR1 et DDR2, dont les rôles dans la différenciation cellulaire sont cruciaux (29). De plus le site de liaison à l'héparine se comporte comme un site adhésif et peut se lier aux récepteurs de type protéoglycannes à héparane sulfate (12). Il est ainsi devenu un candidat idéal pour déclencher des réponses cellulaires spécifiques adaptées à de nombreux évènements qu'ils soient physiologiques ou pathologiques.
Les matrices extracellulaires "mutables" des Echinodermes (Jean-Yves Exposito)
Une caractéristique très particulière des Echinodermes est leur capacité de changer très rapidement la consistance de certains de leurs tissus riches en collagène. Le phénomène est spectaculaire chez l'holoturie qui peut se rigidifier dans un premier temps lorsqu'on la touche, jusqu'à se désorganiser lors de pressions successives. Il est également exemplaire dans les ligaments qui maintiennent les piquants de l'oursin. Ces tissus sont appelés "Tissus Collagène-Mutable" ou MCT pour "Mutable Collagenous Tissues"Notre but est de comparer la structure et les composants des matrices extracellulaires d'oursin au cours de l'embryogenèse et dans les tissus adultes.Chez l'embryon, nous avons montré que les fibrilles de collagène ont un diamètre constant de 25 nm. Elles présentent périodiquement à leur surface de larges extensions correspondant au domaine N-propeptide de la chaîne de collagène fibrillaire 2a qui comporte 12 répétitions d'un nouveau module appelé SURF pour "Sea Urchin Fibrillar module" (2). Des études phylogénétiques (3, 26) et fonctionnelles nous ont permis de suggérer un modèle permettant de tracer l'évolution des collagènes fibrillaires de mammifères à partir d'une chaîne ancestrale (23). Dans ce modèle, la première fonction des collagènes fibrillaires a été la formation de fines fibrilles de diamètre constant, l'élément primordial étant la courte séquence hélicoïdale du domaine N-propeptide. Pour cette raison, nous avons débuté un programme d'ingénierie moléculaire, et avons produits différentes molécules recombinantes variant au niveau du court segment hélicoïdal. Pour l'instant, nous avons pu produire de manière satisfaisante ces protéines recombinantes (25).
Dans les tissus adultes, les fibrilles ont un diamètre variable, et sont retrouvées sous forme de faisceaux dans les tissus dits mutables de l'oursin. Ces tissus sont spécifiques des Echinodermes. Plusieurs éléments spécifiques de ces matrices mutables ont été caractérisés, et plus particulièrement une protéine localisée entre les fibrilles, la fibrosurfine (32). La fibrosurfine comporte principalement des domaines EGF liant le calcium et treize domaines SURF. D'autres protéines retrouvées dans les tissus mutables possèdent des domaines SURF, dont une nouvelle chaîne de collagène fibrillaire (5a). Chez l'adulte nous avons montre que les molécules de collagènes fibrillaires étaient de type (1a)22a (24). Chez l'embryon, nous avons observé le maintien du domaine N-propeptide de la chaîne 2a dans les fibrilles, ce domaine étant absent des fibrilles matures dans les tissus adultes. La chaîne 5a est présente dans les fibrilles des tissus mutables, probablement sous forme mineure, et conserve son domaine N-propeptide. Des fibrilles hétérotypiques sont donc déjà présentes chez les Invertébrés deutérostomiens.

 valorisation de matrices extracellulaires de méduses (Franc JM)
Depuis 1997, plusieurs contrats de collaboration scientifique ont été passés avec une Société industrielle située près de Rennes, la Société JAVENECH. Ce travail a reçu l'appui technique de Mmes J. COMTE (1er contrat), de Mme S. FRANC et de M. HANSSEN (2°contrat). Ces travaux ont conduit à plusieurs résultats :- La caractérisation du collagène présent dans la matrice extracellulaire (MEC) de médusesdu genre Rhizostoma, nous a permis de montrer que ce collagène est proche du collagène de type V des vertébrés. Un protocole d'extraction répondant aux impératifs d'innocuité sanitaire (absence de réactifs d'origine bovine) et tenant compte de l'équipement industriel dont disposait la Société JAVENECH a été proposé ; les tests de vérification du produit ont été réalisés.
- Parallèlement à l'étude du collagène, l'examen des extraits de méduses Rhizostomes fournis par la Société JAVENECH nous a permis de mettre en évidence la présence, dans ces extraits, d'une glycoprotéine de structure assez proche de la fibrilline des vertébrés. Ce résultat (qui s'accorde avec ceux de Reber-Müller et coll. (1995, Dev. Biol., 169, 662-672.) a suscité la signature d'un second contrat portant sur la "Mise au point d'une méthode de routine simple pour l'identification et la quantification de la protéine de type fibrilline contenue dans des extraits JAVENECH obtenus à partir d'animaux marins".


Dernière mise à jour : 
25/07/2003
Nom : 
Javenech
Forme Juridique : 
Société anonyme (SA)
Adresse : 
7 Rd a Kastler



35133 JAVENE
Téléphone
00
Fax : 
00
E-Mail : 
Site internet : 
Description d'activité : 
Fabrication de produits pharmaceutiques de base



L’Acide Hyaluronique : véritable "éponge moléculaire"


L’acide hyaluronique est un biopolymère de haut poids moléculaire capable de retenir une quantité d’eau supérieure à mille fois son poids. Véritable "éponge moléculaire", il joue un rôle essentiel dans la protection des tissus et dans la lubrification des articulations. Ses propriétés viscoélastiques intéressent le domaine médical (chirurgie oculaire et articulaire), mais également l’industrie cosmétique qui l’utilise dans nombreuses de ses préparations (crèmes, rouges à lèvres, laits...).La Société HTL


HTL, filiale des sociétés JAVENECH et CAREF a été créée en 1991 pour assurer le développement industriel de la production d’acide hyaluronique par fermentation, procédé développé par CBB Développement et la Société JAVENECH.


La Société HTL actuellement dirigée par Madame Michèle RANSON, a nécessité 8 millions de francs d’investissement. Elle a bénéficié pour cela d’une avance remboursable dans le cadre du programme BRITTA.

L’intervention de CBB Développement



Conscient des applications potentielles offertes par le composé et des avantages présentés par un procédé de fermentation (comparativement à l’extraction à partir de crêtes de coq), CBB Développement s’est lancé dès 1989, dans la mise au point du procédé. Les premiers essais de faisabilité réalisés en laboratoire, après une recherche bibliographique approfondie, se sont avérés encourageants et ont été optimisés. La société JAVENECH implantée à Fougères et déjà spécialisée dans l’extraction d’un biopolymère (ADN) a relevé le défi et accepté le transfert de technologie. La mise en commun des compétences a permis la réalisation d’essais semi-industriels confirmant l’intérêt de la fermentation et la qualité du produit.




Méduses et crèmes anti-rides

L’imposante méduse Rhizostome n’est pas très urticante. Elle est donc très prisée des industriels qui ont mis au jour son secret : Rhizostome est constituée d’un collagène de type V, c’est-à-dire pratiquement identique au collagène embryonnaire épidermique de l’homme.
Or le collagène est une protéine présente à plus de 90 % dans le derme humain, qui lui confère sa résistance physique et son élasticité. C’est aussi un puissant agent d’hydratation. Il est donc recherché en cosmétique, où il entre dans la composition de plusieurs produits, mais est également utilisé en chirurgie pour la préparation d’implants et de bandages, ainsi qu’en pharmacie où il est employé comme hémostatique et agent cicatrisant pour les brûlures.
Et si le collagène de méduse a tant séduit les industriels, c’est qu’il possède quelques particularités. Extrait de la partie externe du derme de méduse (ectoderme), il intéresse particulièrement la cosmétique pour des utilisations sur la peau, contrairement aux autres collagènes utilisés dans l’industrie, issus de poisson ou de bovin, qui proviennent de la partie interne (mésoderme). Par ailleurs, en ces périodes marquées par les épidémies d’ESB et de fièvre aphteuse, le collagène de Rhizostome offre des garanties de sécurité. Enfin, le fait qu’il n’ait pas d’odeur et ne comporte pas de parties allergènes en font un candidat idéal pour l’exploitation.
Une autre molécule intéressante a été extraite des méduses : il s’agit de la fibrilline, dont les propriétés structurales et fonctionnelles jouent un grand rôle dans l’élasticité des tissus. Comme le collagène, on la retrouve dans les préparations cosmétiques, notamment les crèmes antirides, ou alors dans les produits de protection des cheveux. La fibrilline de méduse pourrait même servir à mieux comprendre et à traiter le syndrome de Marfan qui affecte les tissus cardio-vasculaires, oculaires et squelettiques de l’homme, suite à une déficience génétique de la molécule.
Collagène et fibrilline de méduses sont actuellement valorisés par la société Javenech, basée à Fougères.




Valoriser les méduses semble relever de la pure gageure : Leur aspect gélatineux et leur odeur nauséabonde ne sont pas pour séduire les touristes qui doivent même parfois subir leurs caresses urticantes et les pêcheurs ne plaident pas en leur faveur quand elles colmatent leurs filets ou les font céder sous leur poids. Mais présenter les méduses comme exclusivement nuisibles serait cependant occulter une autre réalité. Ressource alimentaire de certains animaux, elles sont aussi très appréciées séchées, salées, puis cuisinées, par les populations humaines de l’Asie du Sud Est. Abris tranquilles pour les juvéniles de plusieurs espèces de poissons pélagiques, leur revalorisation commence dans l’Antiquité : certaines espèces de méduses sont en effet utilisées comme apport en matière organique et en eau pour amender des sols secs et pauvres en azote. Et, depuis maintenant une trentaine d’années, les industries chimiques et biotechnologiques s’intéressent de près à ces animaux pourtant constitués à plus de 98 % d’eau…
Collagène et fibrilline, des trésors pour l’industrie cosmétique .
En Bretagne des industriels, tel Javenech (35), ont su développer cette filière : Le collagène de méduse présente en effet la particularité d’être quasi identique au collagène embryonnaire épidermique de l’homme. Extrait des méduses rhizostomes, il entre dans la composition de plusieurs préparations cosmétiques pour hydrater la peau, favoriser le maintien de son élasticité et de sa fermeté et stimuler la croissance des cellules cutanées. Il est également utilisé en chirurgie pour la préparation d’implants oculaires et de bandages chirurgicaux. En pharmacie, il est employé comme hémostatique et agent cicatrisant pour les brûlures.
Constituant principal des tissus élastiques, utilisé comme agent anti-ride ou pour la protection des cheveux, la fibrilline, provient également des méduses. Son extraction en grande quantité pourrait par ailleurs permettre de mieux comprendre, et peut-être de traiter le syndrome de Marfan chez l’Homme, une maladie due à une déficience génétique de la molécule et qui affecte les tissus cardio-vasculaires, oculaires et squelettiques.
Les cnidaires et les méduses sources de nouveaux médicaments pour l’avenir ?
Le venin, de certaines méduses mais aussi d’autres groupes de cnidaires (siphonophores, anémones de mer) est un mélange complexe de protéines qui intéressent beaucoup les scientifiques, à la recherche de molécules pharmacologiquement actives, et qui ont déjà donné des résultats sur les maladies neuromusculaires.
Une dizaine d’antibiotiques très puissants de la famille des terpènes ont également été élaborées, à partir des microalgues symbiotiques de cnidaires apparentés aux anémones. Une molécule à fort pouvoir antitumoral, vraisemblablement produite par de tels microorganismes, hébergés par une méduse, a même été isolée. Elle s’est avérée être très efficace en laboratoire sur des cellules cancéreuses du côlon. Des travaux sont en cours pour en augmenter la production afin de passer à des tests de toxicité et de thérapeutique sur des animaux modèles. Une nouvelle voie de chimiothérapie ?
Les perspectives
Si la récolte des méduses en masse pour l’extraction de molécules en quantité suffisante pour la production pharmacologique est parfois impossible, la synthèse ou l’hémisynthèse chimique reste une possibilité économiquement accessible, quand les molécules ne sont pas trop complexes. La production par génie génétique peut être envisagée dans quelques cas et la production massive de méduses en aquaculture reste une autre voie. Différents aquariums dans le monde ont aujourd’hui réussi à maîtriser à petite échelle l’élevage complet d’une trentaine d’espèces.
Gageons que l’image de ces êtres flasques changera de façon positive aux yeux du public, dès lors où ils se révéleront, sous les hospices de la biotechnologie marine, au service de la santé des hommes.









La Célestina de Picasso







Cnide


Cité de Carie à l'extrémité sud-orientale de la Turquie sur la presqu'île du même nom. Cnide fut la patrie de plusieurs physiciens, logographes et géographes dont Ctésias puis Eudoxe. L'endroit était célèbre en Grèce pour son sanctuaire d'Apollon Triopien et pour celui d'Aphrodite où se trouvait une statue renommée de Praxitèle. Les Cnidiens parlaient le grec dorien.
nide est une ville grecque de l'Asie Mineure située au nord de l'île de Rhodes, sur les côtes de Carie. La fondation de Cnide est attribuée à des Spartiates. Vers 545 av .J.-C. elle est soumise par les Perses et participe avec eux à la bataille de Salamine (480 av. J.-C.). Après la défaite perse du cap Mycale en 479 av. J.-C. la cité rejoint la ligue de Délos mais se révolte contre la domination athénienne en 412 av. J.-C. Ville encore relativement importante sous l'empire romain elle possède le statut de ville libre. Sous l'empire byzantin cependant elle a perdu toute importance et n'est qu'une simple bourgade.

C'est au temple d'Aphrodite de Cnide que se trouvait la célèbre statue de la déesse réalisée par le sculteur Praxitèle.




Praxitèle est l'un des plus célèbres sculpteurs de l'Antiquité. Il est actif au cours du IVe siècle av. J.-C. 
Il est notamment l'auteur de la première représentation en ronde-bosse de femme nue. 
C'est sans doute la statue la plus célèbre de l'Antiquité (et elle fit scandale à l'époque). 
C'est à la demande de la ville de Cnide, qui abritait un temple de la déesse, qu'il réalisa cette œuvre.








L'événement de la Toungouska


L'événement de la Toungouska est une explosion survenue le 30 juin 1908 versh 14 en Sibérie centrale, dans la Russie impériale. L'onde de choc, équivalant à plusieurs centaines de fois celle qu'aura généré la bombe d'Hiroshima 37 ans plus tard, a détruit la forêt sur un rayon de 20 kilomètres et fait des dégâts jusqu'à une centaine de kilomètres.
Plusieurs hypothèses scientifiques ont été émises sur l'origine du phénomène :météoritefoudreméthane échappé de conduits volcaniques… L'hypothèse la plus plausible, et retenue au début du xxie siècle, est celle de l'impact d'un objet céleste(un petit corps du Système solaire de caractéristiques encore inconnues), ayant explosé à une altitude comprise entre 5 et 10 kilomètres. Cela fait de l'événement de la Toungouska la plus grosse explosion connue de l'ère humaine due à la rencontre d'un tel corps avec la Terre.
La première expédition n'a pu intervenir qu'en 1927 et n'a pu trouver de cratère d'impact ni de restes de la météorite. Il existe encore de grandes inconnues sur cet événement : petit astéroïde ou comète, taille de cet objet, puissance de l'explosion, etc.
Dans la matinée du 30 juin 1908 (correspondant au 17 juin du calendrier julien, alors en usage dans la Russie impériale), quelques témoins voient passer une boule de feu dans le ciel sans nuage de la Sibérie centrale. Celle-ci explose à une altitude comprise entre 5 et 10 kilomètres, au-dessus de la rivière Toungouska pierreuse, à 63 km nord-nord-ouest du village de Vanavara  à h 14 locale (h 14 TU ou h 2 heure locale solaire). Cette explosion est enregistrée, sous forme de séisme demagnitude 4,5 à 5, à h 17 min 11 s, à l'observatoire magnétique d'Irkoutsk, à 1 000 km de là.
L’explosion détruisit intégralement la forêt dans un rayon de plus de 20 km, abattant 60 millions d'arbres ; le souffle fit des dégâts sur plus de 100 km et la déflagration fut audible dans un rayon de 1 500 km. De nombreux incendies se déclenchèrent, brûlant des zones forestières pendant plusieurs semaines.
Un vortex de poussières et de cendres se forma et fut entraîné jusqu'en Espagne par la circulation atmosphérique, créant des halos dans la haute atmosphère, qui s'étendirent sur tout le continent. On put observer des couchers de soleil très colorés et une luminosité exceptionnelle en pleine nuit fut constatée pendant plusieurs jours en Europeoccidentale, à tel point qu'on pouvait lire un journal de nuit. Les scientifiques pensèrent à l'éruption d'un volcan, comme le Krakatoa en 1883, qui avait injecté d'énormes quantités de poussières dans l'atmosphère, et de ce fait, avait généré des phénomènes lumineux semblables.




Musée océanographique de Monaco









Star Wars


Tassili n'Ajjer




Les peintures rupestres du Sahara sont des œuvres néolithiques, peintes et gravées à même la pierre dans le désert du Sahara. Il s'agit de peintures représentant la vie des hommes néolithiques et principalement la faune qui les entoure. Leur datation est difficile, mais les préhistoriens estiment que leur création date d'une période comprise entre 5 000 et 1 000 ans avant J.-C.
Le contraste entre la luxuriance de la faune figurée sur ces peintures et l'aridité actuelle du désert du Sahara renforce encore leur attrait historique et artistique.
Parmi les peintures rupestres du Sahara, on peut citer le style dit de Tazina, bien connu dans le sud marocain, foyer possible d'une paléoculture néolithique, que l'on retrouve aussi dans l'Atlas algérien.
Les gravures et peintures rupestres qui abondent dans le Sahara correspondent à différentes phases chronoculturelles de ce désert. Elles sont d'une grande fragilité. L'Art saharien présente souvent une succession sur les rochers d'images d'animaux, véritables indicateurs de la chronostatigraphie de l'art.
Aujourd'hui, ces peintures sont menacées par la fréquentation touristique des sites rupestres du Sahara ainsi que par les dégradations qui en découlent.


Jellyfish tree




Kingdom
Phylum
Class
Order
Family
Genus
Medusagyne 
Size
Leaf length: up to 8 cm 
Height: up to 10 m 
Status
Classified as Critically Endangered (CR) on the IUCN Red List .
Description
The jellyfish tree was thought to be extinct until the 1970s, when a few trees were found, but the species still teeters on the brink of extinction. These small trees can reach up to 10 metres tall and have a dense, rounded crown of foliage. The bark is dark and has many distinctive, deep fissures. The leaves are shiny and leathery in appearance with a slightly scalloped edge; they turn bright red with age. The small, white flowers are difficult to see amongst the dense foliage; both male and bisexual flowers are carried on the drooping inflorescence. The flowers have numerous stamens and it is thought that these may have given rise to the name of Medusagyne after the 'Medusa' of Greek mythology who had a head of snakes. The fruits are green and rounded; the outer coat becomes reddish-brown with maturity and then dries, exposing the seeds within, which are then distributed by the wind.
Range
The jellyfish tree is only known from the island of Mahé within the Seychelles archipelago. The species was thought to be extinct since 1930 until 6 trees were 'rediscovered' in 1970. Today, 4 populations and approximately 50 trees are known.
Habitat
Inhabits exposed granite slopes, at present all locations are within 2 km of the sea.
Biology
The jellyfish tree is the only species in its family and is therefore very unique.
Threats
The jellyfish tree presents a conundrum in that the seeds seem unable to germinate in the wild; no young plants have been observed in the natural stands. Successful cultivation in botanic gardens has occurred in very humid conditions, but high humidity is unlikely in the exposed habitat where these trees are found in the wild. It has been suggested that jellyfish trees have been lost from the more appropriate habitat of moist forests through competition with other species and climate change.
Conservation
Three of the existing populations of jellyfish tree on the island on Mahé (Bernica, Copolia and Mt. Jasmin) are protected within the Morne Seychellois National Park. Although seedlings have been grown in a number of botanic gardens, many problems remain and a conservation priority must be further research into the reproductive biology of this intriguing species before any effective Action Plan for its future can be devised.
Authentication

Authenticated (6/5/03) by Justin Gerlach. Scientific Co-ordinator, The Nature Protection Trust of Seychelles.
http://islandbiodiversity.com
Glossary
  1. Inflorescence: the reproductive shoot of the plant, which bears flowers.
  2. Stamens: the male reproductive organs of a flower, made up of an anther (the pollen-producing organ) and a filament (stalk).
References
  1. IUCN Red List (December, 2008)
    http://www.iucnredlist.org
  2. Wise, R. (1998) A Fragile Eden. Princeton University Press, New Jersey.
  3. Gerlach, J. (1997) Seychelles Red Data Book. The Nature Protection Trust of the Seychelles, Seychelles.




Jelly-fish 45 Habitat




Jelly-fish 45, designed by Giancarlo Zema is a floating dwelling unit for up to six persons. It's spacious dimensions are 10 metres high with a diameter of over 15 metres. The Jelly-fish 45 would be ideally situated in sea parks, atolls, bays and seas rich in flora and fauna. The Jelly-fish 45 allows the sea dwelling owners to live either above or below sea level in perfect harmony with the ocean environment.

It consists of five levels connected by a spiral staircase. The top level is 5.6 metres above the sea level and has been kept for study rooms. The next lower level is situated at 3.5 metres above the sea level and contains the night time zone while the next lower level at 1.4 metres contains the daytime zone with a kitchen and bathrooms. The lowest living level at 0.8 metres above the sea level is semi-submerged and has been kept for the guest room, bathroom and technical spaces.

The acrylic viewport globe situated at -3.00 mts above the sea level allows the occupants conmplete enjoyment of the submarine world. Its shape comes from the observation of jellyfishes that animate our seas with their transparent and weightless structure. The main carrying structural component of the Jelly-fish 45 is entirely constructed from plastic reinforced by incorporated fiberglass while the submarine globe is made from acrylic with a high compressive resistance.

Maximum diameter - 15 meters
Accomodation - 6/8 beds
Main structure - high density fibreglass
Deck surface - solid teak
Extensible gangway - electro-hydraulic in inox and teak with remote control
External views - electrochromatic system in polycarbonate
Observation bulb - 3 meter o.s.l. with structure in fibreglass at high density, acrylic viewports
Equipment - approved fire extinguishers, navigation spread
Water capacity - 1000 litre with autoclave system
Internal electric system - Two generator of 16.000W for service 24V light throughout, electric outlets for 24 and 220V
Air-conditioning - reverse system (108.000 BTU/h)
Power source options - photovoltaic panels on fibreglass structure
Certification - ABS
Cost - $USD 2,500,000


Oldest And Yet Living Organisims



Turritopsis Nutricula (Immortal Jellyfish) is capable of cycling from a mature adult stage to an immature polyp stage and back again. This means that there may be no natural limit to its life span.



Jean PAINLEVE



Hippocampe (L')
1933, 13', N&B De Jean PAINLEVE Musique : Darius MILHAUD Locomotion de l'hippocampe, seul poisson vertical. Présentation de son mode de reproduction étonnant puisque c'est le mâle qui accouche, après que la femelle a déposé ses œufs dans sa poche ventrale. Développement des embryons.










LES CNIDAIRES


I. Généralités
Les Cnidaires sont des Métazoaires diploblastiques dont l'ectoderme et l'endoderme sont séparés par une couche Anhiste ou sans cellule : la mésoglée. 
Ce sont des animaux primitifs, presque seulement marins, dont le plan d'organisation est représenté par l'Hydre d'eau douce du genre Hydra.

II. Anatomie
Ils présentent tous une Cavité gastrique ou gastrale ou gastrovasculaire dérivant de l'archentéron et possédant un orifice, la bouche, qui apparaît au stade gastrula. 
Leur symétrie est radiaire par rapport à leur axe apico-basal.
Ils sont libres ou fixés. Souvent dans la même espèce existe une alternance de deux types : le Polype, fixé, donne naissance par voie asexuée à la forme libre ou Méduse qui se reproduit par voie sexuée pour redonner un polype. Ce phénomène, nommé Polymorphisme, n'est connu que depuis peu : les naturalistes avaient autrefois donné des noms différents à ces deux phases.
II.1 Anatomie de la phase polype
Un polype est un petit sac dont l'ouverture, la bouche, est entourée d'une couronne de tentacules dans lesquels se prolonge la cavité gastrovasculaire. La mésoglée est mince chez le polype.

II.2 Anatomie de la phase méduse
La face Aborale ou opposée à la bouche est fortement élargie et prend une forme convexe : c'est l'Ombrelle.
La face orale est concave, la bouche s'ouvre à l'extrémité d'une pseudotrompe appelée Manubrium. L'ouverture de la face orale peut être rétrécie par une sorte de diaphragme, le Vélum, constitué d'un repli d'ectoderme rempli de mésoglée.
Cette mésoglée, épaisse dans l'ombrelle, réduit la cavité gastrovasculaire à un réseau de canaux qui partent du manubrium vers l'extrémité des tentacules.
Il existe un appareil, le Canal circulaire, qui relie les canaux radiaires entre eux.


III. Reproduction 
III.1 La voie sexuée
Les gonades se forment dans la paroi inférieure des canaux radiaires. 
Il y a Gonochorie : les gamètes sont libérés dans l'eau de mer où se produit la fécondation.
III.2 La voie asexuée
Chez certaines espèces où la phase méduse est majoritaire, il y a un phénomène de Strobilisation, multiples étranglements du polype permettant de libérer les petites méduses.
III.3 Le développement embryonnaire
La segmentation de l'oeuf est totale, égale et conduit à une blastula ciliée, ovoïde et nageuse.

La gastrulation se fait par Migration unipolaire

Des cellules tombent dans le blastocoele et le remplissent, ce qui amène l'organisme au stade de larve Parenchymula à ectoderme cilié et endoderme plein.

Les cellules endodermiques s'organisent autour d'une cavité appelée Archentéron, l'organisme passe alors au stade de larve Planula creuse, à vie pélagique.







La planula se fixe sur un support, s'aplatit, puis s'allonge en prenant la forme d'un polype. La bouche se perce à la partie supérieure, les tentacules se forment à partir de cet orifice.


IV. Structure histologique 
IV.1 Les cellules myo-épithéliales 
Ces cellules appartenant à l'ectoderme ou à l'endoderme sont également appelées cellules épithéliomusculaires. Elles sont pourvues de myofibrilles du côté de la mésoglée.
L'orientation des fibrilles musculaires n'est pas quelconque : elle est longitudinale dans l'ectoderme. Leur contraction provoque un raccourcissement de l'animal ; dans l'endoderme elle est circulaire et la contraction des fibres provoque un rétrécissement ou un allongement de l'animal.
IV.2 Les cellules nerveuses
Ces cellules forment deux plexi nerveux situés pour l'un à la base de l'ectoderme, pour l'autre à la base de l'endoderme. Elles transmettent l'information à des cellules sensorielles réparties dans les deux feuillets.
IV.3 Les cellules ectodermiques spécifiques 
IV.2.a Les cellules intersticielles
Ce sont de petites cellules à caractère embryonnaire qui produisent les cellules germinales et capables de se différencier pour remplacer d'autres cellules : les Cnidoblastes.
IV.3.b Les cnidoblastes
Ce sont les cellules caractéristiques des Cnidaires. Elles sont abondantes dans les tentacules, urticantes et servent à capturer les proies.

Elles sont constituées par un noyau, un cytoplasme et une capsule spéciale, le Cnidocyste. Un filament cytoplasmique immobile dépasse à l'extérieur : c'est le Cnidocil à structure microfibrillaire classique accompagnée d'une fibre dont les caractéristiques peuvent être rapprochées des fibres nerveuses.
Le cnidocyste renferme un long filament invaginé portant sur sa face interne, à forte section, des épines et, à faible section, des barbes ; un liquide urticant contient des paralysants musculaires dont l'un est l'actinocongestine. Le tout est fermé par un Opercule.
Lorsque certains corps étrangers touchent le cnidocil, il y a une contraction violente des cellules myo-épithéliales proches, ce qui induit une forte augmentation de pression à l'intérieur du cnidocyste. Le premier ensemble d'épines du filament fait alors fonction de percuteur et éjecte l'opercule. Le filament se dévagine alors en doigt de gant, colle à l'intrus grâce à ses barbillons ; les épines perforent sa chair et les toxines sont injectées. Ce phénomène se déroule à l'échelle de la milliseconde.
Le cnidoblaste se différencie à l'intérieur de l'ectoderme à partir d'une cellule intersticielle et ne parvient à la surface que lorsqu'il est mûr. Il ne sert qu'une seule fois.
IV.3 Les cellules endodermiques spécifiques
IV.3.a Les cellules épithéliales
Ces cellules possèdent de deux à cinq flagelles et ont une activité phagocytaire. Entre les cellules myo-épithéliales existent des cellules glandulaires dont les enzymes sont déversées dans la cavité gastrovasculaire et digèrent partiellement les particules alimentaires avant leur phagocytose.
IV.3.b Les cellules basales
Ces cellules sont de type embryonnaire, souches des cellules glandulaires et situées à la base de l'endoderme.


V. Classification des Cnidaires
Il existe quatre classes. 
Les Hydrozoaires sont la seule classe qui possède des espèces d'eau douce. Ils présentent l'alternance typique polype-méduse. 
Le polype ne possède pas de pharynx, la bouche est située à l'extrémité d'un cône saillant appelé Hypostome. La cavité gastrovasculaire n'est pas délimitée par des cloisons.
Les méduses possèdent un vélum et sont donc qualifiées de Craspédotes.
Les gonades sont d'origine ectodermique et disposées en position sous-épidermique.
La classe des Scyphozoaires rassemble des animaux en forme de coupe et la phase méduse y est largement prédominante.
Elles ne possèdent pas de vélum et sont dites Acraspédotes. Les gonades sont d'origine endodermiques en position sous-endodermique.
Quand la phase polype existe, elle est réduite à un petit organisme, le Scyphistome, qui se divise transversalement par strobilisation pour donner de petites méduses
La classe des Cubozoaires rassemble des méduses de petite taille dont l'ombrelle présente une concavité en forme de cube.
La classe des Anthozoaires n'existe que sous la forme polype. Ces animaux peuvent être solitaires ou coloniaux. Ils possèdent un pharynx d'origine ectodermique, la cavité gastrovasculaire est divisée par des Cloisons radiales. Au niveau du pharynx existent une ou deux gouttières ciliées appelées Siphonoglyphes qui déterminent un plan de symétrie bilatérale. Les autres ont une symétrie radiaire.
V.1 Classe des Hydrozoaires
V.1.a Sous-classe des Stromatoporides
Ils sont généralement rattachés aux Hydrozoaires et sont tous fossiles. 
Leurs colonies sont des formations calcaires massives, incrustantes, dont l'envergure et la hauteur peuvent toutes deux dépasser 1 m. Elles sont formées d'une superposition de fines couches horizontales de calcaire, les Laminae, parmi lesquelles on distingue des couches claires et sombres, reliées entre elles par des piliers verticaux plus ou moins longs. 
De nombreux Stromatoporides sont ornés de réseaux étoilés, les Astrorhizes, fins canaux verticaux se terminant à la surface des lamelles par un dessin rayonnant. La surface externe des Stromatoporides porte souvent des monticules verruqueux, parfois ornés d'astrorhizes. Chez les espèces les plus anciennes, les laminae constituent l'élément principal de la structure, les piliers restant courts. Les spécimens plus récents ont des piliers plus grands, qui traversent un nombre de plus en plus important de lamelles. Enfin les espèces qui datent de la fin du Paléozoïque peuvent présenter une structure relativement irrégulière. 
Cet ordre est resté durant l'Ordovicien assez peu représenté, mais il constitue un élément important, répandu et caractéristique de la formation des récifs au Silurien et au Dévonien.
V.1.b Sous-classe des Hydraires
Le type des Hydraires est Hydra ou Hydre d'eau douce existant sous forme de polype isolé et présentant un pouvoir de régénération important. C'est un polype simple sans périderme protecteur et qui peut se multiplier par bourgeonnement.
V.1.b.Ó Hydraires calyptoblastiques
Chez Obelia la phase polype est coloniale, elle est formée par un Stolon ou tige sur laquelle bourgeonnent d'autres individus. 
L'Hydrorhize émet des stolons dressés et ramifiés appelés Hydrocaules. Chaque ramification se termine par un polype.
Hydrorhize et hydrocaule sont des tubes formés par deux feuillets cellulaires avec de la mésoglée entre eux. L'intérieur du tube est la cavité gastrovasculaire qui communique ainsi entre chaque individus. L'ensemble est appelé Cénosarc et est entouré d'une membrane chitineuse d'origine ectodermique : le Périsarc.
le périderme entoure les différents polypes et forme à leur niveau des loges en forme de coupes nommées Hydrothèques ou Gonothèques en fonction du type de polype qu'elles protègent.
Il existe deux types de polypes.
Les polypes nourriciers ou Hydrantes sont chargés de capter les particules alimentaires à l'aide d'une couronne de tentacules. Ils sont protégés par une hydrothèque.
les polypes reproducteurs ou Gonantes sont formés d'un axe appelé Blastostyle sur lequel bourgeonnent de petites méduses présentant ocelle et statocyte.



V.1.b.ß Hydraires gymnoblastiques
Ce sont des Hydraires dont les polypes ne sont pas protégés par un périsarc. Le type des Hydraires gymnoblastiques est le genre Hydractinia.
Ils présentent trois types de polypes. Les polypes nourriciers sont appelés Gastrozoïtes ou Gastrozoïdes, les polypes reproducteurs sont des Gonozoïtes. Il existe en plus un type de polypes protecteurs ou Dactylozoïtes.

V.1.c Sous-classe des Hydrocoralliaires
Le périsarc est calcaire et secrété par l'ectoderme : il forme une masse calcaire traversée par des stolons qui relient les différents polypes.
La colonie s'épaissit constamment, les parties profondes meurent. Les canaux contiennent des prolongements vivants seulement en surface.
Les polypes sortent par des pores : les gastrozoïtes sortent par de gros pores tandis que les dactylozoïtes sortent par des petits. Le genre Millepora réalise leur plan d'organisation.

V.1.d Sous-classe des Siphonophores
Ce sont des organismes pélagiques de grande taille pouvant atteindre 1 m. Ils peuvent être transparents ou vivement colorés et ne touchent jamais le fond de la mer. Leur coloration, souvent bleutée, témoigne de leur mode de vie pélagique.
Ils présentent un pouvoir intense de bourgeonnement. Les colonies sont formées à la fois de polypes et de méduses qui bourgeonnent au départ sur une méduse très particulière : c'est une particularité chez les Cnidaires.
Généralement un siphonophore possède à sa partie supérieure un flotteur appelé Pneumatophore qui peut être comparé à une méduse sans manubrium, sans bouche et sans tentacule et dont la cavité sous-ombrellaire se serait refermée et remplie d'un gaz secrété par les cellules ectodermiques.
Il existe une cavité gastrovasculaire réduite à un jeu de canaux radiaires qui se prolonge dans un stolon développé côté aboral. C'est l'équivalent de l'hydrocaule d'une colonie d'Hydraires.
Immédiatement sous le pneumatophore le stolon porte des Cloches natatoires qui sont des méduses modifiées sans manubrium, sans bouche ni tentacules. La cavité sous l'ombrelle n'est pas fermée et est réduite à un vélum. L'eau peut être aspirée puis rejetée violemment par les contractions des parois de ces cloches, ce qui est à l'origine de la locomotion verticale et horizontale de la colonie. Les mouvements verticaux peuvent aussi être assurés par le pneumatophore. Cet ensemble est appelé Nectosome.
En dessous, on trouve une ensemble appelé Siphosome, formé d'un grand nombre de Cormidies ou ensembles de polypes comprenant généralement chacun un Aspidozoïde, individu protecteur de forme aplatie recouvrant les autres individus de la cormidie. Il existe un ou plusieurs Cystozoïdes à rôle excréteur, s'ouvrant par un pore excréteur et pourvus d'un long filament, le Palpacule, muni de nombreux cnidoblastes et à rôle protecteur. Les polypes nourriciers ou Gastrozoïdes sont chacun pourvus d'un long filament pêcheur, ramifié et portant de nombreux boutons urticants. Il existe deux Gonozoïdes par cormidie, un mâle et un femelle, ressemblant à de petites méduses dont le manubrium porte les produits génitaux : un seul ovule dans le cas d'un gonozoïde femelle.

En conclusion les siphonophores sont des organismes très particuliers. Le gaz remplissant le pneumatophore est composé chez certains d'oxyde de carbone et de dioxyde d'azote, mortels pour n'importe quel autre organisme.
C'est le seul groupe de Cnidaires à présenter simultanément les phases polype et méduse sur le même organisme.
Leur pouvoir urticant est généralement redoutable. C'est notamment grâce au venin de Physalia physalis que le choc anaphylactique a été décrit. Ils peuvent provoquer des accidents graves aux nageurs qui viennent à les rencontrer.
V.1.e Sous-classe des Trachylides
Ce sont des animaux caractérisés par la régression de la phase polype. La plupart n'existent que sous la forme de méduses craspédotes plus grosses que celles des Hydraires.
V.2 Classe des Scyphozoaires
C'est la classe des Acalèphes ou méduses acraspédotes de grande taille. La symétrie de ces animaux est quaternaire.

V.2.a Sous-classe des Conulaires
Elles constituent un groupe éteint dont les derniers représentants datent du Trias. Elles possèdent une coquille conique, pointue, étroite ou pyramidale de section carrée, constituée d'une substance composée de chitine et de phosphate. Chacune des quatre faces est divisée par un fin sillon longitudinal qui se prolonge à l'intérieur de la coquille par une carène. Elles présentent donc une symétrie nettement quaternaire, ce qui les fait se rattacher aux Scyphozoaires.
La cicatrice à l'éxtrémité apicale pointue montre que la coquille était soudée à un support. L'extrémité buccale supérieure pouvait être fermée par des appendices triangulaires. La bouche était probablement entourée d'une couronne de tentacules. On peut donc penser que les conulaires étaient l'habitat d'un polype solitaire de structure quaternaire, comparable au polype larvaire des Scyphozoaires. Les Conulaires se seraient détachées à un certain âge de leur support pour passer le reste de leur vie sous une forme planctonique.
V.2.b Sous-classe des Scyphoméduses
Le type des Scyphoméduses est Aurelia aurita.
V.2.b.b1 Description
Le manubrium est court mais prolongé par de longs bras buccaux encadrant la bouche. Les gonades sous-endodermiques libèrent les produits génitaux dans la cavité gastrovasculaire.
Chez beaucoup l'oeuf donne directement une larve planula qui se transforme directement en méduse. 

Chez d'autres la planula se fixe par le pôle aboral,

et se développe en un petit polype, le Scyphistome, dont les quatre tentacules des stolons peuvent bourgeonner latéralement pour former de nouveaux scyphistomes. 

Quand ils sont bien développés, en hiver, il se produit la strobilisation qui libère les petites méduses : le corps du scyphistome s'allonge, devient cylindrique puis apparaissent des étranglements annulaires qui délimitent des disques superposés. Un Strobile est alors formé. Chaque disque va donner une petite méduse nommée Ephyrule.

V.2.b.b2 Biologie
Les méduses sont des organismes pélagiques circulant en bancs composés d'un grand nombre d'individus. Quand le banc se rapproche trop du littoral, certains peuvent être rejetés sur le rivage.
En Méditerrannée, Pelagia nocticula est très commune. C'est une acalèphe pouvant mesurer jusqu'à 50 cm de diamètre, caractérisable par les lueurs qu'elle émet à l'obscurité si elle est soumise à un stress.
Il existe un cycle de période variant entre douze et treize ans, selon lequel ces organismes se mettent à pulluler et à être rejetés sur les plages en grand nombre, la rendant impraticable. Il faut parfois recourir au moyen des véhicules de travaux publics pour les recueillir et les détruire. Ce cycle, dont les origines sont quasiment inconnues, est assez régulier. L'année à méduses est caractérisée au printemps (mars-avril) par une pullulation des éphyrules dans le plancton côtier. Il paraît maintenant évident que les causes écologiques de ce développement extraordinaire sont à rechercher à l'échelle globale, avec notamment une variation particulière de la température de l'eau des côtes atlantiques sud-américaines amenant une prolifération massive de scyphistomes au large des côtes argentines.
V.3 Classe des Cubozoaires
Ce sont des méduses acraspédotes de petite taille connues sous le nom de Guêpes de mer. La forme de leur ombrelle est anguleuse, d'où leur nom.
Elles vivent dans les mers tropicales et pullulent sur la Barrière de Corail australienne où elles provoquent des accidents mortels pour le nageur qui a la malchance de les rencontrer.
Ces animaux possèdent le record annuel de décès causés par un organisme marin.
V.4 Classe des Anthozoaires
Ces animaux n'existent que sous la forme polype, ils sont solitaires ou coloniaux.
Leur cavité gastrique est subdivisée par des cloisons radiaires. La bouche est à l'extrémité d'une invagination ectodermique qui s'enfonce dans la cavité gastrique formant ainsi un pharynx appelé Stomodium.
V.4.a Ordre des Octocoralliaires
Chaque polype porte huit tentacules pennés recouverts de Papilles. Le pharynx est en pente allongée avec une gouttière ciliée nommée Siphonoglyphe qui indique la face ventrale : ils présentent donc une symétrie radiaire et bilatérale.

La partie supérieure de la cavité gastrovasculaire est subdivisée en huit chambres complètes par huit cloisons radiaires qui vont de la paroi du corps à celle du pharynx. Chaque chambre se prolonge vers le haut de la cavité du tentacule correspondant. 


En-dessous du pharynx, les cloisons n'atteignent plus le centre de la cavité, formant le Bord libre. Il existe un épaississement en bourrelet cilié appelé Entéroïde d'origine ectodermique contenant des cnidoblastes.

Les deux entéroïdes dorsaux sont stériles, les six autres ont dans leur partie inférieure les gonades qui forment des masses saillantes.

Les colonies sont de forme et de constitution variables : les plus simples sont des stolons, la mésoglée s'épaissit à leur niveau et au niveau des polypes, ce qui constitue une forme importante dans laquelle les polypes dépassent : le Cénosarc. Souvent des cellules ectodermiques migrent dans la mésoglée et produisent des spicules internes calcaires qui fusionnent en un squelette. 
Les Alcyonides ou Coraux mous sont des organismes coloniaux dont le squelette est formé d'un grand nombre de spicules calcaires épars ou non et d'une substance cornée qui rend les colonies molles et flexibles. 
Les Gorgonides, également coloniaux, ont leurs polypes rétractiles entourés d'un tissu que soutient un squelette rameux formé de calcaire et d'une substance cornée : la Gorgonine. Le plus connu est Coralium rubrum et les animaux de ce groupe étaient les principaux responsables de l'édification de récifs coralliens.
Les Pennatulides sont coloniaux et présentent un aspect plumeux. Leur squelette est corné ou calcaire et supporte un axe central. Leurs polypes sont répartis latéralement et parfois sur des ramifications.
V.4.b Ordre des Hexacoralliaires
Il existe chez ces animaux des formes solitaires, les Actinies, et des formes coloniales, les Madréporaires.
Chaque polype présente un pharynx avec deux siphonoglyphes et entouré par six ou un multiple de six tentacules simples, disposés en Verticilles dont le plus interne porte toujours six tentacules. Pour les cercles suivants, le nombre de tentacules s'obtient en ajoutant le nombre d'intervalles entre les tentacules de tous les cycles précédents.
La cavité gastrovasculaire est divisée par des cloisons qui adhèrent au pharynx dans sa partie supérieure et libre et incomplète dans la partie inférieure. Il y a délimitation de logements dont la cavité est en continuité avec le tentacule correspondant : il y a autant de loges que de tentacules.
Les entéroïdes et gonades sont disposés comme chez les Octocoralliaires.

Les Actinies solitaires, dont le type est Actinia equina, se nourrissent de petites proies grâce aux cnidoblastes présents dans les tentacules. Elles sont benthiques ou vivent sur des Crustacés. Dérangées, certaines espèces peuvent lancer des Aconties, des filaments couverts de cnidoblastes.
Les Madréporaires possèdent un squelette calcaire d'origine ectodermique et complètement extérieur à l'animal. Chaque polype est fixé sur un Calice qu'il recouvre. Il y a d'abord secrétion d'un socle, puis d'une ceinture autour du socle, puis de cloisons radiales, puis synthèse de la Columelle, petite colonne calcaire. Au fur et à mesure de sa croissance, le squelette calcaire recouvre les parties molles qui restent à la partie supérieure.
Les Corallimorphes sont dépourvus de squelette dur. Les polypes ont des tentacules munis d'un petit renflement à l'extrémité







HIPPOCAMPE


Zone du cerveau essentielle à la mémoire et l’apprentissage, située pour moitié dans l’hémisphère droit, et pour moitié dans le gauche.
Comme la plupart des structures cérébrales, l’hippocampe fonctionne différemment selon le côté du cerveau dans lequel il opère. Ainsi, la partie de l’hippocampe situé dans l’ hémisphère contrôlant le langage enregistre plutôt des informations verbales, alors que celle située de l’autre côté permet, par exemple, de se souvenir d’images. Voilà pourquoi certaines personnes ont plutôt une mémoire visuelle et d'autres plutôt une mémoire verbale. L'hippocampe est également la zone où se régénèrent l'essentiel des neurones qui continuent de se former tout au long de la vie, participant ainsi à la plasticité cérébrale . La quantité de neurones produits dans l’hippocampe à l’âge adulte reste cependant bien plus faible qu’au moment de l’enfance ou de l’adolescence.
MÉMOIRE À LONG TERME
Le passage de la mémoire à court terme (ou la mémoire de travail) à la mémoire à long terme s'effectue grâce à l'hippocampe, dont la forme incurvée rappelle la queue d'un hippocampe marin. L'hippocampe est une partie très ancienne du cortex situé dans le repli interne du lobe temporal. Toutes les informations décodées dans les différentes aires sensorielles du cortex convergent vers l'hippocampe qui les retourne ensuite d'où elles viennent. C'est un peu comme un centre de tri qui comparerait ces sensations nouvelles avec celles déjà enregistrées. L'hippocampe crée aussi des liens entre les différentes caractéristiques d'une chose.
La répétition ou les différents trucs qui nous permettent de retenir des faits nouveaux correspondent donc à de multiples passages dans l'hippocampe. Celle-ci va renforcer les liens entre ces nouveaux éléments, si bien qu'au bout d'un certain temps, son travail ne sera plus nécessaire : le cortex aura appris à lier lui-même ces différentes caractéristiques pour en faire ce qu'on appelle un souvenir.
Nom : Hippocampe
Nom latin : Hippocampus erectus 
Nom anglais : Lined seahorse
Classe : Poissons
Ordre : Syngnathiformes
Famille : Syngnathidés
Taille : 2,5 - 35 cm
Poids : 40 - 60g
Habitat : Dans les mers chaudes et tempérées
CommentairesL'hippocampe est  un poisson et il ressemble un peu à un cheval. C'est une espèce menacée mais elle n'est pas protégée. Les humains les chassent pour fabriquer des médicaments. En Asie, ils croient que cet animal a un pouvoir de guérison fantastique et qu'il peut guérir les maladies les plus extrêmes. Certain l'appelle "le cheval marin".
Moeurs et habitat L'hippocampe est très sensible aux maladies mais ce n'est pas pour ça qu'il meurt le plus souvent. Sa principale cause de mort, ce sont les éclairs. L'hippocampe vit où il fait asser chaud dans les coraux. Il vit de 2 à 4 ans et il est sociable. Pendant une journée, l'hippocampe ne fait pas beaucoup de choses. Sa principale activité est de chasser. Les ennemis de l'hippocampe sont principalement l'humain, le crabe, le thon et d'autres poissons.
CaractéristiquesL'hippocampe ressemble à un cheval ou à un cavalier grâce à ses écailles. C'est pour cela qu'on l'appelle "le cheval marin". Comme les hippocampes changent de couleur, il est difficile de les reconnaître. L'hippocampe peut tourner sa queue comme il le veut. Le thorax du mâle hippocampe est lisse et celui de la femelle est fait en dents de scie.
AlimentationComme l'hippocampe n'est pas assez rapide pour chasser, il doit aspirer ses proies. Il mange des crustacés et ses proies doivent être très petite à cause de son bec. L'hippocampe peut absorber ses proies quand elles sont à 3 cm de lui. 
Reproduction L'hippocampe est ovipare et c'est le mâle qui garde les petits dans sa poche. L'incubation dure environ 30 jours et il peut accoucher de 250 à 650 petits. L'hippocampe atteint sa maturité sexuelle en quelques mois. Les mâles hippocampes s'accouplent tout le temps avec les même femelles. Les couples hippocampes dansent tous les matins ensemble et si leur compagnon meurt, c'est très long avant qu'il en trouvent un autre. Leur période de reproduction est de mai à août.  
Saviez-vous?Saviez-vous que l'hippocampe est un des plus lent animaux au monde. Il peut parcourir 25 cm en 5 minutes. Comme l'hippocampe ressemble à un cheval, dans les légendes il est utilisé comme une monture. L'hippocampe émet des sons, imperceptibles pour nous, pour communiquer. La nageoire dorsale des hippocampes bat à 3 mouvements par seconde.
 Cet étonnant cheval de mer
Contrairement aux apparences, l’hippocampe ou «cheval de mer», est un petit poisson qui appartient, comme la vipère de mer, à la famille des syngnathidés dont les espèces sont notamment reconnaissables à leurs longues mâchoires édentées et étirées en un museau tubulaire. Cet étrange animal, à la tête perpendiculaire à l’axe du corps, au profil d’équidé et à l’aspect d’un cavalier d’échecs, porte un nom qui signifie justement en grec : «cheval courbé».
Le corps de l’hippocampe, comprimé latéralement, est muni de nageoires discrètes: c’est le cas notamment de son unique dorsale qu’il fait onduler rapidement pour ses déplacements, de ses petites pectorales situées près de la tête pour accélérer le rythme et maintenir la position verticale et de son anale réduite (plus développée chez la femelle). Dépourvu de pelviennes et de caudale, il n’a pas non plus d’écailles mais porte des plaques osseuses rectangulaires - véritable squelette externe - qui forment une cuirasse rigide, le condamnant à rester dans la position qu’on lui connaît. Ce syngnathidé qui ne se déplace que lentement et verticalement, préfère d’ailleurs rester accroché aux herbes par sa queue, organe de préhension, qu’il enroule en colimaçon
Doté d’une vision très développée, l’hippocampe présente également la particularité de mouvoir ses deux yeux de manière indépendante !

Un mâle accoucheur
Comme sa cousine, l’aiguille de mer, l’hippocampe a un mode de reproduction singulier qui a intrigué les scientifiques depuis bien longtemps. En effet, lors de la période de frai, au cours d’une danse nuptiale élaborée, le mâle s’accouple avec la femelle. Mais, dès lors, les choses se passent d’une étrange manière: doté, au bas de l’abdomen, d’une poche incubatrice externe, le mâle s’apprête à recevoir, en une dizaine de secondes, les quelques 200 œufs que la femelle lui injecte grâce à son oviducte. Il les gardera dans sa poche abdominale pendant toute la période d’incubation. Deux à six semaines plus tard, pris de mouvements convulsifs violents, il se fixe à une algue et balance son corps, d’avant en arrière, pendant que la poche s’ouvre pour laisser échapper, un à un, les petits alevins gros comme des larves de moustiques, mais déjà complètement formés. Immédiatement après, ces derniers montent à la surface et remplissent d’air leur vessie natatoire. Le mâle sort épuisé de cet accouchement peu banal, qui peut durer plusieurs jours!
PEGASE     
 On dit que vous avez fait jaillir la source Hippocrène. Mais comment ?
D'un coup de mon sabot, je l'ai fait jaillir sur le Mont Hélicon. Cette source est le symbole de l'inspiration poétique.
- Que symbolisez-vous ?
Symboliquement, j'incarne la sublimation des désirs et la maîtrise de l'imagination.
Information de dernière minute : 
    Pégase considère avoir rempli sa mission sur terre et s'en est retourné au ciel dans un éclair de lumière, comme il en avait été envoyé .
   Pégase a donné son nom à une constellation. Il s'agit d'une constellation boréale (C'est à dire du Nord), voisine d'Andromède (la plus importante des galaxies proches de la notre) et qui jusqu'à aujourd'hui brille dans notre ciel. 
   Le pégase, Pegasus draconis, de l'océan Indien, est un poisson d'une famille voisine des syngnathidés à laquelle appartient l'hippocampe.
Mythologie. Grecque. Ces créatures marines ont un buste de cheval (pattes avant comprises) et le reste du corps en queue de poisson. Elles servent de montures à Poséidon et aux autres divinités marines. Il doit certainement son existence à l'animal du même nom, qui correspond prequ'exactement à cette description. D'un autre côté, Poséïdon étant également considéré comme le seigneur des chevaux (à cause de ça peut-être), les hippocampes doivent peut-être leur existence aussi à un mélange poisson / cheval, un peu comme les sirènes.
son nom provient des chevaux de haute mer de la mythologie qui tiraient le char de Neptune et des autres divinités de la mer.


PSYCHOSE
surtout neuropsychologiques, ont ouvert des discussions sur un déficit possible du transfert interhémisphérique ; sur des anomalies hémisphériques latéralisées (à gauche selon certains, avec dilatation de la corne ventriculaire temporale) ; sur un dysfonctionnement des liaisons temporo-limbiques et préfrontales (avec notamment des anomalies de l'hippocampe), rendant compte de l'atteinte de fonctions cognitives. Ces méthodes incitent à envisager des anomalies pré-, péri-et postnatales du développement cérébral d'origine, d'ordre, par exemple, génétique ou viral (cette dernière hypothèse est liée à une fréquence supérieure des naissances de schizophrènes pendant l'hiver ou au printemps et fait soupçonner








Armillaire couleur de miel - Armillaria mellea

Nom commun: Tête de méduse.



Chapeau: 4 à 10 cm., une forme géante peut atteindre 20 cm. Sa couleur et les ornements de sa cuticule peuvent varier en fonction de l’arbre sur lequel il pousse: jaune-brunâtre et peu squameux sur le chêne, jaune-cannelle et lisse sur le peuplier, brun-roussâtre et écailleux sur les conifères ou encore gris-jaunâtre, etc. Au début il ressemble à un petit clou à tête ronde puis il devient globuleux, conique à campanulé et enfin étalé avec un petit mamelon au centre. Il est généralement orné de petites squames ou écailles qui ont tendance à disparaître avec l‘âge. Sa marge est striée, enroulée, mince et onduleuse.
Lamelles: blanchâtres puis crème-jaunâtre se tachant de brun-roux avec l ‘âge. Adnées, légèrement décurrentes, serrées, inégales, étroites.
Pied: 5 à 15 cm., beige à jaune-brunâtre, sa couleur peut varier comme celle du chapeau. Cylindrique, élancé, souvent courbe, légèrement enflé à la base, plus ou moins creux, fibreux, élastique. Anneaublanchâtre, persistant, épais, strié.
Chair: blanchâtre, tendre et friable dans le chapeau, fibreuse et tenace dans le pied. Odeur insignifiante, saveur un peu amère qui disparaît à la cuisson.
Spores: blanches
Habitat: lignicole, de Juin à Novembre, parfois même au cœur de l’Hiver. En touffes sur les souches ou les troncs de feuillus et de conifères, sur du bois enterré. Très commun.
Observations: c’est un bon comestible qui ne convient guère aux estomacs délicats. Il est conseillé de le faire blanchir et de jeter l’eau de cuisson. Il est impératif de ne consommer que des exemplaires jeunes, des intoxications parfois graves dues à la pourriture bactérienne ont été provoquées par la consommation d’Armillaires trop âgés. La chair tenace du pied nécessite qu’on ne cueille que le tiers haut de ce dernier. C’est un champignon parasite mais qui se comporte souvent en saprophyte, il est dit facultatif.



Didier Rittener, "Méduses", dessins muraux, Centre Culturel Suisse, 2003






Personne n'épouse les méduses
Choreography Angelin Preljocaj
Original Music Maximum SC
Additional Music KLF, Vivaldi, Joan Baez, Ana Rago et Sergio Leonardi, Dimitri Shostakovich
Decor and Costumes Adrien Chalgard with Sylvie Meyniel
Lighting Adrien Chalgard with Patrick Riou et Thibault Leblanc.
 Notation  Dany Levêque
  (Copyright Rudolf Benesh, Londres 1955)


Caty Olive 
Le cabinet des méduses


Le principe de cette installation est la mise en scène d’un phénomène optique : l’apparition de caustiques. Une caustique est le lieu des intersections entre des rayons lumineux réfléchis ou réfractés. Ces effets de convergence créent des impacts de lumière concentrée, d’une qualité très dense, lumineuse et acérée.
Observer l’instabilité de la lumière. À partir de l’image de la page blanche, le projet est d’exposer des taches de lumière mises en mouvement, comme on exposerait des tableaux animés. Ces taches forment une série de rectangles de lumière blanche mobile, alignés sur des surfaces murales ainsi qu’au plafond. Chaque rectangle est constitué d’un aplat aux limites tour à tour finies ou incertaines qui se déforment pour laisser apparaître à la surface du mur l’illusion de volumes fugaces qui s’imposent au regard puis s’évanouissent.
Dans des mouvements ondulatoires, ces formes s’animent selon leur propre rythme, s’échappent et se déforment à vitesse variable, pour quitter leur état stable ou se figer de nouveau.
Le visiteur est placé devant le spectacle d’un phénomène lumineux en fabrication.
 Coproduction : Centre national de la danse - Pantin.
Production deleguée : lelabo - Paris.


Le Roi des Méduses 
Pierre Bettencourt 


Grand ami de Jean Paulhan et d’Henri Michaux, Pierre Bettencourt est lui aussi une figure majeure de la littérature française. Éditeur important, il publia, dès 1941, et à différentes enseignes, des auteurs tels que Henri Michaux, Francis Ponge, Antonin Arthaud, Jean Dubuffet, André Gide... Il s’est également imposé comme un écrivain de premier ordre, grâce à des textes où le grinçant côtoie l’extrême fantaisie et le fantastique. Proche de Dubuffet, Pierre Bettencourt est enfin peintre. Il a réalisé de nombreux tableaux, très souvent en relief, à partir de matériaux composites : coquilles d’oeufs, ailes de papillon, café, pommes de pin...
Dans ces cinq courts récits, les créatures hybrides font de l’activité et des moeurs sexuelles l’état de nature où la plénitude primordiale conduit souvent d’Eros à Thanatos. Chez Pierre Bettencourt, le fantastique est introduit sans effets.
L’écriture se tient calmement à distance.
« Cinq récits ou contes empreints de fantastique ou de merveilleux, l’étrangeté s’accompagnant d’une tranquillité, d’une presque sérénité qui renforce on le sait, ses pouvoirs. Des incipits donnent une idée de ce départ dans des bizarres qui ne sont pas forcément inquiétants : « C’est tout à fait par hasard, en me promenant dans la campagne que je tombai sur le village des femmes araignées... » Ou encore : « Les méduses viennent tous les soirs sur la plage pour y réclamer des jeunes filles à marier ». Ces contes sont suivis de vingt cinq « phrases » qui sont comme une cond< création l’existence, sur essentielle réflexion même une à arrive cocasse ou curieux détail du bizarre, jeu le dessus par passant qui, connivence vif, très intérêt un monde dire voir façons ces dans découvre vite entre lecteur Le impassible. objectif air donne se constatations formules transcription La chimiques ! ou... philosophiques historiques, notations des bien possibles étranges histoires d’autres> 
Où sommes-nous ? Dans la fragilité et l’efficacité de la phrase poétique ? Dans cette exploration première du monde et du destin de l’homme où naissent tous les contes ? »


Méduses soniques

Créé en 1958 par Pierre Schaeffer, le Groupe de Recherche Musicale est un des pionniers de l'expérimentation sonore. En proposant une rencontre entre des musiciens issus de la scène électronique (l'Autrichien Christian Fennesz, alias Mego, Arnaud Rebotini alias Zend Avesta) et de la scène électroacoustique (Michel Redolfi), le GRM fait le pont entre deux musiques finalement pas si éloignées.
Le 2 juillet 1816, à la tête d'une mission chargée de reprendre le Sénégal aux Anglais, la frégate La Méduse, commandée par un vieil officier incompétent et alcoolique, échoue au large de la Mauritanie, sur un haut - fond pourtant bien connu des marins. Cent cinquante hommes qui ne pourront prendre place dans les embarcations du bord construisent un radeau de fortune, que les chaloupes remorqueront quelques milles, avant de l'abandonner en pleine mer, avec son fardeau humain.
Entassés sur le radeau, de l'eau jusqu'à mi - cuisse, les naufragés périssent les uns après les autres. Tempêtes, rixes meurtrières, faim lancinante, rage de survivre et désespoir : après quelques semaines, ils ne seront plus que quinze, qui se décideront à manger l'un des cadavres... On connaît le tableau de Géricault,




Des méduses pour fasciner les spectateurs ? Non, les algorithmes nés des émotions que ressentent les acteurs d'Orgia, pièce mise en scène par Jean Lambert-Wild.






Le Complexe Méduse est une coopérative de producteurs et de diffuseurs artistiques, culturels et communautaires, situé dans la ville de Québec (Canada).

Le Complexe Méduse a ouvert ses portes en 1995. Sa création fait partie des premiers efforts de la ville de Québec dans les années 1990 sous l'impulsion du maire Jean-Paul L'Allier afin de revitaliser le quartier Saint-Roch, l'un des quartiers centraux de la ville. Le complexe de 4000 mètres carrés a été installé dans une série d'anciens bâtiments résidentiels abandonnés sur la Côte d'Abraham, importante artère reliant la basse-ville et la haute-ville de Québec. Deux objectifs principaux ont présidé à la mise en place du complexe: la dynamisation du secteur par les arts (la ville promouvant en outre l'installation d'ateliers d'artistes dans le secteur et de l'École des Arts Visuels de l'Université Laval dans l'Édifice de La Fabrique, une ancienne usine abandonnée), et la création d'une synergie entre différents secteurs artistiques par la proximité des intervenants. 
L'édifice regroupe aujourd'hui dix organismes sans but lucratif qui oeuvrent dans le domaine artistique, et est considéré comme le fer de lance de la "révolution artistique" du quartier





www.espace-sciences.org/ 
Crème antirides et méduses ?
« Hydratation, élasticité et résistance » trois qualités que pourrait retenir une campagne de lancement d’une nouvelle crème antirides. Trois qualités aussi dont les méduses pourraient se vanter. Leur translucide ombrelle composée essentiellement de collagène possèdent ses propriétés.  Et surtout la méduse Rhizostome qui possède le collagène de type V identique à celui de la peau des embryons humains.
Les scientifiques l’ont compris et exploitent depuis 1980 cette richesse.
Il existe déjà sur le marché une crème antirides à base d’extraits d’une gorgone, espèce apparentée aux méduses. La société Javenech, basée à Fougères, valorise le collagène des méduses.
D’autres molécules à usage cosmétique et thérapeutique sont extraites des méduses. La fibrilline, par exemple qui joue un rôle essentiel dans l’élasticité des tissus, est étudié pour la cosmétique mais aussi pour mieux comprendre certaines maladies cardio-vasculaires.

Protégés par Méduse ?

« Méduse sur ton bouclier te protège », estiment les guerriers de l’Antiquité et de la Renaissance. Des méduses de mer en emblème ? Non, il s’agit du monstre dénommé Méduse Gorgone. Décrit par la mythologie grecque avec un visage rond et des cheveux de serpents, il a donné son nom aux animaux marins que nous connaissons.
Les méduses restent fidèles à Méduse Gorgone car ils protègent aussi : des espèces marines de leur milieu. Cachés sous l’ombrelle des méduses et protégés par les tentacules venimeux jeunes poissons, algues unicellulaires ou même crustacés ont trouvé un repère idéal.
Autre système de protection : manger les larves de méduses sans digérer les cellules urticantes, les stocker sur votre dos et les activer en cas de danger. C’est ce qu’ont mis au point les « limaces de mer » pour se défendre de leurs agresseurs. Merci Dame Méduse et mesdames les méduses !
Comment les méduses trompent leurs ennemis ?

Transparentes dans l’eau de mer, les méduses ont réussi leur camouflage ! 

Facile avec un corps translucide composé de 98% d’eau. 
Certaines ont choisit une autre stratégie : attirer leur proie en émettant de la lumière la nuit. Cette capacité de produire de la lumière s’appelle la bioluminscence. Astucieux piège que les pêcheurs utilisent aussi quand ils pêchent de nuit avec une lampe ! 
Chez ces méduses bioluminescentes, la lumière est produite par une protéine, la luciférase ou l’aequorine, qui réagit en présence d’oxygène ou de calcium. Cette capacité a vite intéressé les laboratoires qui l’exploitent pour doser finement calcium et oxygène dans certaines réactions moléculaires.
Quelle distance parcourent les méduses ?

Deux mois pour rejoindre Naples de Nice, tel est le temps nécessaire à une espèce de méduse, Pandeidae ou Neoturris
Même si elles sont entraînées par les courants marins, les méduses se déplacent en pleine eau par de lents mouvements. Elles contractent puis dilatent leurs muscles sous l’action de cellules musculaires striées analogues à celles des animaux vertébrés. Des cellules nerveuses motrices commandent ces mouvements autonomes. 
Selon des rythmes quotidiens, certaines méduses effectuent aussi ses migrations horizontales voire verticales. Ainsi, en Méditerranée, la méduse Solmissus monte chaque jour ses 1000 mètres de profondeur pour se nourrir en surface, avant de rejoindre les profondeurs au cœur de la nuit. Et au Pacifique, dans un lac d’eau salée, les Masagias passent d’une rive à l’autre sur 2 km, en suivant le soleil nécessaire à la vie des algues qui les nourrissent.
  
Les méduses sont-elles immobiles ?

A l’état de larve, les méduses passent une partie de leur vie immobile dans les profondeurs de la mer. 
En effet, les oeufs pondus par la méduse femelle éclosent en pleine mer et libèrent la larve qui tombe sur le fond. Elle se fixe alors sur les roches ou les coquilles de mollusques. La larve se transforme et prend l’aspect d’une petite tige, le polype. Selon les espèces, la tige se divise soit en plusieurs branches soit en segments transformant la tige en un empilement de soucoupes. Ces nouvelles excroissances produisent de jeunes méduses en forme d’ombrelle. Mures, elles se détachent de leur support par des mouvement de contraction et vont nager en pleine mer.
La libération des jeunes méduses s’effectue à la pleine lune. Et curieusement, dans l’Antiquité, les grecs nommaient cette phase de la lune « la tête de Gorgone ». Les trois sœurs Gorgones, dont l’une s’appelle Méduse, sont les filles d’un monstre mythologique marin.


Pourquoi les méduses piquent-elles ?

Comment mettre à la bouche un poisson qui gigote ? Plus facile s’il est immobile. La méduse a compris cela et a mis au point un système ingénieux pour capturer sa proie. Toucher la proie, la tétaniser puis l’amener à la bouche pour l’engloutir : telles sont les missions qu’elle confie à ses tentacules venimeux. 
Capables de s’étirer et de se rétracter vers la bouche, ils possèdent des micro-harpons qui injectent le venin. Des centaines de milliers de cellules spécialisées appelées cnydocites sont placées près la bouche de la méduse. Au moindre contact, un micro-harpon sort de la cellule, se plante dans la proie et injecte le venin. L’effet paralysant est immédiat. La proie immobile est portée à la bouche par les tentacules.
Destinées  aux crustacés et  aux  poissons, les toxines du venin sont rarement toxiques pour l’homme. Seules quelques méduses provoquent inflammation, œdèmes, nécroses de la peau voire allergies. Tous ces effets disparaissent rapidement dans la plupart des cas. Lavage à l’eau de mer pour enlever tous les morceaux de tentacules et éventuellement application d’eau vinaigrée sont les consignes à respecter sur nos plages bretonnes.

Les méduses sont-elles sexuées ?

Il existe des méduses mâles et des méduses femelles.
Dans leur corps gélatineux en forme d’ombrelle se différencient les organes de la reproduction sexuée. Spermatozoïdes et ovules sont libérées dans l’eau où la fécondation a lieu. Les œufs se développent dans des poches, sortes d’incubateurs situés sur les longues lèvres qui pendent sous l’ombrelle de la méduse. Ils donneront naissance aux larves.
Mais, les méduses sont aussi capables de se reproduire sans partenaire sexuel. Certaines d’entre elles divisent, d’autres fabriquent des excroissances qui se détachent et deviennent nouvelles méduses. D’autres, occasionnellement, développent des ovules qui, sans fécondation, se transforment en méduse. C’est la reproduction virginale ou parthénogenèse.
Tous ces modes de reproduction donnent à l’espèce méduse de beaux jours devant elle. Les 1000 espèces de méduses répertoriées aujourd’hui en sont la preuve.

La Méduse : monstre mythologique ou animal marin ?
« Il était une fois un monstre marin dénommé Cétos qui mit au monde les trois Gorgones : Sthéno, Euryalé et Méduse », raconte la mythologie grecque. Seule Méduse est mortelle, son regard transforme en pierre quiconque ose le croiser. D’où le verbe « méduser » qui signifie frapper d’effroi ou de terreur. Méduse est représentée avec un visage circulaire entouré d’une chevelure hérissée de serpents, une langue pendante, des dents énormes comme un masque grimaçant.
 Un corps arrondi, bordé de tentacules qui bougent à la manière des serpents... La ressemblance avec la Méduse mythique est telle que Carl Linné, botaniste du XVIII siècle choisit le nom de « médusa » pour désigner ces animaux marins gélatineux. Il réserve le nom de gorgones à d’autres animaux marins. Fixés, ramifiés, vivement colorés, ces derniers évoquent l’arbre de la vie du mythique jardin des Hespérides.


Lac aux Méduses

Le lac aux Méduses, en paluan Ongeim'l Tketau, en anglais Jellyfish Lake, est un lac d'eau saumâtre situé dans les îles Chelbacheb, aux Palaos, dans l'océan Pacifique. Sa faune est notamment représentée par des méduses qui ont pu proliférer en l'absence de prédateurs. Elles y sont apparues via un tunnel, aujourd'hui obstrué, qui le reliait à l'océan.
En l'absence de prédateurs, contrairement aux croyances, les méduses n'ont pas perdu leurs cellules urticantes mais sont cependant inoffensives car leurs cnidocytes sont relativement petits et les morsures sont donc indétectables sur la peau. De nombreux baigneurs locaux et des touristes n'hésitent alors pas à nager parmi les méduses.
La nuit, les méduses descendent dans une couche d'eau concentrée en sulfure d'hydrogène située entre quinze et vingt mètres de profondeur. La plongée en scaphandre dans le lac est interdite d'une part pour ne pas déranger les méduses et d'autre part pour réduire le risque d'empoisonnement au sulfure d'hydrogène.






PROJETS (avec des animaux échoués et morts bien sûr!)
Expérience 1 :
Calcination complète d’une méduse pour n’en recueillir que la matière sèche.
Expérience 2 :
Evaporation d’une méduse sur une plaque de verre et obtenir une image, empreinte photographique.
Expérience 3 :
Electrocution d’une méduse.
Expérience 4 :
Inclusion en résine plastique d’une méduse.
Expérience 5 :
Congélation.
Expérience 6 :
Lyophilisation
Expérience 7 :
Méduse au Micro-onde