Ovnis

Autant que le canular exploite de drôles analogies. 













Un dossier très complet de Diego Cuoghi issu du site http://www.sprezzatura.it/Arte/Arte_UFO_fr.htm

CRUCIFIXION
Cathédrale Svetitskhoveli, Mtskheta, Georgie


Ceci est un des cas les plus éclatants, parmi ceux publiés sur les sites ufologiques, de mauvaise compréhension de la signification d’une oeuvre d’art, parce que celui qui connaît le symbolisme artistique de l’époque ne peut arriver à soutenir qu’il s’agit d’éléments mystérieux ou incongrus. En effet, dans la plupart des cas de crucifixion de style byzantin, sont toujours représentés les mêmes objets au coté de la Croix, ce sont le Soleil et la Lune, souvent avec une physionomie humaine.



Voici comment est décrite la scène de la crucifixion dans une icône byzantine orthodoxe:
«The angel top left introduces a bright female personification while gesturing to the sun. Another opposite expels a dark personification on the other side of the moon. This juxtaposition of light and dark, positive and negative, is central to the interpretation of the panel as representing man’s redemption through Christ’s death.» (http://www.st-mary-mons.org/english/ancient_icon_of_crucifixion_13th.htm)




Ou encore:
"A ces éléments de base s’ajoutent ensuite, avec des variations, d’autres composants symboliques: le soleil et la lune, «lumière éternelle» («Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne disparaîtra plus, car Yahvé sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis.», Isaïe, 60.20) ; l’église de Sion et celle de Jérusalem («Monte sur une haute montagne, messagère de Sion : élève et force la voix, messagère de Jérusalem; élève la voix, ne crains pas, dis aux villes de Juda : " Voici votre Dieu! " Voici le Seigneur Yahvé qui vient avec puissance, son bras assure son autorité; voici qu'il porte avec lui sa récompense, et son salaire devant lui.», Isaïe, 40.9-10); anges avec monogramme du Christ, à signifier l'incarnation («il vient de Sion le libérateur…», Lettre aux Romains , 11.27) , et avec la patène, à signifier le sacrifice du Sauveur; ou sinon, au lieu des anges, les compositions de l'Annonciation (ou encore de la Vierge avec Emmanuel sur le sein) et de la Crucifixion. " (http://www.iconarussa.it/pubblicazioni/salvatore.php)



Une autre explication:
"2. Mysterium Lunae - Selon l'antique tradition iconographique de la Crucifixion, commune à l'Orient et à l'Occident, le mystère de la mort du Christ est représenté avec deux "témoins" cosmiques de l'évènement salvateur: le soleil et la lune. Ceux-ci n’expriment pas seulement la portée universelle du salut opéré par le Christ sur la croix, mais ce sont, d’une certaine façon, le symbole permanent du rapport entre le Christ (Soleil de justice) et l’Eglise (Sélène). La lune avec ses phénomènes cosmiques symbolise le mystère de l’Eglise. Sa croissance et sa mort est l’ image de l’incarnation et de la « kenosi del Logos ». Elle ne brille pas de sa propre lumière, mais projette celle qu’elle reçoit du soleil. "Ce n’est pas une chose de rien la Lune, que le Christ a choisie comme son symbole et qui représente l'image de l'Eglise (...). Justement l’Eglise ressemble à la lune: elle aussi resplendit sur tout le monde en illuminant les ténèbres du temps présent et s’exclame: ‘la nuit est passée, le jour s’approche désormais’" (St. Ambroise, In Exaem., 4, 8, 32). L’Eglise est la vraie lune. De la lumière incandescente de l'astre fraternel elle obtient la lumière de l'immortalité et de la grâce. En effet l’Eglise ne brille pas de sa propre lumière, mais de la lumière du Christ. Elle prend sa splendeur du soleil de justice, pour pouvoir ensuite dire: Je vis, mais ce n’est plus moi qui vit, mais vit en moi le Christ! Vraiment bienheureuse tu es, o lune, qui a été digne de tant d’honneur" (http://www.webitaly.com/hellenismos/tamburr.htm)
Voici une petite galerie de Crucifixions de style byzantin orthodoxe, toutes avec le Soleil et la Lune représentés avec des visages humains:






Conclusions:
Dans a Crucifixion de Mtskheta, il n’y a pas d’OVNI. Les deux objets sur les cotés de la croix sont le Soleil et la Lune, représentés de manière anthropomorphique comme dans de nombreuses scènes qui représentent la Crucifixion dans l’environnement byzantin-orthodoxe.




CRUCIFIXION
( Monastère d
e Visoki Decani, Kosovo) 



Même cette Crucifixion peinte dans le Monastère de Visoki Decani au Kosovo, est, comme la précédente, parmi les oeuvres les plus citées dans les sites de clipeologie. Les OVNI seraient les deux objets étranges sur les côtés de la croix, que nous voyons agrandis ci-dessous:



(les images sont extraites de Zonamagica, BibelskeBeretninger et Bible Ufo Connection
Dans ce cas, les auteurs de ces sites soutiennent qu’il s’agit de deux vaisseaux spatiaux avec leur équipage, comme nous pouvons le lire dans les pages de Edicolaweb: "Yougoslavie, monastère de Visoki Decani, fresque de la première moitié du XIVème siècle. On note aux deux angles supérieurs deux capsules spatiales pilotées".
Cette Crucifixion suit pourtant un modèle iconographique très diffusé au moyen age. En particulier dans une oeuvre d’art qui rappelle dans sa composition la Crucifixion du Monastère de Decani et la Déposition de la Croix de Benedetto Antelami, qui se trouve au Dôme de Parme.



 Aux extrémités de la composition, dans la même position de la fresque de Decani, sont représentés avec un aspect humain, le Soleil et la Lune, témoins de la Crucifixion comme nous l’avons déjà vu à propos de la peinture précédente. Dans les deux œuvres d'art, les personnages qui représentent le Soleil et la Lune regardent vers la Croix qui se trouve au centre de la composition.
du "Dictionnaire des sujets et des symboles dans l'art" de James Hall:
"Le ciel et la lune des deux cotés de la croix constituent un élément récurrent des crucifixions médiévales. Ceux-ci ont survécu jusqu’au début de la Renaissance, mais sont rares à partir du XVème siècle. Leur origine est antique. Soleil et lune étaient traditionnellement présents dans l’iconographie des divinités solaires de la Perse et de la Grèce, et cette coutume s’est maintenue à l’époque romaine sur les monnaies avec les effigies des empereurs. Il semble que cette convention iconographique ait réussi à pénétrer l'art chrétien primitif à travers la fête de Noël, se superposant à une fête païenne qui célébrait la renaissance du soleil. Longtemps avant les représentations antiques de la Crucifixion, le soleil et la lune comparaissaient dans d’autres thèmes chrétiens: le Baptême, le Bon Berger et la Majesté du Christ. Quand on a commencé à représenter le Christ en croix, il apparaît qu’une insertion appropriée des deux symboles ait été déjà ratifiée par les écritures et par les théologiens. Les évangiles synoptiques racontent que vers midi les ténèbres ont envahi la terre jusqu’à trois heures de l’après-midi. L'éclipse pouvait être simplement un signe de la lutte des ciels pour la mort du Rédempteur; mais de façon plus spécifique, selon Augustin, le soleil et la lune révélaient le rapport de préfiguration qui unit les deux Testaments: l'Antique (la lune) pouvait être compris seulement à la lumière du Nouveau (le soleil). Dans les exemples médiévaux, le soleil et la lune peuvent être représentés selon la typologie antique: le soleil comme figure masculine qui guide un char, la lune comme figure féminine qui conduit un char à bœufs, chacun à l’intérieur d’un disque circulaire. Ou sinon le soleil est représenté simplement par un buste masculin avec un halo lumineux, et la lune par un buste féminin avec le croissant lunaire qui caractérise Diane. Plus tard ils se réduiront à deux simples disques (dans celui de la lune, il peut y avoir inscrit le croissant lunaire) et parfois ils sont entourés par des anges. Le soleil comparait à la droite du Christ, la lune sur la gauche."

 Souvent le Soleil et la Lune étaient représentés en tant que personnages aux traits humains conduidant des chars tirés respectivement par des chevaux et des boeux, comme dans ce bas relief qui fait partie de la reliure du "Libro delle Pericopi di Enrico II" du XI siècle (Munich, Bayerische Staatsbibliothek):



 et dans cette lunule du Dôme de Parme qui représente un épisode de l'histoire de Barlaam et Josafat, sculptée par Benedetto Antelami:



 Dans ce case les figures du Soleil et de la Lune sont doublées de celles du Jour et de la Nuit, qui semblent combattre entre elles.
Dans le cas de la Crucifixion de Visoki Decani, on pourrait émettre une hypothèse plus complexe qui pourrait être confirmée ou démentie seulement à partir d’une étude plus approfondi de la fresque et de son histoire. Etude qui à ce jour, sur la base des seules petites illustrations du web, n’est pas réalisable.
Sur les côtés de la Croix dans le bas-relief de Antelami, nous pouvons voir les deux figures appelées Ecclesia e Sinagoga. La première recueille dans une coupe le sang du Christ tandis que la seconde est obligée par un ange à incliner la tête en signe de soumission.


 "Ils n’ont pas manqué dans l’iconographie, comme dans la littérature chrétienne antique et médiévale, les accents polémiques qui opposaient l’Eglise à la Synagogue. Il suffit de se rappeler la fameuse Déposition de la croix de Benedetto Antelami (1178) dans la cathédrale de Parme. Sous les énormes bras du Christ, l’ Ecclesia accueille dans un grand calice le sang qui coule comme un fleuve du côté blessé du Christ, tandis que, de l’autre côté, la Sinagoga est atteinte par un ange et perd la couronne de sa tête." 
"Dans la mosaïque (XVème siècle) à l’intérieur de l’église de Sainte Sabine à Rome, au dessous du portail principal, deux figures féminines représentent respectivement l’Ecclesia ex gentibus et l’Ecclesia ex circumcisione, ou autrement dit, les deux courants du christianisme primitif. Au Moyen-age, au contraire, la figure de l’Ecclesia apparaît en opposition à celle qui symbolise la Sinagoga, c’est-à-dire la religion hébraïque (dôme de Bamberg)." (http://www.esonet.org/dizionario/e00.htm)
L'Ecclesia et la Sinagoga sont sculptées sur la façade du dôme de Strasbourg et sur celui de Bamberg.


 Dans cet autre bas-relief (cœur de la Cathédrale de Erfurt dans le Land de Thuringe), nous voyons représentée l'Ecclesia qui, avec une lance, atteint la Sinagoga. Mais la même scene aparait aussi dans de nombreuses figures alquemiques de combat entre le Soleil et la Lune ( le soufre et le mercure)



 Dans ces vitraux nous voyons l 'Ecclesia qui triomphe de la Sinagoga, les premiers se trouvent dans le dôme de Werben, les seconds dans le dôme de Munster. La même scène apparaît dans beaucoup de représentations  alchimiques du combat entre le Soleil et la Lune (le soufre et le mercure).




 L'Ecclesia tient dans une main la coupe avec le même geste que le personnage à l'intérieur du Soleil dans la fresque de Decani. La Sinagoga, aux yeux bandés et la bannière brisée, incline la tête et perd la couronne.

On pourrait donc émettre l’hypothèse que dans la fresque de Decani, était représentée l'Ecclesia (Le Soleil) qui triomphe de la Sinagoga (la Lune). Le personnage à l'intérieur du Soleil semble tendre quelque chose avec la main; ce pourrait être, aussi dans ce cas, la coupe avec le sang du Christ. Ce serait intéressant de vérifier si dans la fresque de Decani le personnage à l'intérieur de la Lune a aussi les yeux bandés. Les petites images qui se trouvent sur le web ne permettent pas de bien voir le visage, qui pourtant présente une part évidente plus sombre à la hauteur des yeux. C’est en effet avec un bandeau sur les yeux qu’on représentait souvent la Sinagoga, afin de symboliser le refus des Hébreux de voir Jésus comme le Messie promis.
PAOLO UCCELLO, LA TEBAIDE
Conclusions:
Dans la Crucifixion de Visoki Decani, il n’y a pas d’OVNI. Les deux objets sur les côtés de la croix sont le Soleil et la Lune, représentés de façon anthropomorphique comme dans de nombreuses scènes qui représentent la Crucifixion dans le milieu byzantin-orthodoxe.




PAOLO UCCELLO, LA TEBAIDE
(Galerie De l'Académie, Florence) 





 L'image ci-dessus, publiée dans plusieurs sites web, reproduit mal un détail de la toile intitulée "Scene di vita eremitica", dite aussi "La Tebaide", de Paolo Uccello: 



 La toile représente différentes scènes de vie monacale: en bas à gauche la Vierge apparaît à Saint Bernard; au dessus un groupe de moines se flagellent devant le Crucifix; au centre, dans une large grotte, est représenté Saint Jérôme en prière devant la croix, tandis qu’en haut Saint François agenouillé reçoit les stigmates. Dans la zone en bas à droite, est peut-être représentée la prédication de Saint Romuald.
Selon certaines hypothèses sur les OVNI cet objet rouge dans la grotte au centre, à droite de la croix, serait un disque volant: "Dans le cadre, détaché de la colline grâce à un effet de perspective, est présent un objet discoïdal, suspendu dans l’air, surmonté d’une coupole centrale. De couleur rouge, l'objet ressort par rapport au fond sombre. Le mouvement dynamique de l'objet volant est accompagné par l'artiste de petits traits, eux aussi de couleur rouge vif, qui rendent l'effet d’un virage brusque." (texte extrait de Edicolaweb)
L'agrandissement à droite montre un fond sombre et quasi uniforme. Par contre, si on observe une meilleure reproduction, on voit que le personnage agenouillé se trouve à l’intérieur d’une grotte et que l’ "objet étrange" est posé par terre sous la croix, et est beaucoup plus petit que l'animal.


 N’importe qui connaissant un minimum l’histoire de l’art reconnaîtra dans cet objet une calotte de cardinal (on voit très bien les cordons avec les nœuds), en effet le personnage agenouillé est Saint Jérôme qui, on raconte, est devenu ermite après avoir renoncé à la charge ecclésiastique:
"Dans l’un des modules iconographiques les plus répandus, Jérôme dans le désert se percute la poitrine avec une pierre, agenouillé devant un crucifix ou immergé dans la lecture des Saintes Ecritures pour découvrir graduellement la séquence de la révélation divine et de son achèvement en Christ. L’abandon de la robe pourpre est le symbole de l'abandon de la vie religieuse, pleine d’honneurs et de satisfactions intellectuelles, mais pleine aussi de vanité, de conviction semblable à celle des pharisiens, de supériorité culturelle et morale.» (http://www.cini.it/palazzocini/testi/ferrar/gero.html
"Son iconographie devient très commune surtout entre le XV et le XVII siècle. Il est représenté vieux, avec la barbe et le cheveux blancs, avec à côté la calotte de cardinal; il est accompagné du lion auquel, selon les histoires populaires, le saint a extrait une épine de la patte. En plus des moments spécifiques de sa vie (saint Jérôme dans le désert, fustigé par les anges lorsqu’il est tenté ou a des visions, ses aventures avec le lion, l’ultime communion, ses miracles) sa figure est associée surtout à trois typologies. En tant que pénitent vêtu de peau de bête ou de haillons, est agenouillé devant un crucifix et il se frappe la poitrine avec une pierre; à côté de lui il peut y avoir la clepsydre et la tête de mort, symboles du temps qui passe et conduit à la mort. En tant qu’érudit, il siège dans son étude, en train de lire ou écrire, entouré des instruments du savoir. En tant que docteur de l’Eglise, il est en revanche représenté debout, avec l’habit rouge de cardinal, titre qui à l’époque en réalité n’existait pas mais qui lui est attribué en souvenir de son travail prêt du pape." (http://www.thanatos.it/cultura/personaggi/san_girolamo.htm)
Le lion à côté du saint rappelle la légende selon laquelle Jérôme aurait sauvé et domestiqué le fauve en lui enlevant une épine d’une de ses pattes. Mais le lion est aussi le symbole de l'évangéliste Saint Marc et de la République de Venise, en effet on racontait que Saint Jérôme serait né en Dalmatie. En dépit de cela, différents sites web sur les OVNI rapportent un article de Umberto Telarico publié par "Notiziario UFO" (n. 8, 1996) dans lequel l'animal est décrit comme un "petit chien ".
Et voila une petite galerie d’autres peintures qui représentent Saint Jérôme. Dans les trois premières, on le voit en habit de cardinal, avec la calotte rouge sur la tête. Dans la quatrième, Saint Jérôme est représenté dans les deux vêtements: cardinal à gauche et ermite, avec la calotte par terre, à droite:


 Dans les suivantes Saint Jérôme est par contre représenté comme ermite, en prière devant la croix, avec la calotte rouge par terre:



 Dans le numéro 94 de septembre 1992 de FMR, la revue d'art de Franco Maria Ricci, ont été publiés deux articles sur l'iconographie de Saint Jérôme , signés par Erika Langmuir et Erminio Caprotti. Il y a dedans beaucoup d’illustrations qui représentent le saint avec la calotte rouge typique.
De l'article de Caprotti, je cite: "Le premier à diffuser une vie de Saint Jérôme fût Giovanni di Andrea di Bologna (vers 1348), pour qui la vérité historique était envahie de connotations légendaires. Le même auteur donnera même des instructions aux artistes pour l'iconographie du saint, qui devinrent canoniques: Cum capello, quo nun cardinales utuntur, deposito, et leone mansueto (Avec le chapeau, du type que portent maintenant les cardinaux, déposé à terre, et avec le lion apprivoisé. n.d.r.) . Le chapeau en question est présent dans une multitude de représentations du saint mais en réalité il ne lui appartenait pas puisque Jérôme ne fût jamais cardinal, précisément comme il ne rencontra jamais le lion blessé. Mais cela n’a pas d’importance. En se dépossédant de ces caractéristiques arbitraires, l'art les fixera comme certitudes à transmettre à la descendance, heureusement pour nous avec de merveilleux chefs d’œuvre."
Conclusions:
Dans la peinture de Paolo Uccello appelée "La Tebaide" il n’y a pas d’OVNI. Cet objet rouge voisin de l'homme en prière est la calotte de cardinal de Saint Jérôme.



CARLO CRIVELLI, Annonciation
(National Gallery, London) 


Les auteurs de certains sites sur les OVNI s’étonnent devant cette Annonciation de Carlo Crivelli. Ils trouvent étrange que dans une Annonciation il y ait un rayon qui descende du ciel et va toucher la Vierge et ils soutiennent que ce rayon part d’un objet volant non identifié de forme discoïdale qui se trouve dans les nuages. Toutes les reproductions du détail du cercle de nuages dans le ciel sont horribles, floues, indéchiffrables. Personne ne semble avoir cherché une reproduction meilleure, ils s’échangent simplement toujours celle-ci:



Je rapporte le commentaire, dans ce cas assez modéré, de Edicolaweb: «Peinture de Carlo Crivelli, connue en tant que "Annonciation", exposeé dans la Galerie Nationale de Londres. Dans le ciel de l’œuvre stationne un grand disque brillant, duquel descend un rayon de lumière qui arrive jusqu’à une couronne posée sur la tête de Marie".
Mais dans un autre commentaire, extrait d’un autre site web intitulé "Gli UFO del Crivelli", on affirme sans retenue que l'objet dans le ciel ressemblerait à un OVNI aperçu dans la région de Venise en 1999: "Ce qui a attiré notre curiosité est la particularité du corps nuageux: il apparaît comme quasi solide, avec une structure circulaire et vraiment différente des nuages autour. Il pourrait s’agir seulement du cercle solaire (émanation directe de l’énergie divine) ou plutôt d’un objet vu réellement par Crivelli et qu’il a ainsi représenté. Comme preuve de cette seconde hypothèse c’est vraiment l’aspect solide de l’objet, qui n’est pas une entité abstraite; de plus on peut reconnaître la ressemblance du ‘nuage’ avec un OVNI récemment aperçu en janvier 1999 dans le Vénète. Au lecteur de juger."
Est-il possible que celui qui publie ces choses ne soit jamais entré dans un musée, même par erreur, et encore moins en voyage scolaire? Ca doit vraiment être ça, sinon il se serait rendu compte de la quantité d’Annonciations dans lesquelles un rayon descend du ciel pour frapper la Vierge. Et si ensuite il avait aussi regardé avec attention la peinture de Crivelli, il se serait aperçu que l'objet dans le ciel est formé d’un cercle de nuages à l’intérieur duquel on peut trouver de cercles de petits anges.

Il s’agit d’une représentation très commune de la divinité, visible dans une multitude d’œuvres d’art sacré, par exemple cette Annonciation de Luca Signorelli:





 Ici nous voyons la coupole du Dôme de Parme avec les fresques de Correggio, et une Vierge à l’Enfant de Lorenzo Lotto:



 Même Gustave Doré, à la moitié du XVIIIème, reprend le thème du tourbillon d’anges entre les nuages, dans cette illustration pour le chant XXXI du Paradis de Dante:



 Voici quelques Annonciations avec le cercle de nuages, les anges et les rayons:




 Ici, une série d’Annonciations byzantines avec des rayons qui sortent du ciel, en partant d’une forme abstraite que représente la divinité:



 Conclusions: 
Dans la peinture de Carlo Crivelli intitulée "L'Annonciation" il n’y a pas d’OVNI. Le rayon qui atteint la Vierge qui écoute les paroles de l'Ange part de deux cercles de petits anges à l'intérieur d’un cercle de nuages. Ce type de représentation de la Grâce de Dieu comparait dans une multitude d’autres oeuvres d'art médiéval et de la Renaissance, mais surtout dans la majorité des Annonciations et des Baptêmes du Christ.




"BAPTEME DU CHRIST" de Aert DeGelder
(Fitzwilliam Museum, Cambridge


Même dans le cas du "Baptême du Christ" il est vraiment difficile de comprendre ce qui a pu pousser ceux qui ont réalisé certains sites ufologiques à soutenir que dans cettea peinture serait représenté un objet volant non identifié, surtout sans fournir aucun agrandissement décent de l’image. 
Voila au contraire un agrandissement de la peinture :



"De ce qui apparaît comme un disque, ressortent bien quatre rayons lumineux qui éclaircissent le terrain autour du Baptiste et du Christ", c’est ce que je lis dans la page de Edicolaweb. Donc le côté étrange ne serait pas seulement lié au disque mais aussi au fait qu’il en parte des rayons.
Le cadre représente le "Baptême du Christ"; c’est pourquoi nous pouvons le comparer avec beaucoup d’autres qui traitent du même sujet. Nous voyons tout de suite que l’un des éléments principaux de la composition est l'intervention de Dieu dans la scène du Baptême:
«Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix vint des cieux : " Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur. "» (Marc 1,10)
"Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l'eau. Et voici, les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection." (Mathieu 3,16-17)
« Or il advint, une fois que tout le peuple eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s'ouvrit,
et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : "Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré." » (Luc 3,21)
« Et Jean rendit témoignage en disant : " J'ai vu l'Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. » (Jean 1,32)

L’Esprit Saint apparaît sous la forme d’une colombe, souvent à l'intérieur d’un cercle lumineux duquel partent les rayons qui symbolisent la Grâce divine. Ici nous voyons la représentation classique de la troisième personne de la Trinité. Dans le cas présent , il s’agit de "La Dispute du Sacrement"de Raffaello et du "Baptême du Christ" du Perugino:



 Il n’est pas difficile de s’imaginer pourquoi dans tant de cultures, dans tant de religions, on représente la divinité à l’intérieur d’un disque lumineux. Les premières divinités étaient le Soleil et la Lune, qui apparaissent en tant que disques lumineux qui dominent respectivement le jour et la nuit. Un exemple peut être le dieu Aton, , imposé par Aménophis IV (le pharaon "hérétique" qui prit le nom de Akhnaton), qui était représenté sous la forme de disque solaire duquel sortaient des rayons.

Même dans la peinture de De Gelder, au centre du cercle de lumière, on trouve une petite colombe, ou plutôt l’Esprit Saint :


 Dans le catalogue du Fitzwilliam Museum, tenu par H. Gerson et J.W. Goodison on peut en effet lire: "In the foreground of a hilly landscape, Christ is baptised by St. John, amid a circle of onlookers. The two figures are brilliantly lit by rays from the Dove high above, against general darkness...". (Sur le fond d’un paysage de collines, Jésus est baptisé par Saint Jean, au milieu d’un cercle de spectateurs. Les deux figures sont illuminées par les rayons provenant de la Colombe en haut au-dessus d’eux, dans une obscurité générale ...)

Nous avons déjà vu beaucoup d’exemples dans la partie dédiée à l'Annonciation de Crivelli, nous allons voir maintenant une série de Baptêmes du Christ dans lesquelles apparaissent l’Esprit Saint ou Dieu le Père à l'intérieur d’un cercle (de nuages ou de lumière) dans le ciel:



J’ai laissé pour la fin le Baptême du Christ de Piero Della Francesca parce que même ce cadre a été indiqué comme étant de nature ufologique. Les "objets volants non identifiés" seraient les nuages blancs visibles dans le ciel. Il est difficile de penser qu’il serait nécessaire de débattre d’une affirmation tellement manifeste et privée de tout fondement. Je préfère m’arrêter là avec un "no comment".
Conclusions:
dans la peinture de Aert De Gelder intitulée "Baptême du Christ" il n’y a pas d’OVNI. Le disque lumineux dans le ciel est similaire à beaucoup d’autres, qui apparaissent dans une multitude de "Baptêmes du Christ", à l’intérieur duquel est représentée la colombe symbole de la troisième personne de la Trinité. Dans le catalogue du Fitzwilliam Museum, la peinture est en effet décrite comme suit : " Sur le fond d’un paysage de collines, Jésus est baptisé par Saint Jean, au milieu d’un cercle de spectateurs. Les deux figures sont illuminées par les rayons provenant de la Colombe en haut au-dessus d’eux, dans une obscurité générale ...".






 "MADONNA CON BAMBINO E SAN GIOVANNINO" 
Attribuée à Sebastiano Mainardi ou à Jacopo del Sellaio
(Florence, Sale d’Hercule, Musée du Palazzo Vecchio)






La "Madonna con Bambino e San Giovannino", exposée dans la sale d’Hercule au Palazzo Vecchio de Florence, a été attribuée à différentes personnes. La petite pancarte du musée l’attribue à Jacopo del Sellaio, mais dans la fiche du catalogue (numéro 00292620) on peut lire que la peinture peut être plutôt attribuée à Sebastiano Mainardi (1466-1513), ), peintre du cercle appelé Ghirlandaio actif à Florence à la fin du XIVème. Il y est ajouté qu’on peut y voir des ressemblances évidentes avec des oeuvres de Lorenzo di Credi, surtout dans la figure de la Vierge.
C’est vraiment cette peinture qui a fait le plus parler les ufologues qui voient dans la scène en haut à droite, derrière les épaules de la Vierge, le témoignage d’une "rencontre" avec un objet volant non identifié. Dans la scène en question, nous voyons un personnage qui, avec une main sur le front, regarde vers une apparition dans le ciel. Avec lui, on voit un chien qui lui aussi regarde vers l’étrange objet.
Dans un article de Daniele Bedini, publié dans Notiziario UFO - n. 7 (Juillet - Aout 1996) on lit: "on relève clairement la présence d’un objet aérien, de couleur gris-plomb, incliné sur la gauche et doté d’une "coupole" ou "tourelle", apparemment identifiable comme étant un moyen de transport volant de forme ovoïdale en mouvement."



 Mais ce n’est pas la seule particularité de la peinture, en haut à gauche, nous voyons en effet l’Etoile de la Nativité accompagnée par trois autres petites étoiles ou flammèches. Un détail très semblable est présent dans la Madonna du Livre (1480) de Sandro Botticelli.



 Ces détails, "trois étoiles" et "nuage lumineux" nous font comprendre que cette peinture se réfère à une iconographie antique, un mode austère et rigoureux d’interpréter non seulement les sujets sacrés mais toute la vie citadine qui a été prêchée par Frère Girolamo Savonarola, précisément à Florence dans la période de la fin du XVème siècle. Après le départ des Médicis de Florence, a été instauré la République, que Savonarola orienta de façon théocratique, en exerçant une surveillance de fer (aujourd’hui on pourrait faire un parallèle en se référant aux fondamentalistes islamistes de la République iranienne de Khomeyni) et en arrivant même aux publics "bûchers de la vanité" du 1496-97, lorsqu’étaient rassemblés et brûlés en place des jeux de cartes, dés, coiffes, ornements, livres considérés obscènes, jusqu’aux peintures et aux objets précieux. La prédication de Savonarola influença énormément les oeuvres d'art de cette période. Et différents artistes, comme par exemple Sandro Botticelli, sont arrivés à renier leurs œuvres païennes précédentes pour peindre des sujets mystiques dans un style plus "pur", mais aussi plus rigide, archaïque et légendaire.
Le symbolisme religieux présent dans cette Vierge se référait par conséquence à une iconographie plus antique, qui dans la Florence de l'humanisme et du néoplatonisme s’était perdue. Les trois étoiles par exemple sont visibles dans des peintures du siècle précédent, mais surtout dans les icônes byzantines icônes byzantines de la Vierge. Elles se trouvent représentées souvent dans le voile voile (sur les épaules ou sur le front); ou sinon substituées par tres rayons,mais dans tous les cas, elles sont un symbole de la triple virginité de Marie, avant, durant et après l’accouchement.
Retournons au détail précédent, celui interprété comme étant d’ordre ufologique. Dans beaucoup d’autres "Nativités" du XIV et du XV nous trouvons une scène similaire. Il s’agit de l'annonce aux bergers, narré dans l’évangile de Luc.
"Et il y avait dans la même contrée des bergers demeurant aux champs, et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit. Et voici, un ange du Seigneur se trouva avec eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux ; et ils furent saisis d’une fort grande peur. Et l’ange leur dit : N’ayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur...." (Luc 2,8-11).

Nous pouvons voir cette scène, représentée de façon très similaire à celle de la Madonna con Bambino du Palazzo Vecchio, dans beaucoup d’autres peintures qui ont comme sujet la Nativité ou l'Adoration de l’Enfant:



 Ce sont seulement quelques exemples extraits de dizaines de peintures qui traitent de la Nativité. Dans toutes nous reconnaissons clairement l'Ange et nous voyons que presque toujours un des bergers se met la main sur le front, comme pour se protéger les yeux de la lumière de la "Gloire de Dieu" à laquelle se réfère l’évangile ci-dessus. Souvent apparaît aussi le chien qui regarde vers l’apparition. Dans beaucoup de cas l'Ange sort d’un nuage entouré de lumière ou de rayons dorés.




 Dans une autre peinture de la fin du XV siècle, "Madonna col Bambino e San Giovannino" de Gherardo Di Giovanni (Florence, Gallerie de l'Académie), nous voyons dans le fond, à gauche de la Vierge, ce qui à première vue semble être une tâche noire. En observant mieux celle-ci se révèle être un ange qui sort d'un petit nuage et descend vers la scène de la nativité; mais dans ce cas on ne voit pas de bergers dans le fond.



 Egalement dans un autre médaillon, attribué à l'école de Sebastiano Mainardi et conservé à Sommariva Perno,nous voyons la même scène avec le berger qui, avec la main sur le front, regarde vers l'apparition de l'ange vétu de rouge. Sur son côté un chien qui, avec la gueule ouverte, regarde l'ange. Au centre, au dessus de la tête de la Vierge, apparaît la nimbe lumineuse.



 Egalement dans ce détail extrait d'une Nativité de Domenico Ghirlandaio nous voyons aussi bien l'ange que la nimbe lumineuse (et il curieux de noter comme, même en se référant à cette peinture, qu'il y en ait qui y voit un OVNI dans le ciel (http://www.teegeeack.com/alien-ufo-secret-ufo-video-photo.html ):



 Dans l'image suivante, extraite d'un livre de Prière des Sforza daté vers 1500, nous retrouvons la nimbe lumineuse (dans lequel on peut voir beaucoup d'anges) qui surplombe la scène de la Nativité :



 La peinture la plus intéressante est cependant la Nativité de Lorenzo Monaco (1409) conservée au Metropolitan Museum di New York. Au dessus de la Vierge apparaît un nuage entourée de rayons dorés très similaires à celle du médaillon du Palazzo Vecchio, tandis que l'Ange, surgissant d'une autre nimbe lumineuse, fait l'annonce aux pasteurs:



 Nous pouvons donc identifier également dans la Madonna con Bambino e San Giovannino la scène de l'annonciation aux bergers. Mais dans ce cas, nous notons tout de suite que des nuages qui représentent la Gloire de Dieu sortent seulement les rayons et on ne peut pas voir l'Ange décrit dans l’évangile de Luc.
Pourtant, dans l'art sacré de la Renaissance, n’étaient pas seulement représentées scènes et situations extraites des quatre évangiles canoniques. Très souvent, on recourait aussi aux évangiles apocryphes, textes plus récents qui contiennent personnages et événements de goût plus populaire et narratif. Les nombreuses scènes qui représentent les"Noces de la Vierge", la "Présentation de Marie au Temples" (peintures de Giotto), la rencontre entre Jésus et Saint Jean-Baptiste durant la fuite en Egypte (peinture de Léonard de Vinci dans la Vergine delle Rocce)... sont tous des sujets qui dérivent d’histoires étrangères aux évangiles de Marc, Mathieu, Luc et Jean. Les peintres et leurs clients, qui choisissaient les sujets, très souvent, mélangeaient scènes et situations extraites de textes différents. Par exemple l'annonce aux bergers et la description de la crèche avec le bœuf et l’âne, se trouvent dans l’évangile de Luc et non dans celui de Mathieu, qui en revanche contient l’histoire des Rois Mages et de l’Etoile. 
Un des évangiles apocryphes les plus diffusés et utilisés comme source de sujets par les artistes de cette époque est le Proto évangile de Jacques. Précisément dans ce texte nous trouvons une description de la nativité dans laquelle n’apparaissent pas les anges mais seulement une "nimbe lumineuse", comme dans de nombreux autres extraits bibliques:
[19, 2] et ils s'arrêtèrent à l'endroit de la grotte. Une obscure nuée enveloppait celle-ci. Et la sage-femme dit : " Mon âme a été exaltée aujourd'hui car mes yeux ont contemplé des merveilles : le salut est né pour Israël. " Aussitôt la nuée se retira de la grotte et une grande lumière resplendit à l'intérieur, que nos yeux ne pouvaient supporter. (Proto évangile de Jacques 19,2).

A la différence de l’évangile de Luc dans lequel nous lisons que "la Gloire du Seigneur les enveloppa de lumière", dans cet extrait le narrateur ajoute que "les yeux ne pouvaient supporter" cette grande lumière. Et dans beaucoup de peintures, nous voyons que le berger se protège les yeux avec la main.
Dans le même Proto évangile nous trouvons la description de l’Etoile, mais surtout, à la différence des évangiles canoniques, il dit que même le petit Jean-Baptiste dû fuire Hérode:

[22, 1] Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit en colère et envoya des tueurs avec mission de faire périr tous les enfants jusqu'à l'âge de deux ans.
[22,2] Quand Marie apprit ce massacre, saisie d'effroi, elle prit l'enfant, l'emmaillota et le cacha dans une mangeoire à bétail.
[22,3] Élisabeth, qui avait appris que l'on cherchait Jean, l'emporta et gagna la montagne, et elle regardait à la ronde où le dissimuler mais elle n'apercevait point de cachette. Alors elle se mit à gémir, disant : " Montagne de Dieu, accueille une mère et son enfant ! " Car la frayeur l'empêchait de monter. Aussitôt la montagne se fendit et la reçut en son sein, tout en laissant filtrer une clarté pour elle. Car un ange du Seigneur était avec eux et il les protégeait.

Et voici que dans cet extrait du proto évangile de Jacques la "lumière" est identifiée avec un ange gardien, sans que celui-ci apparaisse comme un personnage vrai et réel.
La représentation de la seule nimbe sans l'Ange est rare mais nous pouvons en voir un exemple dans une peinture du Maître Franke. qui représente "L'Adoration de l’Enfant". Le même auteur dans une autre oeuvre représente en revanche Dieu à l'intérieur de la nimbe, tandis que l'ange fait l'annonce aux bergers:


 Marco Bussagli a écrit différents livres sur l'iconographie des Anges. En particulier dans Storia degli Angeli (Rusconi, 1991) il cite le pseudo-Dionigi qui affirme «l’écriture sainte les représente aussi sous forme de nimbes, indiquant ainsi que les intelligences sacrées sont faites de façon à envelopper d’une lumière cachée et qu’accueillent simplement la première lueur à sa première émanation...». Le même Bussagli dans le catalogue de l’exposition Le Ali di Dio écrit «Dans l’ensemble du Moyen âge il se révéla comme une période centrale pour le développement de l’iconographie angélique, ses solutions furent par la suite réinterprétées avec un sens délibérément naturaliste par les cultures successives de la Renaissance et du Baroque. C’est le cas des "Anges nuage" qui vinrent par la suite proposés comme figures ailées soutenues par de moelleux oreillers de vapeur.» (http://www.enec.it/AliDio/09e_Iconografia.pdf)




Sano di Pietro, détail de l' Annonce aux Bergers (moitié XV siècle)
Nous pouvons ainsi aussi connecter le cercle avec la Madonna con Bambino e San Giovannino à la tradition iconographique de l'époque, celle de la fin du XIVème à Florence. Le détail archaïque des trois étoiles, symbole de la triple virginité de Marie, et la représentation non anthropomorphique mais symbolique de l'Ange en tant que "nimbe lumineuse" peuvent faire penser à une adhésion de l'auteur aux thèses de Gerolamo Savonarola, le frère dominicain qui prêchait un retour à la tradition et à une plus grande pureté dans l'art et dans la vie citadine. Dans la partie de la brochure du Musée du Palazzo Vecchio dédiée à la peinture, on dit qu’il y a des ressemblances étonnantes avec des oeuvres de Lorenzo di Credi. Précisément cet artiste était un des plus dévots disciples de Savonarola, au point qu’il arriva à brûler tous ses dessins de nu et à devenir frère lui-même.
Conclusions:
Dans la peinture intitulée Madonna con Bambino e San Giovannino, attribuée à Sebastiano Mainardi, artiste du cercle de Ghirlandaio, il n’y a pas d’OVNI. Les trois petites étoiles, qui dans cette peinture accompagnent celle qui est plus grande de la Nativité, étaient souvent utilisées en tant que symbole de la triple virginité de Marie; le berger qui regarde l'apparition dans le ciel en se protégeant les yeux avec la main est ressemblant à beaucoup d’autres extraits de peintures traitant du même sujet; la nimbe lumineuse derive de l’histoire de la Nativité dans le Proto évangile de Jacques. Le même Proto évangile qui contient les histoires de l'enfance de Marie, est un des textes les plus cités dans la définition du dogme de la virginité de Marie.